L’éphéméride du 20 juin

Le bactériologiste Alexandre Yersin découvre le bacille de la peste le 20 juin 1894

Alexandre Yersin, né le 22 septembre 1863 à Aubonne (canton de Vaud, en Suisse) et mort le 28 février 1943 à Nha Trang (protectorat d’Annam, actuel Viêt Nam), est un médecin, bactériologiste et explorateur franco-suisse. On doit surtout à Yersin la découverte en 1894 du bacille de la peste (Yersinia pestis) et la préparation du premier sérum anti-pesteux, ainsi que l’étude de la toxine diphtérique.

En 1888, à 25 ans, Alexandre Yersin devient médecin à Paris avec sa thèse : Études sur le développement du tubercule expérimental, dont le bacille responsable portera le nom de type Yersin. En 1889, il prend la nationalité française. Disciple de Pasteur, Yersin appliquait une rigoureuse démarche scientifique, « la méthode pasteurienne ». En 1890, lassé des laboratoires, il devient médecin des Messageries maritimes et découvre ainsi l’Indochine française qu’il obtient la permission d’explorer et où il crée la ville de Dalat avec l’aide du gouverneur Paul Doumer. En 1899, Yersin introduit l’hévéa dans la région de Nha Trang. Il est fondateur de l’École de médecine de Hanoi en 1902 (devenue depuis université de médecine de Hanoï) dont il est le premier directeur. En 2014, Alexandre Yersin a été nommé citoyen d’honneur du Vietnam à titre posthume..

Biographie
Alexandre Yersin est le troisième et dernier d’une fratrie de trois enfants. Les Yersin sont membres de l’Église évangélique libre du canton de Vaud. Sa mère a une ancêtre originaire des Cévennes chassée par la révocation de l’édit de Nantes. Son père, qui se prénomme également Alexandre (1825-1863), intendant des poudres de la Suisse romande mais également professeur de sciences naturelles aux collèges d’Aubonne et de Morges, meurt d’une hémorragie cérébrale peu avant sa naissance2,3. Sa mère élève seule leurs trois enfants (Émilie, Franck et Alexandre) et s’installe à Morges, à la rue de Lausanne 11, où elle ouvre une institution pour jeunes filles4. En 1882, Alexandre Yersin obtient son baccalauréat ès lettres au gymnase cantonal, et entame des études de médecine, en 1883, à l’ancienne académie de Lausanne, où il porte les couleurs de la société d’étudiants Stella Valdensis. Il poursuit sa formation médicale à Marbourg en Allemagne. Puis, en 1885, Yersin arrive en France, où il continue ses études à l’Hôtel-Dieu de Paris où il devient externe dans le laboratoire du professeur Cornil. Là, il fait une rencontre déterminante en la personne d’Émile Roux.

Ce dernier lui ouvre les portes de l’institut Pasteur et lui permet de participer aux séances de vaccination contre la rage. Avec lui il découvre en 1886 la toxine diphtérique. En 1888, il passe son doctorat en soutenant une thèse sur la tuberculose expérimentale où il décrivait les lésions d’un lapin atteint de tuberculose, ce qui lui valut la médaille de bronze de la faculté de médecine de Paris en 1889. Il suit à Berlin le cours de bactériologie de Robert Koch. En 1889, il devient le premier préparateur du cours de microbiologie de l’institut Pasteur. Ce cours marque la très grande influence de la recherche française à l’étranger. Après de nombreuses formalités, il obtient la nationalité française cette même année.

La découverte du bacille de la peste
Quand une épidémie de peste originaire de Mongolie atteint en 1894 la côte sud de la Chine et notamment Hong Kong, le gouvernement français ainsi que l’institut Pasteur mandatent Yersin pour y étudier les raisons de l’épidémie. Entre le 12 et le 15 juin, Yersin voyage vers Hong Kong et emmène avec lui du matériel emprunté au laboratoire de microbiologie de l’hôpital de Saïgon. À son arrivée, il apprend qu’une équipe de savants japonais menée par Kitasato Shibasaburō envoyée par le gouvernement japonais, est également présente pour étudier la nature de cette maladie. Du 17 au 19 juin, il est écarté des hôpitaux anglais, ces derniers, étant à cette époque germanophiles, donnent leurs préférences aux Japonais (formés par les Allemands). Yersin décide alors de se faire construire une petite paillote dans laquelle il installe un laboratoire rudimentaire.

