Les dessous peu reluisants du trafic maritime

porte_conteneurs-3Dans sa case le Monde en face, France 5 diffuse ce soir une enquête édifiante sur le transport par bateaux de marchandises.

La distance parcourue, de nos jours, pour la fabrication d’une simple veste est de 48 000 kilomètres. Le coton est récolté aux États-Unis, avant d’être envoyé en Inde où il est tissé et teint, tandis que les boutons sont acheminés du Vietnam… Autrement dit, comme souligné dans cette enquête passionnante de Denis Delestrac, « le “made in” se limite à la dernière étape d’un long périple ». Périple dont tous les tenants et aboutissants ne sont pas forcément connus du grand public. « Beaucoup de gens pensent que les entreprises vont en Asie du Sud-Est parce que la main-d’œuvre y est moins chère. Ce n’est pas tout à fait vrai », avance l’un des intervenants du documentaire, Mark Levinson, auteur de The Box : comment le conteneur a changé le monde (Max Milo, 2011). Ce n’est pas tout à fait vrai, ou plutôt, ce n’est qu’une partie de la vérité. « C’est en réalité le coût très bas du transport qui a rendu possible l’utilisation de cette main-d’œuvre bon marché », explique, en substance, le chercheur américain.

Pour en rester à l’exemple de la veste, le prix du voyage serait à peu près celui d’un ticket de métro… Sauf que, en l’occurrence, on parle de transport en mer, sur d’immenses porte-conteneurs. Alors, comment le fret maritime parvient-il à proposer des tarifs imbattables ? Il y a, bien sûr, la méthode consistant à charger toujours plus de conteneurs sur chaque bateau. Mais le principal ingrédient s’appelle « pavillon de complaisance » et consiste à immatriculer les navires dans des pays peu regardants en matière de droit du travail et de fiscalité.

De nos jours, les entreprises du secteur sont une centaine. Et elles s’avèrent fort juteuses pour leurs dirigeants, dont les revenus annuels dépasseraient les 450 milliards d’euros. « C’est plus que le budget national de la France ! » est-il pointé. Par ailleurs, le film explore très bien les conséquences environnementales de ce trafic maritime titanesque. Dommage qu’il s’achève par un prêche pour le capitalisme vert. Vu les éléments à charge, on attendait un autre verdict.

Cargos, la face cachée du fret.

France 5. 20 h 40.
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