Les origines de l’Épiphanie… et de la galette des Rois!

C’est l’Eglise qui institua cette tradition typiquement française. Elle remonte au 13ème siècle (entre 1200 et 1300 ans).
A cette occasion, la galette était partagée en autant de portions que d’invités, plus une part. Cette portion supplémentaire, appelée « part du Bon Dieu » ou « part de la Vierge » était donnée au premier pauvre qui passait.

La fève dans la galette des rois remonte au temps des romains.
Au 11ème siècle (entre 1000 et 1100 ans), certains avaient pour habitude de désigner leur chef en cachant une pièce dans un morceau de pain. Une pièce d’argent, une pièce d’or ou bien pour les plus pauvres une fève (haricot blanc). Celui qui la trouvait était alors élu ! Plus tard ce pain fut remplacé par de la brioche.

Lire aussi : Ni trois, ni rois… La véritable histoire des Rois mages

Du XVII siècle à 1910 environ, les boulangers avaient coutume d’offrir une galette des Rois à leurs clients. L’usage s’est perdu et la galette est véritablement devenue un produit commercial.
La première fève en porcelaine date des années 1870. Après les santons ce sont désormais des figurines de héros des temps modernes qui trônent dans nos galettes!

Dans l’imaginaire chrétien, la galette des rois fait référence aux trois rois mages qui, guidés par une étoile, se sont rendus à Bethléem, pour se recueillir devant la crèche où serait né Jésus, offrant à l’enfant de précieux présents. Mais on apprend vite, en se penchant sur la question, que l’Epiphanie (ou son équivalent) était déjà fêtée bien avant l’avènement de la religion chrétienne. Linternaute.com vous propose de faire le point.

La date de l’Épiphanie et de la galette des rois

Quand peut-on (enfin) manger de la galette des rois ? L’Epiphanie est traditionnellement fixée dans le calendrier chrétien le 6 janvier, soit douze jours après la naissance de Jésus selon la liturgie romaine. Le 6 janvier tombant régulièrement en pleine semaine, une réforme a transféré la date au second dimanche suivant Noël, soit, quasi-systématiquement, au premier dimanche de janvier. La galette des rois est donc découpée à cette date, en tout cas dans les pays qui n’ont pas de jour férié dédié à l’Epiphanie.

En 2016, la galette des rois s’est traditionnellement dévorée le dimanche 3 janvier, le 6 janvier « tombant » un mercredi. L’année prochaine, la fête aura lieu le dimanche 8 janvier. En 2015, l’Epiphanie avait eu lieu le dimanche 4 janvier, tandis qu’elle était repoussée au 8 janvier en 2014. La galette peut néanmoins se déguster durant la première quinzaine du mois de janvier.

Les origines de l’Epiphanie

L’Epiphanie est le résultat d’une longue tradition remontant très loin avant la naissance de Jésus et résultant d’un mélange de traditions païennes et chrétiennes. A l’origine, il s’agissait dans l’antiquité de fêter le dieu Dionysos. Dieu de la vigne, du vin, mais aussi de la fête et des excès dans la mythologie grecque, Dionysos est intimement lié aux saisons et donc aux cycles de la végétation. La fête donnée en son honneur au milieu de l’hiver, et concomitante avec le solstice d’hiver, symboliserait sa résurrection, le retour de la lumière et donc la renaissance de cette végétation.
Représentation de Dionysos alias Bacchus, dieu de la vigne et du vin.

On évoque aussi la fête païenne dite des « Saturnales » pour expliquer l’origine de l’Epiphanie. Cette fois, c’est le dieu Saturne qui était célébré par les Romains. Un temps associé à l’agriculture et aux semences, notamment grâce à une faucille qu’il porte à la main droite, ce dieu reste relativement mystérieux. « En sommeil » une grande partie de l’année, il renait chez les Romains au cœur de l’hiver, au « crépuscule de l’année », soit une période qui, cette fois, précède le solstice d’hiver. Il symboliserait plus généralement la protection des « liens » de la famille et de la cité.