Avec quelques piastres distribuées à des matelots anglais ayant pour mission d’enterrer les cadavres, il a accès au dépôt mortuaire où il peut prélever quelques bubons et les ramener dans son laboratoire.

« Je fais rapidement une préparation et la mets sous le microscope. Au premier coup d’œil, je reconnais une véritable purée de microbes tous semblables. Ce sont de petits bâtonnets trapus, à extrémités arrondies et assez mal colorés au bleu de Löffler (…) Il y a beaucoup de chances pour que mon microbe soit celui de la peste, mais je n’ai pas encore le droit de l’affirmer. »

Il l’affirme quelques jours plus tard en adressant à Paris des souches de peste et la description précise et exacte du bacille, qui sera lue le 30 juillet 1894 à l’Académie des sciences, et publiée dans le numéro de septembre des Annales de l’institut Pasteur. De son côté, Kitasato publie sa découverte d’un bacille pesteux (obtenu à partir du sang) dans le Lancet du 25 août 1894. Les deux bacilles sont différents, celui de Yersin est Gram-négatif et immobile, celui de Kitasato est Gram-positif et mobile. Le bacille de Kitasato correspond à un pneumocoque, celui de Yersin correspond à Yersinia pestis6. Bien qu’ayant réussi à isoler ce microbe responsable de millions de morts durant l’histoire, Yersin ne parviendra pas à résoudre le problème de la transmission de la maladie du rat à l’homme. Il envisagera le rôle de la mouche, mais il sera l’un des premiers à reconnaître, dès 1898, la découverte d’un autre pasteurien, Paul-Louis Simond, démontrant le rôle de la puce du rat.

La mise au point du sérum antipesteux
En octobre 1894, Yersin cherche à créer un vaccin pour prévenir la peste et un sérum pour la guérir. Il s’installe à Nha Trang au sud de l’Annam, endroit qu’il avait déjà visité durant ses expéditions. Cet endroit était judicieux pour plusieurs raisons. Il offrait la possibilité d’être isolé tout en restant proche de Saïgon et donc en communication avec la Chine et l’Inde, deux grands foyers de la peste. En 1895, il crée l’institut Pasteur de Nha Trang et met en place un laboratoire et tous les équipements nécessaires à la préparation du vaccin contre la peste. L’année 1896 voit une nouvelle grande épidémie de peste se déclarer à Canton, en Chine. Yersin décide alors de s’y rendre pour tester son sérum antipesteux (sérum de cheval immunisé contre des cultures de Yersinia pestis prélevé chez l’homme). De juin 1897 à juin 1898, Alexandre Yersin sillonne l’Inde en suivant les différentes épidémies de peste afin de perfectionner son sérum qui s’avère trop peu efficace. Paul-Louis Simond vient le relayer pour tenter de mieux faire. Car, comme l’a souligné Jean-Jacques Dreifuss, dans le journal 24 heures du jeudi 27 octobre 1994, « Identifier le bacille ne signifie hélas pas encore trouver le traitement de la maladie7. »

Son laboratoire de Nha Trang s’oriente donc vers les maladies infectieuses chez les animaux, et Yersin étudie activement une autre sorte de peste, la peste bovine, avec laquelle il obtient beaucoup plus de succès. Bien qu’échouant à isoler l’agent de cette seconde peste, il réussit à préparer de grandes quantités de sérum antipestique, à ne pas confondre avec le sérum antipesteux qui soigne la peste « humaine » dite bubonique. Un élevage étant nécessaire pour la création de ce sérum, Alexandre Yersin tente, avec peu de succès, de faire venir des vaches et des poules de Suisse afin d’améliorer le cheptel local par croisements. Tout ceci ayant un prix, Yersin se lance également dans la culture de l’hévéa et de la quinine pour trouver les financements nécessaires.

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