L’éphéméride du 29 octobre

Jeanne de Brigue, dite La Cordelière, fut la première personne jugée pour sorcellerie par le Parlement de Paris, le 29 octobre 1390.

Elle fut brûlée vive le 19 août 1391.

Illustration : Sorcières cuisinant des enfants – tiré du Compedium maleficarum de Francesco Maria Guazzo, 1608

Biographie
Jeanne de Brigue est une paysanne de la région de Brie. Elle est connue pour ses dons de guérison et de voyance. Son procès a lieu à Paris et elle est incarcérée à la prison du Châtelet. Le 13 août 1391 elle est menée au marché aux pourceaux rue Saint-Honoré.

La chasse aux sorcières est la poursuite, la persécution et la condamnation systématique et en masse de personnes accusées de pratiquer la sorcellerie. Si la condamnation des pratiques de sorcellerie se rencontre à toutes les époques et dans toutes les civilisations, cette chasse aux sorcières du Moyen Âge tardif et surtout de la Renaissance est particulière par la croyance en un complot organisé de sorcières se réunissant en sabbat pour détruire la chrétienté en faisant un pacte avec le diable, et par la persécution et la traque massive de ces prétendues sorcières.

Les éléments théoriques de ces croyances sont élaborés par des intellectuels et théologiens et relayés massivement grâce aux nouvelles techniques de l’imprimerie. Une série de bulles pontificales établissent la légitimité des poursuites juridiques pour instruire des procès, et des manuscrits puis des livres imprimés, véritables manuels d’inquisition comme le Malleus Maleficarum en relaient les fondements théoriques et théologiques. Ces aspects sont également repris dans une iconographie qui fonde la façon dont les sorcières seront décrites dans l’art et la culture occidentale par la suite.

En Europe, ce mouvement influencé par les pratiques de persécution des juifs et des lépreux et les méthodes de l’inquisition pour éradiquer les hérésies, débute dans les années 1430 dans l’arc alpin par les procès de sorcellerie du Valais et connaît son apogée des années 1560-1580 aux années 1620-1630 jusqu’à sa remise en cause progressive.

On estime à environ 60 000 le nombre de victimes causé par les exécutions.

Le phénomène de chasse aux sorcières n’est absolument pas cantonné au Moyen Âge tardif et à la Renaissance ni aux civilisations occidentales, puisqu’on les retrouve par la suite dans les sociétés dans lesquelles la croyance dans la pratique de la magie prévaut. Des occurrences sont rapportées en Afrique subsaharienne, dans l’Inde rurale du Nord et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Quelques pays disposent par ailleurs d’une législation contre les pratiques de sorcellerie. Le seul pays dans lequel la sorcellerie est encore punie de la peine de mort est l’Arabie Saoudite.

Enlèvement de Mehdi Ben Barka le 29 octobre 1965

Mehdi Ben Barka (en arabe : المهدي بن بركة), né en janvier 1920 à Rabat (Maroc) et disparu le 29 octobre 1965 à Fontenay-le-Vicomte (France), est un homme politique marocain qui fut l’un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II et le chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste.

Le 29 octobre 1965, alors que Ben Barka se rend à un rendez-vous à la brasserie Lipp à Paris, il est enlevé et son corps ne sera jamais retrouvé. Après plus de cinquante années d’une enquête judiciaire qui n’est toujours pas terminée, l’implication des pouvoirs politiques marocain et français dans cet assassinat reste controversée.

Les documents déclassifiés des archives tchèques ont dévoilé que Ben Barka avait été un collaborateur de premier plan des services de renseignements tchécoslovaques (StB) de 1961 jusqu’à son enlèvement.

Biographie
Jeunesse et lutte pour l’indépendance marocaine
Mehdi Ben Barka est issu d’une famille de la classe moyenne : son père Ahmed Ben M’hammed Ben Barka est au début de sa carrière, secrétaire particulier du Pacha de Tanger, avant de devenir commerçant à Rabat, et sa mère Lalla Fatouma Bouanane, femme au foyer. Il fait partie des très rares enfants marocains à accéder aux études sans être issus de la bourgeoisie et est reçu premier au Baccalauréat avec la mention très bien, à une époque où le Maroc ne comptait qu’une vingtaine de bacheliers par an. Dans le contexte des luttes contre l’ordonnance du 16 mai 1930, qui plaçait les populations berbères directement sous l’autorité des juridictions françaises, Mehdi Ben Barka adhère dès l’âge de quatorze ans au Comité d’action marocaine, le premier mouvement politique né dans le protectorat. À dix-sept ans, il rejoint le nouveau Parti national pour la réalisation des réformes qui deviendra quelques années plus tard le Parti de l’Istiqlal, et dont il est le plus jeune adhérent. En 1940, Mehdi Ben Barka arrive à Alger pour y poursuivre des études de mathématiques. L’influence du Parti du peuple algérien l’incite à élargir son nationalisme à l’échelle nord-africaine : il ne dissociera jamais l’avenir du Maroc de celui de l’ensemble du Maghreb.

