« Le TARMAC invite Tropiques-Atrium » du 17 au 24 mai 2017

« Le but de Roberto Carlos » & « Quatre heures du matin »

Deux créations d’Hassane Kassi Kouyaté sont invitées au Tarmac du 17 mai au 24 mai 2017.

Le but de Roberto Carlos

Texte Michel Simonot (Éditions Quartett)
Mise en scène, scénographie Hassane Kassi Kouyaté
Avec Ruddy Sylaire
Ngoni et Chant Tom Diakité
Ngoni et Flûte Peul Simon Winsé
Création musicale Tom Diakité et Dramane Dembélé
Création visuelle et Animations David Gumbs
Création Lumière Marc-Olivier René
Costumes Anuncia Blas

On notera avec intérêt le changement de comédien. Elie Pennont cédant la place à Ruddy Sylaire. On ne peut que se féliciter d’une telle substitution.

Lire la Critique de Madinin’Art lors de la création en janvier 2017 à Frot-de-France

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« Quatre heures du matin »

Texte Ernest J. Gaines
Mise en scène, scénographie Hassane Kassi Kouyaté
Avec Abdon Fortuné Koumbha
Lumières Cathy Gracia
Costumes Anuncia Blas

Dans Madinin’Art de février 2016 on pouvait lire

Ernest James Gaines était en Martinique il y a plus de dix ans à une époque où nobelisable il avait accepté à l’invitation d’une professeur d’anglais de se rendre dans des classes d’élèves. Le souvenir qu’il a laissé est celui d’un homme d’une grande gentillesse, d’une disponibilité infinie et d’une grande attention à l’égard de son public. Ce n’était pas son premier séjour sur un territoire relevant de la République Il a enseigné à l’Université de Rennes en Bretagne . Son roman publié en 1993, Dites-leur que je suis un homme (A Lesson Before Dying), a remporté le National Book Critics Circle Award et a été nommé au Prix Pulitzer. Il a été adapté au cinéma en 1999 par Joseph Sargent.
Ernest James Gainesest aujourd’hui considéré aux États-Unis comme un des auteurs majeurs du « roman du Sud » et 4 heures du matin est l’adaptation théâtrale d’un petit opuscule éponyme dont l’histoire se déroule bien sûr dans le Sud. Procter Lewis, un jeune noir de 19 ans, vient de se battre avec un autre noir pour une affaire de femme. Il a blessé, peut être tué, son adversaire. Son casier judiciaire n’est pas vierge mais rien de bien grave jusqu’à cette heure. Il vient se constituer prisonnier à la prison du comté, où les policiers sont bien évidemment blancs, tendance racistes Sud États Unis. Procter est enfermé dans une cellule en compagnie de Hattie, un transsexuel manipulateur, et Mumford un habitué de ce lieu carcéral qui lui dit qu’il y a un propriétaire blanc qui exploite à son profit la reconnaissance de ceux qu’il fait sortir de prison quoiqu’ils aient fait. Munford l’exhorte à purger sa peine, à ne pas se vendre à ne pas se laisser briser et asservir par un système dans lequel les Blancs n’ont besoin des Noirs que pour savoir qui ils sont. «  Avec nous autour, ils peuvent nous voir et savoir ce qu’ils ne sont pas » lui dira Munford.
Munford le vieux taulard sorti de la cellule est aussitôt remplacé par un jeune noir de quatorze ans, paumé de chez paumé, roué de coups. Son arrivée n’a rien de fortuit elle suggère le conflit de génération sous-jacent. Quelle décision va prendre Proter Lewis ? Collaborer au système d’aliénation ou bien envisager pour la jeunesse qui vient d’autres formes de luttes pour la dignité ?
Unité de lieu, de temps et d’action le court roman de Gaines se prêtait volontiers à une mise en scène. Celle-ci est une réussite. Elle repose sur les épaules de Abdon Fortuné Koumbha , le comédien retenu par Hassane Kassi Kouyaté pour cette version foyalaise dont l’agilité et la belle maîtrise de l’expression corporelle sont au service des différents rôles qu’il incarne, policiers, co-detenus et autres personnages. Comme toujours chez Kouyaté on retrouve ce minimalisme au service du texte et cette capacité à créer un univers de lumières qui porte le verbe et le magnifie.