Non à la répression des militants anti-chlordécone ! Jugez les empoisonneurs ! Indemnisez les victimes !

— Déclaration du CNCP —

Que notre cri soit unanime ! Qu’il soit puissant ! Il est temps de mettre fin au scandale. Sous la houlette de l’État colonial français, des tonnes de poisons ont été sciemment déversés sur notre sol et ont provoqué une catastrophe sanitaire qui concerne 95 % de notre peuple. Les appels à justice et réparation ont été mis au placard par leurs tribunaux depuis plus de trente ans. Des ouvriers agricoles ont été tués et blessés par les balles de leurs forces armées en 1974 alors qu’ils réclamaient l’interdiction des produits toxiques dans les bananeraies. Et aujourd’hui, pour avoir exigé que les coupables de l’empoisonnement soient jugés, des militants pacifiques sont gazés, matraqués, raflés, gravement violentés, poursuivis par leurs tribunaux ! Nous devrions accepter cela sans taper du poing sur la table ? Quel que soit le prétexte qu’on pourrait prendre, se tapir dans le silence reviendrait à se faire complices des empoisonneurs.
Le jeudi 27 août, le pouvoir colonial a décidé de tenir un énième procès de la honte. En exerçant leur violence policière et judiciaire contre des militants anti-chlordéconne, choisis arbitrairement, le gouvernement français et la caste qu’il protège, veulent détourner l’attention de la cible principale. En essayant de diaboliser des militants déterminés et de leur « couper la tête », le pouvoir colonial cherche à décourager les résistances et à étouffer le scandale. Quand des forces militaires sont massivement dépêchées devant tous les grands centres commerciaux pour protéger la vente à prix abusifs des produits importés d’Europe, ce sont les intérêts de la caste béké et du colonialisme qui sont défendus. Il faut leur signifier que nous ne sommes pas dupes. Ce sont les empoisonneurs qui doivent être jugés et condamnés à indemniser leurs victimes!

Faisons en sorte que le 27 août soit le jour de leur procès. D’ici là, Il nous paraît important de rendre notre protestation visible sur l’ensemble du territoire martiniquais. Que, partout, on puisse lire ou entendre notre mot d’ordre : « Non à la répression des militants anti-chlordécone ! Jugez les empoisonneurs ! Indemnisez les victimes ! »
Nous devons absolument déjouer le piège tendu par le pouvoir colonial qui veut nous enferrer dans le cycle des seules protestations. C’est ce qu’il cherche à faire lorsqu’il envoie systématiquement ses forces de répression provoquer des incidents en noyant des manifestants pacifiques avec des gaz lacrymogènes, en chargeant ceux-ci bestialement, en visant directement les militants avec leur LBD. S’il est vrai que nous avons le devoir absolu de nous mobiliser aux abords du tribunal, le plus massivement possible, pour dénoncer la répression contre les militants anti-chlordécone, il est essentiel de faire en sorte, qu’à l’occasion de ce procès soient démasqués les véritables délinquants. Car, de la reconnaissance du crime d’empoisonnement dépendent les conditions de sa réparation. Le principe du « pollueur-payeur » doit être pris en compte dans le suivi et le traitement des personnes empoisonnées, dans l’indemnisation de celles-ci, dans la dépollution des terres et dans le développement d’une économie résiliente.
Les militants anti-chlordécone sont montés au front pour défendre une cause qui nous concerne tous et toutes. Nous ne pouvons accepter que le pouvoir colonial les écrase impunément. Nous devons faire bloc autour d’eux pour que les revendications de notre peuple soient satisfaites. 
Pour le CNCP, le Président
Jean ABAUL