Lettre ouverte à Fabrice Hazard, Directeur Général Adjoint SAUR en charge de l’Outre-mer

Comité de gève des travailleurs de SAUR Martinique, soutenu par la CGTM et l’UGTM

Dimanche 5 octobre 2025

Monsieur, Le jeudi 14 août 2025 dans l’après-midi, à Sainte-Marie, a eu lieu une première rencontre entre la délégation salariale et vous, accompagné de M. Mirabeau et de Mme Malidor, pour essayer de trouver un terrain d’entente après le démarrage de la grève le 11 août 2025. A l’issue de nos échanges, et à la demande de la délégation salariale, vous avez accepté de soumettre un projet de protocole d’accord de ¸n conflit et de reprise du travail. Petite anecdote : Au moment de nous séparer, vous avez souhaité connaître les coordonnées des lieux de culte où des messes du 15 août seraient célébrées le lendemain, ainsi que les horaires. Une telle demande ne peut venir que d’une personne ayant de profondes et sincères valeurs chrétiennes, couplées à des principes moraux solides comme : Respect, Honnêteté, Responsabilité, Intégrité, Loyauté, Authenticité, Humilité, et … COURAGE.

Préparé par les services juridiques de SAUR International, un projet de protocole s’articulant autour de 5 articles nous été transmis le 18 août.

Les deux derniers paragraphes de l’article 2 intitulé « Décision commune des Parties n°1 – Les seuls bénéficiaires de la « prime de bienvenue » au titre du contrat Cap Nord ont été rédigés de la manière suivante :

« En réservant le béné¸ce plein et entier de la « prime de bienvenue » aux seuls salariés transférés de Cap Nord, les Parties entendent assurer le respect du contrat conclu entre Cap Nord et SAUR Martinique, conformément aux dispositions de l’article 1134 du Code civil, aux termes duquel les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites et doivent être exécutées de bonne foi.

Les salariés bénéficiaires de la « prime de bienvenue », ayant réclamé de bonne foi le respect d’un engagement contractuel, verront exceptionnellement leur rémunération maintenue pour la période du 11 au 19 août 2025 ».

Détail qui a son importance : l’article 1134 du code civil a été abrogé en 2016 et remplacé par deux autres : Article 1103 :« Les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faits ». Article 1104 :« Les contrats doivent être négociés, formés et exécutés de bonne foi.

Cette disposition est d’ordre public ». Et voilà que le 3 octobre 2025, après l’échec d’une énième rencontre dans le cadre de la médiation que SAUR Martinique a demandée, vous avez déclaré à la presse :

« Les organisations syndicales n’ont pas accepté ce principe de prime au motif qu’elle serait versée à la fois aux non-grévistes et aux grévistes. La base du conflit était portée autour du versement d’une prime. Une des revendications était que cette prime soit étendue à l’ensemble des personnels de Martinique. Moi, j’avais compris que l’équité était une valeur phare, une valeur fondamentale des organisations syndicales. Ça n’est pas ce que traduit leur position aujourd’hui ».

C’EST TOTALEMENT FAUX, MONSIEUR : «… le bénéfice plein et entier de la « prime de bienvenue » aux seuls salariés transférés de Cap Nord… ». Et c’est SAUR qui l’a écrit dans son projet de protocole d’accord.

Votre déclaration est de la même nature que celles de M. Mirabeau, le directeur de SAUR Martinique. « Nous avons, en concertation avec Cap Nord, convenu de la mise en place de cette prime, dont une partie est ¸xe et l’autre variable, cette dernière dépendant de l’avancement effectif de la mise en place des obligations/engagements contractuels ». (Courriel de M. Mirabeau du 31 juillet 2025 au personnel »).

C’EST FAUX ! CAP NORD a adressé à SAUR une mise en demeure de respecter ses obligations contractuelles par LRAR n° 2C 152 008 9243 0 daté du 8 août 2025 qu’elle a reçue le 18 août 2025.

« Cap Nord, les élus, la DEETS et les médias savent que nous avons respecté notre engagement quant à la prime ». (Courriel de M. Mirabeau du 9 août 2025 au personnel). C’EST FAUX ! Cette affirmation a d’ailleurs conduit l’inspectrice du travail à remettre les points sur le « i » dans un courrier du 15 août 2025.

