Otages français au Niger, plus de mille jours déjà

Thierry Dol, Marc Féret, Daniel Larribe et Pierre Legrand, capturés à Arlit le 16 septembre 2010, sont toujours détenus au Sahel.
— Par Maud Larribe et Aurélien Pigeat fille et neveu de Daniel Larribe, enlevé le 16 septembre 2010 —

prison_otagesMille jours d’attente pour les familles, les proches, les amis.

Mille jours à se rappeler, à rappeler le souvenir de Daniel, Marc, Pierre et Thierry.

A lutter contre le temps – deux ans et demi déjà, presque trois – disparu, envolé, en fin de compte tout simplement volé.

A lutter contre l’oubli.

Ce qu’on appelle oubli, ce sont les journées qui filent, les unes après les autres, dans notre quotidien, quand elles passent pour eux, solitaires et infinies, dans le désert.

Ce qu’on appelle oubli, c’est la perte du décompte des jours, des semaines, des mois et maintenant des années, quand on sait que pour eux chaque jour et chaque nuit compte, et pèse, sur leur santé, sur leur moral, dans leur corps et dans leur cœur.

Ce qu’on appelle oubli, c’est le temps toujours présent de l’actualité qui défile, celui des événements qui succèdent aux événements, quand on reste, nous, viscéralement enchaînés en arrière, dans ce qui ne passe pas, ne peut pas passer, ne pourra pas passer tant qu’ils ne seront pas de retour, auprès de nous.

Ce qu’on appelle oubli, c’est un silence de huit mois à présent, fait de crainte et d’angoisse. Huit mois sans nouvelles, huit mois sans savoir.

Ce qu’on appelle oubli, ce sont les autres silences, assourdissants parfois, ceux de la gêne et du malaise, de l’impuissance et de l’indifférence, de la confidentialité et du secret.

Ce qu’on appelle oubli, c’est aussi le bruit, celui du fracas des armes et du vacarme de la guerre, qui aujourd’hui nous terrifie plus que jamais.

Ce qu’on appelle oubli, c’est l’aiguillon du manque, de l’absence, qui d’un coup surgit et vous rappelle à votre douleur, à votre peur et à vos pleurs, sans qu’on sache quand, ni comment.

C’est pourquoi nous nous rassemblerons le 22 juin, à 11 heures, dans plusieurs villes en France : Paris, Nantes, Nîmes, Aix-en-Provence, Orléans Valence et Saint-Céré.

Ensemble pour affirmer qu’il n’est pas possible d’oublier.

Qu’il n’est plus possible de laisser ainsi le temps passer, le silence s’imposer, l’attente s’épuiser et des vies filer.

Ensemble pour témoigner que sans cesse nous pensons à vous, Daniel, Marc, Pierre et Thierry, que tous sachent que vous êtes dans nos pensées, toujours.

C’est pourquoi nous vous appelons à participer à l’élan de solidarité qui entoure les otages et leurs familles, et à vous joindre aux rassemblements prévus le 22 juin.

13 juin 2013