Née à Montreuil de parents martiniquais, elle fait scandale à Avignon : qui est Rébecca Chaillon?

Sa pièce « Carte noire, nommée désir » est l’évènement théâtral de l’année!

♦ Polémique au Festival d’Avignon : une pièce où « des bébés blancs sont embrochés par des acteurs noirs » accusée d’incitation à la haine

Le Festival de théâtre d’Avignon dénonce des attaques « racistes » contre des artistes

Bébés blancs embrochés, violences et racisme… ce que l’on sait de la pièce polémique au Festival In d’Avignon

Festival d’Avignon: Carte noire nommée désir, cette pièce qui fait polémique

Rébecca Chaillon, née le 25 octobre 1985 à Montreuil (Seine-Saint-Denis), est une autrice, metteuse en scène, performeuse et comédienne française.

Elle est également afro-féministe et militante queer, sujets principaux de son travail performatif.

Biographie
Jeunesse et formation
Rébecca Chaillon naît en 1985 à Montreuil de parents martiniquais. Son père est technicien en appareils de voies à la SNCF et sa mère est conseillère en assurance maladie à la sécurité sociale. Elle grandit à Beauvais et Creil en Picardie et passe un bac littéraire option théâtre. Parallèlement elle participe à une troupe amateur Le Goupil et à des petites compagnies comme la ligue d’improvisation théâtrale de l’Oise (ImproThéO), et à théâtre Tiroir. Elle étudie ensuite le théâtre en licence arts du spectacle à Paris III Sorbonne Nouvelle puis au conservatoire du XXe arrondissement de Paris sous la direction de Pascal Parsat.

Elle est impliquée depuis 2005 avec la compagnie de débat théâtral Entrées de jeu, dirigé par Bernard Grosjean, en tant que comédienne et meneuse de jeu, notamment sur les problématiques autour des violences, des discriminations et des addictions.

Elle crée en 2006 avec Margault Chavaroche, Léa Ferrez-Le Guet, et Marianne Vigneulle, la compagnie Dans Le Ventre.

Scènes et performances
Rébecca Chaillon démarre la mise en scène avec Huit femmes de Robert Thomas, elle y dirige seize interprètes femmes (huit comédiennes et huit instrumentistes), avec des représentations à Avignon et au Burkina Faso. En 2009, elle met en scène Savantes, une adaptation féministe et exclusivement féminine des Femmes savantes de Molière.

Lassée par la frustration de mettre en scène les textes des autres, elle participe à un stage organisé par les Chantiers Nomades, animé par Rodrigo Garcia, qu’elle considère comme son idole. Rodrigo Garcia invite Rébecca Chaillon sur scène, dans son spectacle Balancez mes cendres sur Mickey, au Théâtre du Rond-Point à se faire raser le crâne en live. La participation de celle-ci au stage qu’il anime en 2010 marque un tournant dans la carrière de l’artiste. Ce stage voué à « se débarrasser des metteurs en scène » pour devenir « performer de la scène » lance l’entrée de Rébecca Chaillon dans l’écriture performative.

En 2014, elle réalise son premier spectacle performatif, L’Estomac dans la peau, un seule-en-scène qu’elle écrit et interprète, dans lequel elle traite de la faim et du désir. Rebecca Chaillon performe en solo lors de nombreux festivals de performances et évènements queer, et également dans des lieux plus institutionnels comme la Ferme du Buisson et la Scène nationale d’Orléans.

Sa création suivante, écrite en 2016, Monstres d’amour, est un duo, qu’elle met en scène et interprète avec Elisa Monteil, autour du cannibalisme amoureux ; la pièce est produite au Carreau du Temple et au Théâtre Paris-Villette. L’autrice y questionne le lien amoureux poussé à l’extrême, de la passion dévorante jusqu’au cannibalisme. Elle y décloisonne les genres en donnant à voir à la fois une performance théâtrale, un simulacre de talk-show, ainsi qu’une réinterprétation d’une scène du film Carrie au bal du diable. La pièce est créée en 2017 au théâtre de Mains d’œuvres, et est programmée au Centre dramatique national de Normandie-Rouen pour la saison 2018, où David Bobée lui propose d’être artiste associée à partir de la saison 2017-2018 pour trois ans.