Dans les premières communautés chrétiennes d’Orient, au IVe siècle, on commence à associer cette fête à la période suivant la naissance de Jésus. L’Epiphanie est née et correspond à une « manifestation » dans le grec ancien. Autrement dit : après avoir fêté la naissance de Jésus stricto-sensu pendant Noël, les Chrétiens vont commencer à célébrer le « messie », c’est-à-dire le personnage providentiel qu’il représente. Il faut donc chercher des signes de cette messianité, soit les premières manifestations qui authentifient le Christ. Elles sont au nombre de trois dans les prémices de la chrétienté : certains évoquent le premier miracle réalisé par Jésus lors des noces de Cana, d’autres parlent de son baptême dans l’eau du Jourdain, mais au plus proche de sa naissance, la première « manifestation » de son caractère sacré est vite associée à la quête et à l’adoration des rois mages qui, eux-mêmes, reconnaissent le Messie peu de temps après sa naissance.

Le 6 janvier, soit 12 jours après Noël, devient ainsi la toute première fête sacrée du calendrier liturgique. En Occident, l’Epiphanie va progressivement absorber les anciennes traditions romaines et païennes et on va petit à petit se réunir autour d’une galette pour la célébrer.

L’acceptation de la galette des rois n’a pourtant pas été de tout repos : Luthériens, calvinistes et même certains catholiques ont un temps dit non à cette coutume païenne. En 1664, le chanoine de Senlis a notamment confié dans des discours qu’il était contre le côté un peu trop festif de la galette.

Plus récemment et dans un tout autre contexte, la galette des rois a fait polémique à Brest. C’était en 2013. Des messages postés sur Twitter et Facebook laissent alors courir le bruit que les écoliers de la ville étaient privés de couronnes des rois quand ils avaient trouvé la fève. Ils précisaient dans leurs posts que la décision émanait de la mairie de Brest… « par respect pour les musulmans » car les couronnes portaient l’inscription ‘Epiphanie’. Mais si, à l’époque, la mairie a décidé de retirer les couronnes accompagnant la traditionnelle galette des rois, c’était pour deux toutes autres raisons, d’après les explications d’un élu municipal sur son blog : 1/ les couronnes du fournisseur de la ville de Brest comportaient le logo de l’entreprises et 2/ le terme « Epiphanie », à connotation religieuse, contrairement à « galette des rois ».

Les origines de la galette des rois et de la fève

Il faut remonter au XIIIe ou au XIVe siècle pour retrouver les premières traces du partage d’une galette lors de l’Epiphanie. Une galette, partagée en autant de portions que de convives plus une : la « part du pauvre », c’est-à-dire destinée au premier pauvre qui se présentait. On parle d’abord d’un gâteau doré et de forme ronde, une description qui peut rappeler le soleil et donc le culte des Saturnales. Pendant ces festivités de 7 jours, les excès étaient permis et il était d’usage d’offrir des gâteaux à son entourage. Une tradition qui, au Moyen-Age, est devenue celle du « gâteau des rois ». Pour certains, l’appellation viendrait de la redevance qu’il fallait verser à son seigneur à la même époque. Redevance généralement accompagnée elle-même d’un gâteau.

Quant à la fève, elle aurait précédé la galette puisqu’elle date elle aussi de l’empire romain. Il était d’usage en effet dans la Rome antique de tirer au sort le roi d’un festin grâce à un jeton noir ou blanc. Il est aussi dit qu’un roi était désigné par ce biais parmi les soldats d’une garnison ou dans une famille lors des Saturnales et qu’il pouvait ainsi, pendant une journée, réaliser tous ses désirs et commander tout ce qu’il lui plaisait. Une légende rapporte également une autre origine de la fève : la légende de Peau d’âne, inspirée du conte de Charles Perrault. C’est ainsi en oubliant sa bague dans un gâteau destiné au prince que Peau d’âne aurait inspiré cette étrange coutume.

Enfin, la tradition d’envoyer le plus jeune des convives sous la table pour désigner à qui revient chaque morceau de la galette serait arrivée à la même époque. Lors des Saturnales toujours, le maître de maison demandait en effet au plus jeune de la famille, censé être le plus innocent, de désigner à quel convive il doit distribuer la part qu’il tient en main. L’enfant est généralement surnommé Phébé (pour « Phœbus » ou « Apollon »), en référence à un oracle d’Apollon.

