Marc Cary : jazz, électro, hip-hop et musiques du monde

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Marc Cary Photo : Rebecca Meek

« Rhodes Ahead, Vol 2 » que l’on peut qualifier de « jazz psychédélique » – un jazz initié par Miles Davis avec « A Silent Way », poursuivi de « Bitches Brew », un jazz électronique de feu, avec des éléments électro, drum’n’bass, transe, ambiant, rock et musiques du monde – est particulièrement inspiré par la musique marocaine, qui a profondément influencé Marc Cary ors de son voyage au Gnaoua Festival de 2013.

La colonne vertébrale de sa musique repose sur un axe double : d’une part, la transe rythmique de Marc Cary révélant toute sa magie du clavier grâce à la sensibilité « techno » de sa production et ses compétences à la programmation, et d’autre part le jeu tranchant, presque surhumain, du batteur Terreon Gully, qui impulse à cet album une « drum-machine » inondée de vibrations soul inégalée dans le genre… Sameer Gupta aux tablas et Tarus Mateen à la contrebasse complètent l’équipe en parfaite symbiose avec la transe induite par la complicité du clavier et de la batterie. Igmar Thomas, trompettiste invité, finit d’enflammer l’affaire, faisant clairement entendre sa filiation à Miles, tout en projetant le Rhodes Ahead Trio vers un jazz du futur.

Alors que le premier « Rhodes Ahead » était dans la lignée de la vague actuelle hip-hop et électronique qui a influencé le jazz avec des figures comme Robert Glasper et Kris Bowers, amenant ainsi le pianiste à participer à des projets révolutionnaires comme le RH Factor de Roy Hargrove nominé aux Grammy Awards ou encore Urbanus du groupe Stefon Harris & Blackout, également nominé aux Grammy Awards, « Rhodes Ahead Vol. 2 » présente le spectre complet de la carrière de Marc Cary avec un jeu innovant de haute volée tournant autour du jazz, de l’électronique, du hip-hop et des musiques du monde.

« Rhodes Ahead Vol. 2 » est un bouillonnement kaléidoscopique qui conclue un cycle en quatre volumes ouvert par l’émouvant album solo acoustique en hommage à Abbey Lincoln, « For the Love of Abbey », qui l’a mené ensuite à son chef-d’œuvre jazz aux influences indiennes principalement en acoustique avec le Focus Trio « Four Directions », suivi ensuite par la sortie numérique en formations variées de « Cosmic Indigenous », un projet jazz-world partiellement vocal.

« Pour la première (et la dernière) fois, j’ai collé mon doigt dans la prise électrique par soif de comprendre l’électricité. « Rhodes Ahead Vol. 1 » fut un album central dans ma carrière. J’ai conçu ce nouveau projet, « Rhodes Ahead Vol. 2 », dans le souci de partager ma vision de la musique et de créer avec quelques-uns de mes collaborateurs favoris du moment cet élixir musical dans lequel ils pourraient apporter leur alchimie personnelle….[…]

J’ai passé cette dernière année à évaluer et rassembler de la musique qui résume les vingt dernières années de ma carrière et pointe vers mon avenir. En utilisant des synthétiseurs analogiques et des pédales d’effets avec mon Fender Rhodes, j’ai appris à manipuler l’électricité et créer des sons. Je suis devenu accro à la façon de construire, transformer et manipuler des synthétiseurs et autres engins électroniques.

Une chose que j’ai aimé faire pour la réalisation de ce nouveau voyage au Fender Rhodes, a été de réunir mes deux trios, passé et présent. Tous les musiciens qui se sont impliqués dans ce projet ont acquis une compréhension profonde de l’énergie et du temps. C’est le secret du potentiel de cette musique. »

  Marc Cary sur France Culture