Les premières cles pour résoudre tous nos problèmes se trouvent entre nos propres mains

Tribune

— Par Robert Saé—
porte-voix1-    Les peuples sont le moteur de l’histoire
Pour la majorité de l’opinion publique, seuls des élites,  des leaders providentiels ou des sauveurs suprêmes peuvent porter solutions aux problèmes des populations. Comment s’en étonner ?  Pendant des millénaires, ceux qui propagent l’idéologie des classes dominantes se sont appliqués à en persuader les peuples et les individus.     On ne saurait nier le rôle joué par des personnes ou des dirigeants d’exception qui, par leur parcours et par leur capacité d’analyse, ont pu être en mesure de  synthétiser l’expérience et les attentes des peuples pour proposer des orientations capables de faire avancer la cause de ceux-ci. Mais, on commettrait un crime de lèse-humanité en méconnaissant cette réalité : ce sont les peuples, par leur génie collectif et par leurs luttes,  qui sont la source des réponses les plus concrètes et les plus durables aux nécessités vitales.      Les théories ou les politiques économiques glorifiées par les tenants du système dominant ont toujours généré dégâts, pauvreté et exclusions. Par contre, les milliards d’exploités et d’opprimés de la planète ne doivent leur survie qu’aux stratégies qu’ils inventent en matière de relations sociales et d’économie. Derrière la criminalisation de l’économie populaire et la mise en œuvre  de législations contraignantes, le véritable objectif des gouvernements adeptes du libéralisme est de faire main basse sur ces immenses pans du « marché » qu’ils ne contrôlent pas et, dans le même temps, accentuer la dépendance des populations.     Nous ne saurions résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés en mésestimant l’expérience des peuples ou  en sous-estimant la puissance de création et d’organisation qu’ils détiennent. Plus encore, c’est sur ces bases là que peuvent être construits  les piliers d’une société alternative et les contre-pouvoirs capables de faire face au système dominant.

2- Le rôle de l’individu
Il est absolument fondamental que nous prenions conscience de notre rôle  en tant qu’individu et en tant que personne humaine particulière.  Un immense  potentiel  de transformation de la réalité  sommeille en chacun de nous.  Nous ne saurions résoudre nos problèmes  sans  libérer ce potentiel car l’individu est le maillon essentiel de la chaine sociale.  Cela affirmé, démarquons-nous  tout de suite du  culte effréné de l’individualisme et de la compétition qui prévaut. Ceux qui en professent la religion s’emploient à dénigrer et combattre tout ce qui relève du collectif. Mais en même temps qu’ils font l’apologie de l’individu, concentrant tous les pouvoirs, ils conditionnent les comportements de chacun dans une cohérence  qui sert le système  dominant. La méthode est rodée. Les maîtres de ce système labélisent LEUR ELITE : économistes autorisés, élus intégrés à leur jeu politique, « intellectuels » idéologiquement conformes et relayant la pensée unique, tout un beau monde qui mène campagne pour infantiliser et marginaliser  ceux des « individus  d’en bas » qui osent douter de leur science. Pour ces donneurs de leçons, seuls des ignorants peuvent contester leurs analyses ! Des citoyens s’insurgent contre l’inconséquence de responsables institutionnels ou politiques ? Nul doute : ils sont « manipulés » par les opposants ou par des forces obscures !  Des ouvriers entrent en grève ?  A  coup sur,  «des agitateurs politiques  tirent les ficelles » ! Le mépris de la bourgeoisie envers la « populace » n’est pas nouveau !  Eh bien ! En écartant les chantages idéologiques qui voudraient nous empêcher de penser par « notre  propre tête », nous mettrons en action de puissants leviers  capables de renverser  le rapport des forces en notre faveur.  Chacun de nous pourra porter son indispensable contribution   à la résolution de nos problèmes, qu’ils soient individuels ou collectifs pour, enfin, accéder à un mieux vivre.
3-Impulser les pratiques solidaires
L’opinion publique perçoit difficilement le poids phénoménal des actions individuelles dans  la vie économique et sociale. La  quasi-exclusivité des informations et des statistiques rapportées par les médias concerne les circuits contrôlés par le système. En réalité, ce qu’ils appellent le « secteur informel » et qui émane de la conjonction d’une multitude d’initiatives individuelles  pèse plus lourd à l’échelle mondiale que l’économie institutionnellement contrôlée. Au bout du compte, l’initiative populaire a plus d’impact positif sur la vie des masses que toutes les mesures affichées par les gouvernements aux ordres du système dominant.  Faire en sorte, d’une part, que les objectifs individuels  se rapportent à une compréhension globale et à une perspective commune et, d’autre part, que les multiples réseaux informels parallèles existant participent d’un projet collectif alternatif, cela revient à  s’émanciper de  la dictature des élites auto proclamées et des décideurs illégitimes, mais surtout permet de contourner les politiques antipopulaires et les blocages institutionnels qui sont injustement imposées d’en haut. Précisons qu’il ne s’agit pas de déserter le front des institutions ou de l’économie « officielle » ; il est, au contraire, important d’y conquérir des positions pour les arrimer aux contre-pouvoirs. Au final, il s’agit de maîtriser tous  les  POUVOIRS qui nous permettront d’agir significativement sur notre vie. C’est la seule démarche réellement démocratique pour  penser et  construire la société alternative dont l’humanité a besoin.
En tout cas, la solution véritable à nos problèmes réside dans notre capacité à faire converger les idées et les compétences individuelles sur les plans économiques, éducatifs, culturels et sociaux, pour concevoir et impulser des pratiques solidaires.

4- Engagement individuel et action collective

Beaucoup de gens réalisent déjà des prouesses personnelles pour surmonter leurs difficultés. Les initiatives associatives alternatives sont légion. Pour que  le résultat de tous ces  efforts soit optimisé et que ceux-ci alimentent la lame de fond qui prépare la  transformation globale de la société, deux facteurs nous paraissent essentiels : une clairvoyance accrue en ce qui concerne l’engagement individuel et une conception plus lucide de l’action collective.

L’engagement personnel, pour commencer, sera infiniment plus efficace si chacun s’applique à renforcer la confiance en soi, à  surmonter la méfiance envers les autres et s’il admet la nécessité de se former et de s’amender. La décision d’emprunter cette voie ne peut venir que de l’individu lui-même à qui il appartiendra, alors,  d’établir et de respecter un protocole pour perfectionner ses comportements et ses pratiques notamment en matière  de gestion de sa vie, de consommation et de relation avec les autres (parents, voisins, collègues, autres communautés, etc.).
Mais, sans participer d’une intention commune et d’une action collective, tout engagement personnel serait vain. Dans le corps humain, chaque cellule, chaque organe,  à sa fonction spécifique, mais  tous sont en interrelation et concourent à la vie. Il en est de même pour la société qui ne peut que se déliter si chacun ne joue pas son rôle et si le bien-être de chaque individu, de chaque groupe, la constituant,  n’est pas assuré.  Tout  le corps subit les contrecoups d’une infection virale ou d’une dépression et aucun organe sain ne peut survivre à une gangrène qui  s’étend.  Inversement, un environnement sain, une bonne hygiène de vie et, en cas de dysfonctionnement, une médication appropriée, tout cela permet au corps de combattre les éléments nocifs et à l’individu d’être en bonne santé physique et mentale.
En définitive, prétendre au mieux vivre implique que nous  tournions le dos à l’individualisme et à l’empirisme, que nous  nous  engagions personnellement et que nous agissions de façon coordonnée pour extirper du cerveau de la société la psychopathie néolibérale et pour en éradiquer les institutions cancéreuses .