Nouvelle étape dans la mobilisation anti-chlordécone !

— Le n°276 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Le pouvoir compte sûrement sur la lassitude et le découragement de la population qui constate bien son refus de faire condamner les responsables de la pollution, de l’empoisonnement des terres, des océans et des gens.

La réquisition du parquet demandant le non-lieu, nest en fait que le prolongement des crimes précédents : avoir autorisé la production, la commercialisation, l’épandage forcené d’un produit notoirement toxique. Avoir accordé une dérogation à l’interdiction concernant les seules colonies. Avoir permis, couvert, sinon organisé les lenteurs de la justice pour « justifier » aujourd’hui, l’argument de la prescription. Avoir menti délibérément et ordonné le silence aux fonctionnaires scandalisés par l’affaire. Avoir réprimé, depuis, les militant-e-s agissant contre l’impunité !

C’est tout cela qui a motivé les mobilisations, dont les dernières se sont déroulées en Martinique, mercredi 7 et samedi 10 décembre à Fort-de-France, et à Pointe-à-pitre. Environ deux cent personnes mercredi, et un millier samedi ont répondu aux appels lancés par une série d’organisations dont nous donnons la liste cidessous.

La colère ne faiblit pas dans la population. La détermination des militant-e-s non plus. Il est indispensable d’entretenir ces conditions, car rien n’est joué. Les avocat-e-s iront en appel contre la réquisition du procureur. En appel, si les juges suivent le parquet. En cassation si les cours s’entêtent, et à la Cour européenne des droits humains, si toutes les voies se ferment en France.

Autant d’occasions pour les abstentionnistes de sortir de leur passivité ou de leurs alibis, mais aussi pour que la plupart des organisations signataires fassent un effort audelà du service minimum. On ne peut s’indigner des positions inadmissibles de l’État et de la justice, vouloir qu’enfin une vraie réparation soit mise en place, et ne pas travailler à la mobilisation populaire indispensable pour avoir gain de cause. La ténacité de celles et ceux qui sont sans relâche sur la brèche doit devenir contagieuse. Vite !

Liste des organisations ayant fait ensemble l’appel à manifester le 10 décembre contre le non-lieu, pour la justice et les réparations

Agir pour le Lorrain ; Assaupamar ; Ateliers Schoelcherois ; Caraïbe Écologie les Verts ; C.D.M.T. ; Culture Égalité ; C.G.T.M. ; C.G.T.M-F.S.M. ; Collectif des ouvriers agricoles victimes des pesticides ; C.N.C.P ; C.N.C.PA.P.A.L ; Cercle Frantz Fanon ; Combat Ouvrier ; Déklorasyon ; F.O. ; F.S.M. ; F.S.U. ; G.R.S. ; Insoumis.es de Martinique ; Lyannaj pou dépolyé Matinik ; Maison des aidants familiaux ; Martinique Écologie ; M.I.R ; Mouvement Populaire Franciscain ; Mpreom ; Nasyon Matnik ; Noupasav ; Opam ; Orgapéyi ; Palima ; P.C.M. ; Péyi-a ; P.P.M. ; R.D.M. ; R.ESP.É. ; SESD ; Solidarités Initiatives Lorrinoises ; U.F.M. ; U.G.T.M. ; U.N.S.A.

Le souffle Kéké en Martinique

L’U.F.M. et la C.D.M.T. ne s’étaient pas trompées en invitant cette combattante, symbole des « métiers invisibles », exercés en majorité par des femmes, appartenant aux minorités invisibles issues de l’immigration africaine. Rachel Kéké a brisé cette double invisibilité en menant une lutte mémorable contre le groupe ACCOR qui n’imaginait pas que, malgré l’écran commode de la soutraitance, allait devoir céder.

Rachel Kéké qui ne fait pas dans la langue de bois, n’a pas hésité à expliquer que cette lutte victorieuse à été menée contre les directions syndicales corrompues du secteur de la propreté (C.F.D.T., puis F.O., puis C.G.T), et avec l’aide finale d’un autre syndicat de la C.G.T. (hôtellerie) et de la syndicaliste Tiziri Kandi devenue depuis son attachée parlementaire.

Durant tout son séjour, Rachel Kéké a tenu un langage combatif avec un leitmotiv : « Organisez vous ! Luttez ! Unissezvous ! La lutte sur le terrain et le rapport de forces sont la clef du succès ». Ci-après : extraits du communiqué de bilan fait par l’U.F.M. et La C.D.M.T.

Merci, Rachel Kéké !

Le séjour de Rachel Kéké, députée de la France insoumise, du 2 au 7 décembre en Martinique…, a été un succès total, riche en échanges, en informations réciproques, en contacts, en émotions et en engagements.

(Il) a suscité un intérêt très palpable dans la population. Les témoignages de sympathie se sont multipliés.

– Rachel Kéké a largement informé sur son mémorable combat, sur les luttes qui continuent à l’Assemblée Nationale comme sur le terrain.

– Elle a… , appelé à la lutte, à l’union des opprimé.es, à la solidarité des forces de progrès de Martinique et de France « hexagonale ».

– Elle a pu rencontrer des dizaines de salarié-e-s des « métiers essentiels » rendu.es invisibles par le système, de nombreuses agricultrices en lutte pour la vie et pour des retraites décentes.

– Elle s’est aussi adressée à un public militant attentif à ses appels.

– Elle a pu échanger avec des organisations féministes, et des mouvements politiques (GRS, Péyi-a, Insoumis.es de Martinique), saluer les édilités de Ducos, du Prêcheur, de Fort-de-France (lors de la visite incontournable du bureau d’Aimé Césaire) et le président de l’Assemblée Territoriale de Martinique.

– Des associations autour de Tambou bô kannal lui ont généreusement offert un moment… de retrouvailles culturelles.

– Rachel Kéké …, en se rendant au CHUM… pour la réintégration des soignant.es, …(et contre) la dégradation… dans les hôpitaux.

– …Sensibilisée à la grave question du chlordécone…, elle s’est déclarée totalement solidaire (de notre combat).

Elle a pris l’engagement… de garder le contact,… (de donner) écho à nos combats au cœur de l’Assemblée Nationale, en coopération avec les élu.es progressistes de Martinique et des autres territoires dits d’outre-mer.

Le combat continue.