Les Formes du Désir

Jusqu’au 12 mars 2022 au Centre d’Activités de Bellevue

— Par Marie Gauthier —

L’exposition invite à porter des regards croisés sur la représentation du désir dans les relations d’amour. D’abord pulsion de vie, le désir se manifeste par l’envie de voir, d’avoir, de savoir et d’être.

La pratique artistique a quelque chose à voir avec la jouissance, tout comme la contemplation de l’art par le spectateur. Le désir s’y éprouve dans une expérience du corps et du mental, hors du champ visible. Alors, comment donner formes au désir ?

Dans la manière d’organiser son dispositif plastique, l’artiste transmet, par son intention consciente ou inconsciemment, des images qui attisent notre curiosité et nourrissent notre imaginaire. Pour cela, il use de moyens plastiques (formes, figures, couleurs, matières) jouant avec l’allusion et les sous-entendus des jeux amoureux. Parfois tragiques, parfois sensuelles ou humoristiques, les œuvres font lien avec le mystère d’un manque qui nous caractérise en tant que sujet ou être désirant.

Les thèmes représentés questionnent l’essence du désir : le rendez-vous amoureux, le rapprochement des corps dans la danse, les baisers échangés, la représentation du nu, l’érotisme, la passion dévorante, la jouissance, l’éphémère, mais aussi le désir d’absolu ou de l’Autre.

Dans sa composition Tout est question d’envie, Luis PANNIER met en scène un rendez-vous amoureux autour d’un cocktail où chaque objet est un indice de ce qui se trame dans le hors-champ. Ailleurs, des nus féminins alanguis ou debout, nimbés d’une aura électrique semblent attendre l’amant.

Par un style post-pop, ISKIAS apporte une vision enjouée et fantasmée du désir. Ses toiles font penser à des vignettes de bandes dessinées agrandies, bribes d’un récit à imaginer.

Mickaël CARUGE, dans Tumbao Urbano, figure des corps débridés et érotisés par les mouvements d’une danse caribéenne endiablée. Le fond multicolore de la scène, fait écho au rythme des danseurs unis dans la musique.

Le baiser est un geste d’amour intime, un partage d’émotions, l’expression de la tendresse par excellence. Celui de Ashlyn et Ra’montae, 21 St Lovers in USA, peint par Mickaël CARUGE est un soutien à un jeune couple mixte qui dénonce le racisme dont il a été victime au Kansas en 2015. On retrouve cet engagement dans la série de Claude CAUQUIL : des baisers échangés par des couples, de même sexe ou de sexe différent, montrés en très gros plan sur de petits formats, en couleur sépia. Quel que soit le genre, ou la race, ces toiles ont valeur d’accueil du désir dans la diversité.

Martine BAKER, par la sculpture et la photographie, et Julie BESSARD, par le dessin, poétisent la représentation du sexe féminin, non seulement comme organe du plaisir, mais aussi comme lieu et symbole de la création.

MAURE, quant à elle, présente deux tableaux abstraits qui expriment le désir d’absolu. Les Épousailles du jour et de la nuit ou l’Absolu du Désir organise un centre rouge cerné de noir et de gris vaporeux.

Dans une petite œuvre, Marie GAUTHIER pousse la passion jusqu’à la « Dévoration ». Ailleurs, dans Vanité, un rideau rouge tombe et dévoile l’éphémère du désir. Là où creuse le vent, exprime le souffle, l’énergie du vivant.

Car c’est chose suprême d’aimer sans qu’on vous aime est le message qu’HAMID nous a laissé, inscrit dans un tableau très sobre. Il donne priorité à l’amour sur le désir.

Les œuvres font écho à nos propres interrogations sur le mystère du soi, de l’autre et de l’amour. Ainsi créent-elles une tension qui témoigne du vivant dans le lieu du fantasme, de l’inconnu, d’une vérité qui se dérobe au regard.

L’art se révèle une quête sans fin du désir.

Marie GAUTHIER

Le Lamentin

Février 2022

Centre d’Avtivités de Bellevue
Corniche 3, 1er étage / FdF
Mercredi 14h 30 – 17h 30
Jeudi 13h 30 – 17h 30
Vendredi 14h 30 – 17h 30
Samedi 10h 30 – 17h 30