Non à la polarisation sur le chlordécone.

— Par Florent Grabin pour l’Asso P.U.M.A.— 

Plus de 4 millions de tonnes de pesticides sont utilisées chaque année dans le monde, mais certains pays ont la main particulièrement lourde. De trois millions de tonnes de pesticides utilisées dans le monde en 2001, nous sommes passés à quatre millions en 2016, soit une augmentation de 50 % en 15 ans. Avec 22,9 kg de pesticides utilisés par hectare de terre agricole, le Costa Rica est le champion du monde. Il en déverse pratiquement 10 fois plus sur ses cultures que la France, qui n’en utilise ‘’que’’ 3,7 kg par hectare. Le pays est un gros exportateur de fruits exotiques (banane, ananas, melon…) et de café, des cultures qui exigent une grosse quantité de fongicides et d’insecticides, utilisant ainsi 49 kg de pesticides par an et par hectare de bananes et 30 kg pour l’ananas.

Cette utilisation massive est à l’origine de nombreux problèmes environnementaux et de santé dans le pays : des centaines de cas d’intoxication au ‘’Paraquat’’, chaque année, sont ainsi recensés. Le Costa Rica tente depuis plusieurs années de limiter l’usage de ces substances chimiques avec des interdictions et en prônant de nouvelles pratiques agricoles. Avec 15,4 kg de pesticide par hectare, Israël complète le podium, suivi de la Colombie (13,2 kg/hectare). Source : calculs d’après données FAO 2016.

En termes de valeur totale, c’est la Chine qui épand le plus de pesticides au monde : plus de 1,76 million de tonnes d’insecticides, fongicides, herbicides et autres désinfectants ont été déversés sur les cultures en 2016. Les États-Unis sont 2e, avec 407.779 tonnes, suivis du Brésil et de l’Argentine, deux autres gros exportateurs agricoles. La France arrive 7e, avec près de 71.951 tonnes. De manière générale, la consommation globale de produits chimiques tend à stagner depuis quelques années dans les champs, preuve de la prise de conscience de ce problème écologique. Nous avons reculé en Martinique de plus de 75 % dans l’usage des pesticides, singulièrement dans la banane.

La France, 7e pays au monde consommant le plus de pesticides, nous importons massivement notre alimentation de ces zones, du petit pot pour bébé au repas de nos aînés, avec un rajout supplémentaire de conservateurs et autre formule magique pour rendre plus attrayant au regard. Nous sommes le plus grand consommateur de vin et de champagne au monde alors que le niveau de pesticides très nocifs est démontré dans différentes études scientifiques. Nous sommes devenus un très grand consommateur de poulets et de viandes bovines truffées d’hormones de croissance et d’antibiotiques interdites en France. Tous ces produits ont des effets sur la santé et nous ne sommes pas épargnés.

Dans notre alimentation, nous trouvons tous ces résidus pesticides et autres produits chimiques, nous avons toujours refusé publiquement de suivre les services de l’État qui ont ‘’enfermé’’ tout le monde dans les travaux de recherche sur la seule molécule Chlordécone..

Lors de la rencontre du Président de la République avec nos différents dirigeants, à l’Élysée, nous avons de nouveau été interpellés par son insistance, sur l’absence de lien entre Chlordécone et cancer de la prostate, tout en sachant que c’est un pesticide classé ‘’cancérogène possible’’ par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) qu’il est associé à un risque augmenté de cancer de la prostate.

Refusons la règle de l’émotion politicienne, ce propos cache un mensonge par omission que nous devons chercher à comprendre. C’est l’État qui délivre les autorisations de mise sur le marché après avis de l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES).

Nous travaillons depuis des années, avec des Scientifiques de renom, sur le problème des cocktails de pesticides, nous avons découvert que ce n’est pas simplement le Chlordécone qu’on a utilisée en Martinique, Il n’a jamais été épandue seul, mais avec des poisons non déclarés dans ses bidons ; comme pour le Roundup, le principal pesticide au monde, ou le Paraquat, le DDT et bien d’autres produits très toxiques qui l’ont accompagnés.

Il y a aussi des poisons cachés dans les bouteilles de Roundup, en plus du Glyphosate, on a récemment découvert dedans encore des dérivés de pétrole extrêmement toxiques, de l’arsenic, et d’autres métaux lourds. Donc, quand les politiques, que ce soit le Président de la République ou d’autres, nous déclarent : On va faire une étude sur le Chlordécone et le cancer de la prostate, alors que la cancérogénicité des produits à base de Chlordécone est déjà démontrée, ce n’est scientifiquement pas recevable, car beaucoup trop limité pour découvrir toute la vérité.

Si le Président de la République Emmanuel MACRON est capable d’obtenir la clarté sur des études qui ont servi à commercialiser des Képone et Curlone, nous ne parlons pas seulement du Chlordécone mais des formulations qui ont été vendues aux Martiniquaises et aux Martiniquais, si on est capable de transparence, il devrait être possible d’obtenir des études indépendantes sur la composition de ces produits et leur impacte sur la santé, ça coûte zéro euro à l’État et là on verra le scandale... 

Il est prouvé que de nombreux cancers sont d’origine environnementale, que le cocktail des pesticides, des perturbateurs endocriniens et les autres polluants atmosphériques, favorisent l’émergence de certains cancers. 

Demandons à l’État toutes les études qui lui ont permis de commercialiser ces produits, cela nous permettra de mettre en cause sa responsabilité et les responsabilités des multinationales. 

Pourquoi l’État ne conduit-il pas des études sur les effets combinés des très nombreuses molécules chimiques présentes dans l’eau du robinet ? 

Nous avons en mains les résultats d’analyse de l’eau réalisée par l’ARS. L’État s’obstine à se polariser sur le Chlordécone, malgré la détection permanente de molécules avec de graves conséquences pour la santé. Le label ‘’zéro chlordécone’’ et des analyses de cette molécule dans le sang des Martiniquais sont des dérives liés à cette fixation, ce qui est une tromperie qui laisse entendre que les autres résidus pesticides ne présentent pas de risques.

Cet ‘’arbre qui cache la forêt’’ a comme résultat de détourner la population de sa production locale qui devrait-être pourtant de très bonne qualité quand elle est produite sur des terres propres, sans pesticides et sans eaux d’irrigation polluées. On sait comment détoxifier la terre, l’Eau et les organismes aujourd’hui.

Subventionnons ces activités et non les pesticides, dotons la Martinique des équipements à mettre à disposition de la médecine et formons nos médecins, le corps médical en médecine environnementale.