Mois kreyol : un festival résistant malgré les restrictions

— Par Dominique Daeschler —
Cette quatrième édition (29 oct-28 nov) axée sur l’écologie et les luttes sociales s’est vue tronquée, covid oblige, de représentations, gardant avec l’évolution des mesures, tables rondes et ateliers.
C’était aussi les 25 ans de la compagnie Difé Kako, conceptrice et organisatrice de ce festival : l’occasion de rencontrer sa directrice, danseuse et chorégraphe, Chantal Loial.

D Daeschler : Comment avez-vous vécu ce réajustement permanent avec notamment des spectacles en ligne ?
Chantal Loial : Avec l’envie encore plus forte du partage. De fait, sur la région parisienne, nous avons pu, grosso modo, respecter notre programme les trois premières semaines d’octobre : l’exposition photographique des 25 ans de Difé Kako, les contes pour enfants (Ymelda Marie-Louise, Valère Egouy, Eric Lauret), le concert de l’orchestre Dokonon de Guyane mais malheureusement pas celui de notre parrain Tony Chasseur… La compagnie n’a pû jouer qu’une seule fois son dernier spectacle « Cercle égal demi-cercle au carré) Une partie du travail commencé sur le patrimoine immatériel des Antilles(films) a été repoussé même si le spectacle sur le quadrille a vu le jour. De même la programmation pour Strasbourg et Bordeaux a été repoussée.
DD : ce qui est nouveau depuis deux ans c’est l’ouverture sur les DOM (Réunion, Martinique, Guadeloupe, Guyane).
CL : C’est encore timide et ce qui devait avoir lieu en janvier-février est encore suspendu à un fil ! Et il ne faut pas oublier le Canada !
DD : Votre récent voyage à la Réunion c’était uniquement de la préparation et de la prospection ?
CL : Je devais y rester trois jours et je suis restée un mois en faisant des stages et en tournant mon solo (Vénus) puisque la Réunion n’était pas confinée, en respectant les gestes barrière bien sûr. Cela fait du bien aux finances de la compagnie et au besoin d’exercer son métier !
DD : En Outremer vous avez envie de construire un travail de longue haleine déjà bien amorcé avec des venues fréquentes de la compagnie.
CL : Oui, en gardant pendant trois ans l’axe des sujets de société et de patrimoine immatériel.
DD : C’est un enjeu majeur de valorisation des cultures caribéennes.
CL : Une appréhension en profondeur qui part de la terre et des hommes pour mieux partager, mieux se rencontrer.
DD : Depuis 25 ans la compagnie s’est constitué un vrai répertoire.
CL : Je ne vais pas le laisser dormir. Difé Kako va le tourner et y adjoindre des créations tout public notamment une Joséphine 2 B (sur le chlordécone)
DD : Alors vent debout !

D Daeschler