L’erreur et l’illusion : l’objectif et le subjectif mentaux qui dévient la saisie du monde.

— Par Camille Loty Malebranche —

L’erreur est involontaire et ponctue la condition de mésinformation sur un sujet donné, c’est soit une production de l’esprit qui n’a point toutes les données sur ce qu’il aborde; soit le fait de mal appréhender ce qu’on aborde et d’en altérer inconsciemment le sens par paroles ou par maniements. Autrement, ce n’est pas de l’erreur, mais la volonté de tester ou de tromper en désinformant l’interlocuteur selon les occurrences.

L’erreur est une contrevérité, un fourvoiement mais jamais un mensonge, lequel est toujours volonté de tromper pour sciemment tromper afin de tirer conséquence ou profit aux dépens d’un autre.

L’illusion est un univers factice où vit l’illusionné et c’est seulement en changeant de grille d’analyse, son champ de perception et de conception qu’il peut être tiré de son environnement d’illusion.

On commet une erreur soit par une mésinterprétation ou un mésusage, c’est toujours un errement dans l’interprétation ou l’usage de quelque chose, en tout cas, c’est toujours le résultat d’une faille méthodologique ou d’une faute d’attention. L’erreur est donc une distorsion de l’attention, une déviation de l’analyse où notre intelligence mésinterprète ou mésuse de ce que nous considérons. Force est de remarquer qu’il y a donc des erreurs de langage et des erreurs de praxis. Erreurs que l’on commet en parlant et erreurs que l’on fait dans la pratique par contre-indication. Une erreur, à ce compte, peut-être fatale ou à tout le moins dangereuse s’il s’agit d’un mésusage à conséquence vitale. Une bavure médicale, un chirurgien qui oublierait son outil chirurgical dans les entrailles d’un patient, en est un exemple parfait.

L’illusion, quant à elle, est une croyance fausse qui obnubile son croyant et peut le conduire à la destruction en certains cas, et de fait, de toute façon, le mène au moins au devant de grands regrets si jamais un jour il se désillusionne.

L’illusion est moins immédiatement active en termes d’effets car elle concerne surtout des croyances et n’implique pas une action ponctuelle pouvant toucher à la vie comme une erreur humaine d’un aviateur ou une fausse manœuvre d’un conducteur de train. Elle (l’illusion) est néanmoins une faiblesse inhérente à l’ignorance humaine et donc le plus souvent conséquente dans le moyen ou le long terme.

L’erreur demeure la face projetée en inaptitude ou en carence d’attention objective de l’homme agissant, alors que l’illusion est la condition subjective de la perception et de la conception qu’a la conscience humaine d’une entité extérieure qui peut autant être l’infini univers que le simple caillou auquel a rapport l’entendement de l’illusionné.

La vérité exige la vérification minutieuse de l’action pour minimiser les probabilités d’erreurs et veiller à la libération conscientielle de tout univers mental d’illusion; car seul l’homme mentalement libre est inasservissable à l’illusion tandis qu’il corrige ses erreurs potentielles déjà minimisées au moment où il agit.

Camille Loty Malebranche

Illustration fournie par l’auteur(e)