Malik Bendjelloul le réalisateur de « Sugar Man » s’est suicidé

malik_bendjelloulLe cinéaste suédois d’origine algérienne, oscarisé pour Sugar Man s’est donné la mort, mardi, à Solna, une banlieue au nord de Stockholm.

Ce mercredi matin, la Suède s’est réveillée en deuil. L’émotion dans le royaume est immense: émissions spéciales à la télévision nationale SVT, flash infos et reportages en direct des quotidiens sur Internet, folie sur les réseaux sociaux. Il ne manque plus qu’un communiqué du roi Carl Gustav. Le chagrin est à la hauteur du talent de Malik Bendjelloul. Ce cinéaste de génie s’est suicidé, mardi à Stockholm, âgé seulement de 36 ans, a annoncé son frère à la presse mercredi: «Je peux confirmer qu’il s’agit d’un suicide et qu’il était déprimé depuis quelque temps», a confié Johar Bendjelloul au quotidien Aftonbladet.

Né en 1977 dans la ville de Ystad en Suède, Malik Bendjelloul comptait à son actif un seul grand succès et pas des moindres. Il a reçu en 2013 l’oscar du meilleur documentaire et le prix du public international à Sundance 2012 pour Searching for Sugar Man : le parcours étonnant d’un chanteur américain Sixto Rodriguez qui, après son échec en Amérique, apprend quelques années plus tard qu’il est devenu, sans le savoir, une idole en Afrique du Sud.
«Merci à l’un des meilleurs chanteurs de tous les temps, Rodriguez»

C’est en 2006, lors d’un voyage en Afrique, que le cinéaste découvre l’existence de l’artiste. Un descendant d’immigré mexicain repéré dans un bar aux États-Unis par deux producteurs et qui, après l’échec commercial de ses deux albums, décide d’abandonner la musique pour travailler dans le bâtiment. Inconnu en Amérique, star en Afrique du Sud, ses chansons sont devenues de vrais hymnes contre l’apartheid. Le mystère plane autour de son existence. Certains pensent qu’il est mort. C’est là que Malek Bendjelloul intervient. Il va suivre deux fans déterminés à partir à la rencontre du musicien. C’est finalement aux États-Unis qu’ils vont retrouver Sixto Rodriguez menant une vie simple, loin de l’oisiveté. Quand il débarque en Afrique du Sud en 1998, il est accueilli en véritable héros, passant ainsi de l’anonymat à la notoriété la plus totale.

«Oh boy! Merci beaucoup. Merci à l’Académie, et à l’un des meilleurs chanteurs de tous les temps, Rodriguez», s’était exclamé le réalisateur, lors de son discours aux Oscars. Avant de mourir, Il aura permis à la Suède de remporter la plus prestigieuse récompense cinématographique, pour la première fois depuis 1984. Il aura également réussi à marquer son temps, en révélant au monde Sixto Rodriguez, qu’on comparera par la suite à Bob Dylan. Un homme qui, sans Bendjelloul, aurait pu passer à côté de son destin.

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