Le viol est un crime et doit être considéré comme tel

— Par Rose Bonheur de Culture Égalité —

Aujourd’hui mercredi 3 février 2021, c’est le verdict attendu après 3 jours de procès pour viol. Un procès qui s’est tenu à huis clos, selon les dispositions légales, parce que les victimes veulent préserver le peu de dignité et d’estime de soi qui leur reste après ce crime odieux commis sur leur personne.

Car c’est bien de crime qu’il s’agit, c’est la mort de leurs projets, la fin de leur insouciance, la perte de confiance en l’Autre, l’écroulement de toute leur vie et parfois même de celle de leur proches… Si dans certains pays en guerre le viol est utilisé comme arme de destruction, chez nous et dans le reste du monde, il est une « arme de déstructuration de la personne humaine ».

On sait qu’en France, une femme est violée toutes les 7 mn, que dans 9 cas sur 10 le violeur est connu de la victime, mais que seulement 10% des femmes déclarent le viol. Nous n’avons pas les chiffres précis pour la Martinique*, mais comme ailleurs, ils sont sous-estimés car les victimes ont peur :

– Peur des représailles car le bourreau est souvent quelqu’un de leur entourage.

– Peur d’affronter les procédures judiciaires qui sont éprouvantes et pas toujours efficaces (A noter qu’en 2016, en France 73% des 32.700 plaintes ont été classées sans suite.)

– Peur de ne pas être entendues et crues, car il existe toujours des doutes, des questions visant à les rendre suspectes, pendant qu’on trouve des excuses à leur prédateur, et c’est là une autre violence qu’elles subissent.

Enfin, elles ne dénoncent pas car elles sont souvent anesthésiées, sidérées, fracassées…

 

Alors que faire ?

Pour nous à Culture Egalité, il n’y a pas de fatalité… il est primordial de continuer – et de manière encore plus déterminée – de lutter contre toutes les formes de sexisme, de domination qui réduisent les femmes à un statut de proie pour certains.

Il faut que la société, la police et la justice portent un autre regard sur les victimes et arrêtent de remettre en cause leur parole, que l’on cesse de penser « qu’elles l’ont cherché » mais que, de plus en plus, on puisse dénoncer cette culture du viol et lutter contre elle.

Il faut que les réponses pénales soient dissuasives : les associations se sont battues pour que cet acte odieux soit considéré comme un crime ; les définitions sont de plus en plus précises mais il demeure encore trop de requalifications en simples violences sexuelles.

Nous devons absolument casser le tabou du viol derrière lequel se cachent et prospèrent les criminels. Seules nos luttes vont rompre le silence des victimes, libérer leurs paroles et faire changer la honte de camp.

 

 

*Les chiffres en notre possession concernent les violences sexuelles sans distinguer les viols.

 

Rose BONHEUR

Le 3 février 2021