Non lieu : la révolte est souvent fille du mépris

— Le n° 280 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Inutile de feindre la surprise ! Cela fait bien deux ans, que le tribunal parisien et les autorités de l’État essaient d’accoutumer l’opinion, à la terrible perspective de l’impunité pour la chaine de crimes du chlordécone.

Le refus du tribunal d’examiner les nouveaux éléments apportés par les avocats des plaignants, son refus d’interroger les ouvriers agricoles ayant reçu l’ordre de répandre le pesticide mortel, même après la fin de la dérogation scandaleuse en 1993, indiquaient clairement lintention de proclamer le non lieu.

Les réquisitions dans le même sens du Parquet de Paris, confirmèrent qu’ils marchaient main dans la main, au mépris des beaux discours sur « la séparation des pouvoirs dans un État de droit ». L’État de droit colonial est implacable.
Peu avares de grands mots, ces messieurs et dames nous disent que le non lieu est… « définitif ». Fermez le ban et vaquez !

 Mais l’indignation est unanime ! Aucune voix n’ose s’élever pour justifier l’injustifiable, pour approuver ce crime ajouté au crime.

Autant la croyance qu’il suffisait d’attendre sagement le verdict de la « justice indépendante » était peu glorieuse, autant l’abandon du combat au motif que la victoire est impossible, relèverait de la capitulation, même déguisée sous les plus beaux prétextes.

La question posée est simple : alors que tout ce qui existe comme regroupements de personnes saines d’esprit et soucieuses du bien commun rejette l’impunité, et exige réparation, allonsnous perdre ce combat simplement par refus pusillanime de le mener jusqu’au bout, et de s’en donner les moyens ?

L’idée que nous défendons depuis un bon moment, celle d’un mouvement social et politique mobilisé dans l’unité, et une détermination sans faille face à l’État et ses protégés, est encore devant nous. La messe n’est pas dite ! Jé-a pa bout ! Il appartient à la partie la plus diligente et la plus lucide de prendre ses responsabilités, de regrouper tout ce qui peut l’être, d’impulser l’action avec la profondeur et la radicalité qu’impose l’ampleur du défi.

Lyannaj pou dépolyé Matinik a pris l’initiative de rencontrer les quatre députés de Martinique. Des propositions émanant de cet échange, ont été mises en discussion lors de la réunion en Guyane des parlementaires des dernières colonies. Elles s’enrichiront du débat prévu avec la CTM, avec le tout nouveau Lyannaj pou dépolyé Gwadloup et avec le mouvement syndical, et les progressistes de France.

Face à un système colonial sourd, cynique et pingre quand il s’agit de réparer les dégâts qu’il a commis pour plaire à ses compères Békés, les démarches solitaires sont sans avenir.

Avec plus ou moins de retard, de constance, de détermination, de lucidité stratégique, d’esprit unitaire, des centaines de militantes et de militants ont consacré un temps précieux à défendre une cause que beaucoup croyaient perdue, tandis que d’autres en ignoraient jusqu’à la réalité. C’est maintenant que tous ces efforts peuvent produire des résultats, qui de la pointe émergée de l’iceberg chlordécone, mettront à l’ordre du jour bien des questions du colonialisme tardif qui continue de nous emprisonner. La plateforme qui doit rassembler pour l’effort décisif, doit faire la synthèse de façon inclusive et critique de tout ce que, les uns et les autres, nous avons patiemment produit.

 Le pouvoir colonial ne cédera que des miettes, s’il n’est pas confronté à la peur de tout perdre. Il faut consciemment lui injecter cette peur, et cela ne lui viendra pas de l’action de petits groupes aussi bien intentionnés soientils.
Même si l’affirmation n’est pas neuve, elle est aujourd’hui d’une éclatante vérité : c’est par l’action de masse que nous pourrons imposer le respect qui nous est dû, et mettre en place les solutions basées sur la justice, la réparation, le renouveau dont nous avons besoin.

Le sentiment de révolte naissant de cet étalement de mépris colonial, rend la mobilisation possible. Un impératif qui s’impose dans la durée.

Communiqué du Groupe Révolution Socialiste (GRS)

Halte aux coups d’État au Brésil comme au Pérou !

Le coup d’État rampant qui a vu le jour dès le résultat des élections présidentielles du Brésil, s’est déployé sans succès dimanche janvier.

L’invasion des principaux lieux du pouvoir politique brésilien, par l’extrêmedroite bolsonariste, a été contenue. Mais elle prouve le danger mortel que ces courants font peser sur la démocratie et la souveraineté du peuple.

Précédemment, le président du Pérou, Roberto Castillo, a été éjecté du pouvoir et emprisonné par les forces conservatrices, qui n’acceptent aucun changement même porté le plus légalement du monde par la voie électorale.

Après le Paraguay, la Bolivie, c’est avec Trump aux Etats-Unis même, que les factieux avaient déjà tenté d’entraver la plus élémentaire démocratie politique.

Nous ne pouvons qu’exprimer notre total rejet de ces menées séditieuses réactionnaires, qu’alerter à nouveau sur les dangers symbolisés par l’extrêmedroite sous toutes les latitudes, que rappeler le rôle essentiel de l’action des peuples pour barrer la route à toutes les formes de fascisme.

Fort-de-France le 9 janvier 2023