Non au paiement au passage aux urgences !

— Par Max Dorléans (GRS) —
Après toute la série d’attaques menée depuis des décennies contre notre droit à toutes et tous à la santé (forfait hospitalier, franchises et déremboursement, déserts médicaux…), voici la dernière en date – en plus récemment des tests et masques payants – avec fermeture de la dernière petite porte qui permettait encore un droit encore non directement payant.

A compter du 1er janvier 2022, avec la mise en place d’un « forfait patient urgence » de 19,61 €, une nouvelle étape dans la privatisation de la santé, et vers l’exclusion des plus précaires de l’accès aux soins, se met en place. Dorénavant, tout patient non hospitalisé après son passage aux urgences, devra s’acquitter de ce nouveau forfait non remboursé par la sécurité sociale, mais uniquement par la mutuelle (à condition d’en avoir une) ou la CMU, ce qui exclura les plus précaires des précaires.

En effet, si pour le gouvernement, il s’agit avec ce nouvel outil partie prenante du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021, de « désengorger les urgences », pour celles et ceux qui ne pourront pas payer ce « forfait », ce sera l’absence de possibilité de se faire soigner.

Car, personne ne va aux urgences par bon plaisir ! Et si les urgences sont à ce point aujourd’hui prises d’assaut, c’est bien parce qu’il y a des failles dans l’organisation générale du système de santé. Notamment l’absence, par exemple, de centres de santé implantés sur toute la Martinique, non seulement pluridisciplinaires, mais assurant gratuitement (comme les PMI) et en permanence des consultations et soins de proximité, en plus des missions de prévention et d’information. Des centres répondant aux demandes urgentes de soins, le suivi des malades chroniques, et financés par la Sécu, avec des professionnels de santé salariés. Un système différent de l’actuel dans lequel trouver un médecin de ville est de plus en plus difficile, et exige de faire l’avance du paiement, de plus en plus compliquée pour bon nombre de patients. C’est dire qu’avec ce « forfait patient urgence », une étape supplémentaire va être faite vers la marchandisation de la santé.

Une étape et une attaque de plus contre le principe de l’accès gratuit pour toutes et tous à la santé, et contre la sécurité sociale comme instrument collectif de protection de l’ensemble de la population.

Aujourd’hui, outre la gestion calamiteuse de l’actuelle crise sanitaire qui a conduit ce gouvernement à déverser des centaines de milliards pour sauver son système, le voici, pour renflouer un tant soit peu la Sécu que lui-même et ses prédécesseurs ont plombé, qui s’en prend une fois de plus, aux plus faibles.

C’est cette politique toujours plus injuste qui a été à l’origine de la colère et de déviances de secteurs en désespérance exprimées ces jours passés chez nous. Et c’est cette politique et ce système capitaliste qu’il s’agit de balayer pour mettre un terme à cette société injuste et inhumaine pour le plus grand nombre, mais en phase avec les intérêts d’une minorité quotidiennement plus riche et plus puissante.

Max Dorléans (GRS)