Légumes contaminés au chlordécone : un cas d’école ?

— Par A3C —

Le colloque de jeudi dernier par le préfet sur le chlordécone a donné lieu à de nombreux commentaires critiques. Il avait au moins le mérite de laisser entendre que l’Etat ne pouvait paraître indifférent à l’empoisonnement de notre population. Mais que fait-il réellement ? Et que faisons-nous, nous-mêmes, face à cet empoisonnement ?

L’Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe (A3C) a été saisie dernièrement d’une plainte à l’encontre d’un squatteur de terrain au Morne Rouge qui non seulement bafoue la loi puisque malgré une condamnation et un exploit d’huissier, il continue depuis 12 ans à occuper indûment une partie du terrain pour l’exploiter ; mais qui plante en terre fortement contaminée par le chlordécone.

Le produit de ses récoltes se volatilise, et l’on ne peut s’empêcher de faire des rapprochements de dates entre les marchés du Nord, les opérations dachines ou patates douces sur le bord des routes, en pleine expansion.

La loi est pourtant formelle : les article L.217-11 du code de la consommation (produits végétaux ) et L.237-2 du code rural et de la pêche maritime (produits animaux) rend passible de 4 ans d’emprisonnement et de 75 000€ d’amende tout producteur qui pourrait penser que ses productions présentent un risque pour la santé publique et qui n’avertit pas l’autorité et surtout ne les retire pas du marché.

Et pourtant la FREDON, à la demande du locataire en titre du terrain a envoyé un technicien en août dernier pour analyser les patates douces prêtes à être récoltées. Le squatteur qui avait planté ces patates a demandé au président de la FREDON de retirer son technicien, ce qui fut fait selon le locataire en titre du terrain. Toutefois un prélèvement avait eu le temps d’être réalisé, qui révélait un taux de chlordécone 11,5 fois le taux maximum officiellement admis.

Qu’a fait la FREDON au lieu de faire respecter la loi ? Rien à notre connaissance !

Plus grave, alertée par le locataire qui demandait une analyse de dachines sur le plan d’être récolté début octobre, la FREDON n’a pas bougé. Et pourtant si le terrain était pollué pour des patates douces, il devait l’être tout autant pour des dachines.

Mais il y a encore autre chose : les 4000 m2 de dachines que notre squatteur a planté, ont bénéficié d’un « coup de main » de militants se revendiquant de l’Assaupamar.

Nous avons donc saisi le préfet, l’Assaupamar, la FREDON et la DAAF pour mettre chacun devant ses responsabilités et les conséquences de ses actes.

A la FREDON et à l’ASSAUPAMAR, nous avons demandé des éclaircissements sur les faits et notamment si l’ASSAUPAMAR soutenait des militants qui plantaient sur des terrains lourdement contaminés au chlordécone, et à la FREDON nous avons demandé pourquoi ils ne se sont pas déplacés une nouvelle fois pour les dachines, contrairement à leurs missions. Sur le site de la DAAF, nous avons demandé comment faire pour dénoncer des empoisonneurs de la population.

Enfin, nous avons demandé au Préfet et nous comptons le faire aussi à la DAAF, comment il se fait que des quantités importantes de légumes puissent être récoltées et s’évanouir dans la nature sans qu’un contrôle ne puisse être effectué, sans qu’on ne puisse remonter à la source. Là la source étant identifiée – jusqu’à ce qu’un autre terrain soit squatté ! – nous demandons qu’une enquête soit diligentée. Les faits sont trop graves pour qu’ils soient écartés d’un revers de main. Et on verra bien si les autorités nationales veulent ou non protéger la population martiniquaise.

Car au-delà de ce phénomène en apparence limité, nous soupçonnons un, voire de multiples réseaux fonctionnant pour de l’argent en inondant le pays avec des revendeurs au bord des routes mais qui sait aussi dans les super et hyper marchés, de produits impropres à la consommation. Les têtes doivent tomber, à chacun de prendre ses responsabilités.

Bien entendu, nous ne sommes qu’à un début…et nous nous faisons un devoir de tenir la population au courant de l’évolution – ou non – de cette situation. Nous le devons à nos malades, à nos morts et à tous ceux qui souffrent de cette contamination.

Yvon JOSEPH-HENRI

Président de l’association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe (A3C)

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