Elle crée en 2017 la performance Whitewashing à la suite d’une commande de Lafayette Anticipation, dans le cadre des ateliers Edit-a-thon Art + Féminisme à l’initiative de la commissaire d’exposition Flora Katz dont l’objectif est d’aborder le thème de la désidentification telle que la définit José Esteban Muñoz dans Disidentifications.

Tout en commençant à mettre en scène des œuvres vouées à tourner, elle continue à mêler l’écriture, la performance, et n’hésite par être interprète pour d’autres, comme DeLaVallet Bidiefono, Yann Da Costa, Anne Contensou, Arnaud Troalic ou Gianni Grégory Fornet.

Lors du festival d’Avignon de 2018, elle participe au feuilleton Mesdames, Messieurs, et le reste du monde sur un texte de Ronan Chéreau, avec des artistes divers comme Gerty Dambury, Béatrice Dalle, Virginie Despentes, Rokhaya Diallo, François Stemmer ou Phia Ménard. Libération estime que « la jeune performeuse militante queer Rebecca Chaillon qui portait loin les mots de Virginie Despentes ou de Rokhaya Diallo, [en] fut l’un des visages forts. »

Fin 2018, son spectacle « Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute » est présenté à Paris et tourne dans diverses villes en 2019. Il met en scène un terrain de football occupé par des filles LGBT pour évoquer les minorités, de l’exclusion et de la meilleure façon d’occuper le terrain. Dans le temps du match et avec ses codes, elles se mettent en jeu dans une histoire généralement présentée comme appartenant aux hommes.

Par la suite, invité par la SACD et le festival d’Avignon, avec Pierre Guillois elle crée un duo dans le cadre des Sujets à Vifs : « Sa bouche ne connaît pas de dimanche – fable sanguine ». Une pièce qui lie leur genèse intime entre la Bretagne et la Martinique, aux côtés d’un cochon, avec eux sur scène.

En 2021, elle crée Carte Noire nommée Désir, une pièce portée par des interprètes afro-féminines. Elle y déploie des questions salutaires sur la construction des corps et des identités. Sur scène avec elle, sept interprètes afro-féminines : chanteuses, actrices, danseuses et circassiennes. Cette création est présentée au Festival d’Avignon 2023.

Démarche artistique
En tant qu’artiste, Rébecca Chaillon prend souvent des risques dans ses performances, n’hésitant pas à mettre son corps à l’épreuve. Elle se qualifie de « performeuse alimentaire et bodypainting » puisque la matière nourriture et le maquillage sont au cœur de ses performances comme Milène Tournier l’indique dans sa thèse doctorale. Elle mêle théâtre, vidéo et performance dans ses créations. Ses sujets de prédilection sont les identités féminines, le corps, le désir, la violence.

Elle est lauréate dramaturgies plurielles au CNT (Centre national du théâtre) en 2012 avec son texte « L’Estomac dans la peau ».

Cinéma et télévision
En faisant de la figuration dans un clip de prévention de l’Inpes, elle rencontre la réalisatrice féministe Émilie Jouvet avec qui elle tourne en 2015 My Body, My Rules qui traite des corps et des sexualités hors norme. La même année, elle est à l’affiche du film d’Amandine Gay Ouvrir la voix, un film sur les femmes afro-descendantes belges et françaises qui sort en salle à l’automne 2017.

Elle est également un des personnages récurrents de la saison 2 de la série Les Grands, réalisé par Vianney Lebasque, dans lequel elle joue une proviseure au talent « piquant ».

En 2022, elle intervient également dans la série documentaire d’Arte Culbute, réalisée par Édith Caron et Léo Favier, interrogeant les représentations de la sexualité dans la fiction audiovisuelle.

Engagements politiques
Rébecca Chaillon est une femme engagée sur les luttes contre les discriminations racistes, sexistes et homophobes, ce qui se retrouve dans ses œuvres.

Elle est également militante au sein du CEMEA depuis 2003 où elle est formatrice BAFA et travaille auprès des publics à l’accompagnement culturel du festival d’Avignon.

Vie privée
Elle se définit aujourd’hui comme lesbienne et queer.

Œuvres scéniques
Théâtre=> Wikipedia