« Madiafilms » 1

Le coup d’oeil de Guy Gabriel

aff_mal_de_pierresMal de pierres, de Nicole Garcia ; avec Marion Cotillard, Alex Brendemühl, Louis Garrel

Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole ; elle rêve d’absolu et fait scandale ; mariée par ses parents à un ouvrier agricole, qu’elle n’aime pas et n’aimera jamais dit-elle. Tout va basculer quand elle est envoyée en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux ; elle y rencontre André Sauvage, un soldat qui revient de la guerre d’Indochine.

Mal de pierres est le récit d’un amour contrarié, on pourrait même dire d’une vie contrariée ; en effet, Gabrielle fille de la petite bourgeoisie agricole rêve de passion absolue à une époque où les jeunes femmes sont destinées au mariage ; dans ce contexte, elle finit par déranger et même considérée comme folle.
On ne sait plus si elle vit son rêve ou rêve sa vie.
Ce destin de femme est filmé avec maestria par Nicole Garcia qui nous montre une Marion Cotillard au sommet de son art et qui n’a jamais été aussi belle ; elle reflète toute l’angoisse et la mélancolie de son existence, empêchée, serait-on tenté de dire.
Mal de pierres respire l’épure, l’intensité intérieure de cette femme à la sensibilité à fleur de peau.

Cette adaptation du roman de Milena Agus est sensible et touchante, avec une structure qui utilise magnifiquement le flashback , car elle permet de cerner au mieux les motivations de Gabrielle, femme éprise de liberté et d’absolu.

Tu ne tueras point de Mel Gibson, avec Andrew Garfield, Teresa Palmer, Vince Vaugh, Sam Wortington.

Desmond Doss, un jeune américain, se retrouve confronté à un dilemme lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale ; en effet, ses croyances et principes moraux  sont incompatibles avec la violence et le port des armes, et, cependant il veut servir son pays ; il va tout de même s’engager, comme infirmier, car, entre-temps, il a rencontré une jolie infirmière pour laquelle il a craqué et qui lui a appris des notions d’infirmier

Mel Gibson s’empare ici d’une personnalité historique d’une incroyable singularité qui arrive à ses risques et péraff_tunetueraspointils d’assumer ses contradictions ; comment être, à la fois, objecteur de conscience et s’engager dans l’armée ?

C’est tout le problème de cet homme, qui, finalement, va symboliser l’héroïsme dans toute sa splendeur.
En nous décrivant la complexité du personnage, Gibson décrit une des terribles batailles de la seconde guerre mondiale, celle de la falaise de Maeda à Okinawa. Le film montre alors l’extrême générosité d’un homme contrebalancée par la violence de la situation face à laquelle il se trouve.
Quelques morceaux de bravoure magnifiquement filmés nous font accepter, sinon oublier, les motivations mystico-religieuses du héros ; tous ces éléments font de Tu ne tueras point plus qu’un film de guerre de plus.

Le film reste plutôt cohérent sur l’évolution de Desmond qui, ayant été marqué par la violence dans son enfance, jette un regard suspicieux sur cette dernière, sans pour autant se bloquer.

Snowden de Oliver Stone avec Joseph Gordon-Levitt et Shailene Woodley.

Edward Snowden est un patriote idéaliste et enthousiaste ; son rêve semble réaliser lorsqu’il est intégré dans les équipes de la C.I.A. puis de la N.S.A.

Très rapidement, il va déchanter, car il va découvrir l’ampleur de la cyber-surveillance au sein des Services de Renseignements. La N.S.A., au mépris de la Constitution, collecte des données sur tout ce qui bouge concernant les télécommunications sur la planète. Choqué par cette intrusion, Snowden va collecter toutes les preuves nécessaires afin de les divulguer. Le voilà devenu « lanceur d’alertes », il va sacrifier sa vie privée et, bien entendu, sa liberté.

Revoilà Oliver Stone avec ce biopic contemporain qui lui permet de revisiter l’histoire américaine et de ses tares, ou de nous montrer comment un geek va devenir espion et arriver (oser) déconstruire le système voyeuriste de la C.I.A.

aff_snowdenSnowden a souvent des allures de thriller journalistique, un peu à la manière de Truth de James Vanderbilt, avec un héros fragile, qui met en permanence sa vie en danger, danger qu’il ne pourra pas éviter.
Le film montre bien comment le viol mental peut être une pratique courante dans les hautes sphères du pouvoir (Orwell n’est pas loin) ; Snowden est-il un héros ou un traître ? Ce ne semble pas être le propos du film, mais surtout de montrer le côté tentaculaire du pouvoir et le vertige que peut générer la haute technologie que représentent les réseaux sociaux, technologie sans frontières puisqu’on voyage de Genève à Hong-Kong, en passant par le Japon.
Stone ne joue pas ici les moraliste ; il nous raconte une histoire en train de s’écrire, car Snowden est, en ce moment réfugié en Russie, un aspect qui fait , forcément, un clin d’œil à l’aspect politique du sujet.
Il n’empêche qu’on est, tout de même, face à un scandale d’état, ce qui ne pouvait qu’intéresser Stone.
Joseph Gordon-Levitt ( Inception de Ch. Nolan, Sin City de R. Rodriguez et F.Miller, Lincoln de Spielberg) donne corps à Snowden avec talent, aidé en cela par une Shailene Woodley (l’héroïne de la trilogie Divergente ), étonnante de sincérité dans son interprétation de la compagne  de Snowden.
Pas le meilleur Stone, mais à voir pour son actualité