De retour au Maroc en 1942, il participe à la fondation du Parti de l’Istiqlal, un parti qui joue un grand rôle dans l’indépendance. Son nom, en janvier 1944, sur le Manifeste de l’indépendance lui vaut une arrestation avec les autres dirigeants du parti et il passe plus d’un an en prison. Après sa libération, étant en effet le premier marocain licencié en mathématiques, il devient professeur au Collège royal et compte le futur roi Hassan II parmi ses élèves. Il reste également un militant actif du mouvement nationaliste, au point d’être décrit par le général Juin comme « l’ennemi no 1 de la France au Maroc ». Il est finalement assigné à résidence en février 1951. En 1955, il participe aux négociations qui aboutiront au retour du roi Mohammed V que les autorités françaises avaient exilé à Madagascar et, en 1956, à la fin du protectorat.

Le principal opposant au roi Hassan II
De 1956 à 1959, Mehdi Ben Barka est président de l’Assemblée consultative du Maroc. Il initie de nombreuses mobilisations populaires visant à construire des routes et à favoriser l’alphabétisation. Au gouvernement, des ministres qui lui sont proches, comme Abderrahim Bouabid (ministre de l’Économie, puis également de l’Agriculture et vice-président du Conseil en 1958), tentent de mettre en place une planification de l’économie et défendent une réforme agraire. Pour Ben Barka, « il ne s’agit pas pour nous de faire cesser seulement l’exploitation de la période du protectorat, mais aussi l’exploitation qui a pu exister de l’homme marocain par l’homme marocain ». Ces projets se heurtent à l’hostilité des grands propriétaires terriens et de l’aile droite du parti, ce qui incite Ben Barka à impulser en novembre 1959 la création de l’Union nationale des forces populaires avec l’aile gauche de son ancien parti. Le nouveau parti revendique notamment le départ des forces étrangères (des troupes françaises sont toujours présentes en territoire marocain avec l’accord du roi), une réforme agraire en faveur des petits paysans et le soutien à l’insurrection algérienne. Le futur Hassan II, ambitieux et aspirant à succéder au plus vite à son père Mohammed V, presse ce dernier de renverser le gouvernement d’Abdallah Ibrahim et de s’octroyer les pleins pouvoirs. Le régime royal se rapproche dès lors de De Gaulle, supprime le projet de réforme agraire et commence à réprimer les militants de l’UNFP, aussi Mehdi Ben Barka choisit-il de s’exiler à Paris.

À la mort de Mohammed V en 1961, Hassan II monte sur le trône et annonce vouloir faire la paix avec son principal opposant. Mehdi Ben Barka rentre au Maroc en mai 1962. Le 16 novembre 1962, il échappe à un attentat (accident de la circulation selon la version officielle alors que sa Volkswagen fut projetée dans un ravin par une voiture de police l’ayant doublé dans un virage) fomenté par les services du général Oufkir et du colonel Ahmed Dlimi. En juin 1963, il s’exile à nouveau, après être accusé de complot contre la monarchie, Hassan II souhaitant dissoudre l’UNFP. Le 14 mars 1964, il est condamné à mort par contumace, avec Ahmed Agouliz et dix autres dirigeants du parti, pour complot et tentative d’assassinat contre le roi. De nombreux militants de l’UNFP sont emprisonnés. Pour Ben Barka, le roi n’est plus qu’un « instrument docile » du néocolonialisme.

Chef de file du camp tiers-mondiste
Mehdi Ben Barka s’exile alors, devenant un « commis-voyageur de la révolution », selon l’expression de l’historien Jean Lacouture. Il part d’abord pour Alger, où il rencontre Che Guevara, Amílcar Cabral et Malcolm X. Il s’en va ensuite pour Le Caire, Rome, Genève (où il échappe à plusieurs tentatives d’assassinat) et La Havane, tentant de fédérer les mouvements révolutionnaires du tiers-monde en vue de la Conférence tricontinentale devant se tenir en janvier 1966 à La Havane et où, affirmait-il dans une conférence de presse, « les deux courants de la révolution mondiale y seront représentés : le courant surgi avec la révolution d’Octobre et celui de la révolution nationale libératrice ».

Présidant la commission préparatoire, il y définit les objectifs, parmi lesquels l’aide aux mouvements de libération, le soutien à Cuba soumis à l’embargo américain, la liquidation des bases militaires étrangères et l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud. Bien que nationaliste, il dénonce aussi ce qu’il qualifie de « dérives impérialistes » de la monarchie marocaine lors de la Guerre des Sables contre la république algérienne. Pour l’historien René Galissot, « c’est dans cet élan révolutionnaire de la Tricontinentale que se trouve la cause profonde de l’enlèvement et de l’assassinat de Ben Barka ».

En avril 1965, il bénéficie de l’amnistie générale accordée par le roi à tous les prisonniers politiques3. Le 25 avril, Ben Barka rencontre à Francfort le prince Moulay Ali, cousin et émissaire du roi, en vue d’une conciliation avec le pouvoir royal. Le seul obstacle à son retour est la non-promulgation des textes juridiques de l’amnistie générale.

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