Entre le premier projet de protocole et vos déclarations le 3 octobre 2025, on ne compte plus le nombre de contre­vérités répandues et de revirements effectués par la direction de SAUR. Et tout cela pourquoi ? Pour ne pas voir inscrit dans le protocole de fin de conflit que les rémunérations seront maintenues. Chose que vous avez pourtant faite dans le projet de protocole transmis le 18 août 2025.

Ainsi, jeudi 2 octobre 2025, vous avez fait une proposition de verser une prime de 5000 euros à tous les salariés, grévistes et non-grévistes, c’est-à-dire 87 salariés. Ce qui aboutirait à un montant total (435000 euros), ce qui représente le double de ce que coûterait le maintien des salaires estimé selon vous à 210600 euros au 2 octobre 2025. Et dire que dans son courriel du 9 août 2025, M. Mirabeau a écrit : « Mais distribuer des ressources financières que nous ne possédons pas est irresponsable et dangereux ».

Allez comprendre !

Et pour nous mettre la pression au cas où cette proposition viendrait à être repoussée, vous avez ajouté que SAUR n’aurait d’autre choix que d’organiser son départ de Martinique. Dans sa panoplie des moyens pour obtenir gain de cause dans une négociation, SAUR a donc recours au CHANTAGE ? Vous confirmez, Monsieur Hazard ?

Le vendredi 3 octobre 2025, Mme Malidor, responsable des ressources humaines chez SAUR Martinique, a adressé le message suivant par WhatsApp aux grévistes :

Bonjour à tous, L’enveloppe finale constituée par la prime PPV de 5 000 € versée à chaque collaborateur gréviste permet de couvrir la totalité du montant représenté par les pertes de rémunération ; elle représente même quasiment le double de ce montant. Grâce à ce dispositif, les pertes de salaire de 61 collaborateurs sur 64 sont totalement couvertes. Seuls 3 collaborateurs présentent encore un différentiel de 260€ en moyenne, qui pourra être couvert par les excédents des 61 autres. En effet ces bonus représentent :

+ de 4000€ pour 4 salariés • + de 3000 € pour 10 salariés • + de 2000 € pour 20 salariés • + de 1000 € pour 14 salariés • + de 500 € pour 8 salariés • De 100 à 400 € pour 5 salariés

On peut difficilement imaginer Mme Malidor rédigeant et adressant ce message qui engage SAUR Martinique sans avoir auparavant reçu l’accord, pour ne pas dire l’ordre de sa hiérarchie, c’est-à-dire M. Mirabeau et vous-même M. Hazard, pour le faire.

Le coût pour 65 grévistes (et non 64) s’élèverait alors à 325000 euros. Une proposition de verser 335000 euros vous a été faite, que vous avez rejetée, alors qu’elle aurait permis à SAUR d’économiser … 100000 euros. Dès lors se posent des questions :

  • Quels desseins inavouables poursuit la SAUR en cherchant à inclure celles et ceux qui n’ont JAMAIS été empêchés de travailler pour béné¸cier d’une prime de 5000 euros, qu’à notre connaissance, elles et ils n’ont jamais exigée ?

  • Une telle attitude, ne porte-t-elle des « atteintes graves à [notre] image » ? (M. Mirabeau, courriel du 9 août 2025).

Avez-vous vraiment la volonté de sortir de cette situation dont la SAUR porte l’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ.

Voilà comment Maxence Mirabeau concluait son courriel du 9 août 2025 : « Il est temps de faire preuve de responsabilité collective et de choisir la voie de la confiance reconstruite. Ne transformons pas notre avenir en un champ de ruines. Ensemble, consolidons notre réussite commune et regardons devant ». CHICHE ALORS ! Et si SAUR Martinique décidait, en¸n, de mettre en œuvre les engagements ¸gurant sur le site Internet de sa maison mère dans le chapitre « Éthique et conformité », plutôt que de recourir à la pression ou à faire montre d’arrogance comme dans ce message adressé par le directeur le 4 octobre 2025 aux médiateurs (voir PJ). La paix sociale à laquelle vous avez fait référence reviendrait tout naturellement ?

ALORS ?

Pour Le Comité de grève des travailleurs en lutte de SAUR Martinique Jeanine RANO (UGTM), Patrick CELOT (CGTM)

P.J. : Lettre de M. Mirabeau