La galette des rois : frangipane ou brioche ?

Avant d’évoquer la recette de la galette des rois, encore faut-il savoir quelle galette des rois il faut choisir. De nos jours, la galette composée de pâte feuilletée et de frangipane semble s’être imposée dans l’imaginaire. Mais l’authentique galette des rois est-elle la frangipane, la briochée ou le gâteau aux fruits confits ? A l’origine, les galettes des rois étaient de simples pains dans lesquels un haricot était utilisé en guise de fève. Mais progressivement, plusieurs régions ont ajouté à cette galette de pain sa spécificité.

La brioche, encore en usage dans de nombreuses régions, notamment dans le sud de la France, serait donc la forme la plus traditionnelle de la galette des rois, puisqu’elle est la plus proche d’une boule de pain. Dans le Nord, mais aussi en Provence et dans le Languedoc, elle est devenue le « gâteau des rois », recouverte de sucre et de fruits confits. La frangipane quant à elle serait née au XVIIe siècle sous l’impulsion d’Anne d’Autriche et de son fils Louis XIV. La galette feuilletée serait ainsi née à Paris à tel point qu’elle sera un temps surnommée « la parisienne ».[…]

La fève de la galette des rois

Dernier élément de la galette des rois, la fève est la touche finale d’une Epiphanie réussie. A l’origine, il s’agissait d’une fève alimentaire, c’est-à-dire d’un légume-grain qui était le plus consommé en Europe. La fève est une plante solide qui peut se développer dans n’importe quel terrain, ce qui explique sa popularité dès le Moyen-Age. Issue d’une grande plante aux fleurs blanches qui peut dépasser un mètre de haut, la fève est d’abord contenue dans une gousse. Chaque gousse donne entre 5 et 10 grains, qui peuvent être consommés crus ou cuits, verts ou noirs.

Dès le XVIIIe siècle, les premières fèves en porcelaine apparaissent. Elles représentent d’abord l’enfant Jésus, pour reprendre la tradition chrétienne de l’Epiphanie. Mais à la révolution, les fèves vont prendre d’autres aspects, à commencer par celui du bonnet phrygien ou de la pièce en or. Après le second empire, cette fève en porcelaine se généralise et se régionalise, représentant toute sorte de personnages, d’objets ou de métiers. Au XXe siècle, la fève en plastique va encore multiplier les possibilités, transformant parfois l’objet en support publicitaire ou en figurine de dessin animé. La fève est ainsi devenue un objet de collection. Un musée situé à Blain, en Loire-Atlantique, y est consacré et rassemble des milliers de pièces.
Dans d’autres pays, les traditions de l’Epiphanie et des Rois mages

Si l’Épiphanie n’a pas le même poids que Noël en France, la fête est très importante chez nos voisins. C’est notamment le cas en Espagne ou au Portugal, où l’on fête le jour des Rois mages. Les enfants reçoivent en effet leurs cadeaux le 6 janvier plutôt que la veille ou le matin de Noël. Le Père Noël est d’ailleurs un personnage secondaire pour les plus petits, qui préfèrent envoyer leurs lettres à Gaspard, Melchior et Balthazar. De grands défilés mettant en scène les Rois mages sur des chars sont organisés dans les villes et villages ibériques, mais aussi en Amérique Latine.

Cette tradition de fête dans la rue est également respectée en Belgique et aux Pays-Bas, même si elle est en perte de vitesse. Ces deux pays furent des possessions de l’Espagne au XVIe siècle. Elle est souvent considérée en Europe du nord comme le coup d’envoi des préparatifs du carnaval, qui aura lieu un mois plus tard. Au Mexique, on célèbre la fête en dévorant la « Rosca », un gâteau en forme de couronne souvent glacé au sucre. Là aussi, on cache une fève pour désigner le roi. Et aux quatre coins de la Russie, des milliers de gens sautent carrément dans l’eau glacée chaque année au moment de l’Epiphanie… en mémoire du baptême du Christ…