Mort du jazzman Jon Hendricks

Al Jarreau était un de ses admirateurs, Bobby McFerrin fut un de ses élèves: le chanteur et compositeur américain Jon Hendricks, une des toutes premières voix qui ont compté dans le jazz chanté, est mort mercredi à New York à 96 ans, a annoncé jeudi sa fille Michele. Jon Hendricks, un des précurseurs du « vocalese » qui consiste à mettre en paroles et en voix des solos instrumentaux de jazz, s’est éteint dans un hôpital de New York, a ensuite indiqué son agent publicitaire, sans préciser la nature du décès.

Spécialiste du scat, il s’était rendu célèbre dans les années 1950 avec le trio Lambert, Hendricks & Ross et l’album « Sing A Song Of Basie » (1957), une version vocale du big band de Count Basie. Fils de pasteur, né à Newark (New Jersey) le 16 septembre 1921, il a grandi à Toledo (Ohio), où il interprétait des spirituals et des hymnes à l’église. Vocaliste hors pair, il a 11 ans lorsqu’il chante à la radio avec le pianiste Art Tatum.

Engagé pendant la Seconde guerre mondiale, il participe au débarquement en Normandie le 12 juin 1944. A son retour, il laisse tomber ses études de droit sur les conseils du saxophoniste Charlie Parker qui lui dit « tu n’es pas un avocat, tu es un chanteur de jazz », et part tenter l’aventure musicale à New York. Sa voix de ténor rauque, qui n’avait pas le timbre suave d’un Frank Sinatra, excellait par un sens aigu de la rythmique. Il a inspiré plus d’une génération de chanteurs de jazz, de Mark Murphy à Tim Hauser, en passant par Dianne Reeves.

A la moitié des années 1960 il entreprend une carrière de soliste et accumule les professions: il travaille pour la télévision, devient critique au « San Francisco Chronicle », et même enseignant à l’université de Toledo, tout en continuant à chanter à travers le monde. En 2000, Kurt Elling, l’un des grands chanteurs de jazz actuel, l’avait invité sur la scène du Green Mill. Tous deux s’étaient livrés à un morceau de bravoure sur le traditionnel « Goin’ back to Chicago ». Cette joute vocale figure sur l’album « Live in Chicago » de Kurt Elling.
Le Figaro.fr avec AFP