CAFÉ DÉBAT SOCIAL CLUB
Nous vous invitons à notre prochain café-débat qui aura lieu le jeudi 19 juin 2014 à 19 heures à la Casa del tango, 651 rue Alfred Lumière à Jarry.
Thème :
L’esclavage : crime contre l’Humanité
Quelle réparation pour l’irréparable ?
Par Alex Lollia
(Professeur de philosophie, syndicaliste).
Parce que nous aurons célébré, une fois l’an, la journée de l’abolition, nous ne serons pas quittes, pour autant, avec ceux qui ont subi : « le collectif ravalement à la bête ».
Si l’esclavage, à n’en pas douter, s’avère un crime conte l’humanité, sa réparation s’impose du même coup comme un impératif moral et politique catégorique. Comme le soulignait Condorcet :
« Il est juste de condamner celui qui enlève à un semblable l’usage de la liberté à réparer son tort ».
Mais 166 ans après l’abolition de l’esclavage, à qui demander réparation et au bénéfice de qui ? Et, quelle réparation ?
Ces questions restent un sujet de dissension. Car, c’est la notion même de « réparation » qui est problématique.
Aimé Césaire, par exemple, réfute cette terminologie parce qu’elle fausse le débat. En effet, comment peut-on aspirer à la réparation d’un passé qui par nature est irréparable ?
Mais, nier la légitimité de la réparation n’implique-t-il pas, en même temps, une remise en cause du caractère criminel du fait ?
Pour l’heure, les discours officiels, prononcés rituellement le 10 mai, noient le problème du passé, du présent et de l’avenir dans de pieuses généralités qui s’adressent à tout le monde et ne concernent personne. Ils effacent pudiquement le caractère exceptionnel du rapt, de la déportation, de l’esclavage, des conditions de l’accumulation primitive du capital, de la configuration du monde tel qu’il est présentement.
La question de la « réparation » est sérieuse et complexe. Sérieusement complexe. Il ne faudrait pas, donc, donner l’impression qu’elle se réduit à une indemnité individuelle, sous réserve de la vérification de l’arbre généalogique des personnes concernées et après présentation d’un RIB (Relevé d’Identité Bancaire).
On ne répare pas « l’omni –niant crachat » par un chèque dûment certifié. Certes. Mais l’émancipation humaine, à laquelle nous aspirons, peut-elle faire fi de la redistribution de la richesse accumulée par un acte délibérément criminel ?
Le problème qui nous préoccupe se situe au-delà du juridisme et du babillage métaphysique. Il relève de l’économique et du social, donc de la politique et de l’éthique.
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