« Paris au temps du bal nègre », un film de Martine Delumeau

Dimanche 26 mai à 23h20 sur France 5. Disponible en replay=>

— Par Hélène Lemoine —

« Paris au temps du bal nègre » est un documentaire inédit réalisé par Martine Delumeau, qui plonge dans l’histoire du Bal de la rue Blomet, également connu sous le nom de Bal Nègre. Ce film utilise un mélange d’archives et de reconstitutions pour transporter les spectateurs dans les Années folles de Paris, précisément en 1924, au 33, rue Blomet dans le 15e arrondissement, près de Montparnasse.

Une époque effervescente

À cette époque, le 33, rue Blomet, une maison du XVIIIe siècle reconvertie en cabaret sous le nom de Bal Blomet, devient le lieu de rendez-vous incontournable de la génération avide de distractions après la Grande Guerre. Nommé Bal Nègre par le poète Robert Desnos, ce lieu voit se côtoyer des célébrités comme Joséphine Baker, Foujita, Ernest Hemingway, Man Ray, et Mistinguett, ainsi que des anonymes, des ouvriers et des intellectuels.

Un creuset d’identité noire

Le Bal Blomet se transforme en un creuset où une nouvelle identité noire émerge. Les créoles de Paris, allant des petits-bourgeois assimilés aux travailleurs manuels, en passant par les intellectuels et les révolutionnaires, se retrouvent pour danser la biguine. Ces moments festifs permettent de mettre de côté la réalité de leur condition, créant une parenthèse enchantée où la musique abolit les barrières sociales et raciales.

Les protagonistes du documentaire

Le documentaire suit la vie de trois personnages durant les Années folles : Jeanne, une jeune bonne, Arsène, un musicien, et Gaston, un étudiant, tous trois d’origine antillaise. Ces personnages, porteurs d’espoirs et de projets, confrontent le jour la dure réalité d’une société divisée et colonialiste, pour se retrouver la nuit au Bal Blomet. Là, les morsures de l’exil s’estompent, laissant place à la danse et à la biguine, qui les relient à leur île d’origine.

Un lieu de mixité sociale

Le Bal Blomet est un espace où Noirs, Blancs, métis, femmes du monde et femmes de petite vertu se mêlent sur des rythmes envoûtants. À travers ce lieu festif, le documentaire explore le Paris noir et met en lumière une immigration peu connue : celle des Antillais à Paris dans les années 1920-1930. Ces immigrés ont mené des combats économiques, culturels et sociaux avant que la Seconde Guerre mondiale ne vienne briser leurs espoirs.

La biguine : une musique de libération

La biguine, reconstituée dans le documentaire par l’orchestre de Thierry Fanfant, bassiste, trouve ses racines aux Antilles et notamment à Saint-Pierre en Martinique, à la fin du XIXe siècle, quelques décennies après l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Cette musique devient le symbole de la libération et de la résistance culturelle, jouant un rôle central dans la vie du Bal Blomet.

« Paris au temps du bal nègre » offre ainsi une plongée immersive dans une époque vibrante, où la musique et la danse servaient de ponts entre les cultures et les classes sociales, révélant les dynamiques complexes de l’immigration antillaise à Paris et les rêves d’une communauté en quête de reconnaissance et de liberté.