Le sucre entre addiction et trouble du comportement

Damon Gameau, réalisateur du film Sugarland – en salles depuis mercredi 24 janvier –, a décidé de s’alimenter pendant deux mois comme  » un Australien moyen « , à savoir de consommer 160 grammes de sucre par jour. Sans augmenter son apport calorique -total, il fait évoluer son alimentation vers des produits plus industriels : céréales, pain de mie, plats préparés… mais pas de produits aux sucres ajoutés (confiseries, gâteaux…). Conséquence : il a -développé une stéatose hépatique, un diabète de type 2 précoce, pris 8 kg et 11 cm de tour de taille. Sans compter des troubles de l’humeur, de la fatigue. Non sans humour, son documentaire -dénonce l’omniprésence du sucre et ses effets sur la santé, arguments scientifiques à la clé – tout comme l’Américain Morgan Spurlock l’avait fait pour le fast-food dans Super Size Me (2004).

La question est de savoir si le -sucre peut agir comme une drogue. Son action se fait à deux niveaux. Tout d’abord, le goût sucré est agréable. Lors de l’ingestion, les récepteurs situés dans la bouche se connectent à des neurones dopaminergiques. Ce circuit de la récompense est activé en une fraction de seconde.  » On parle là d’un stimulus sensoriel, mais pas encore d’une drogue « , explique le chercheur Serge Ahmed (CNRS, université de Bordeaux).

Deuxième niveau,  » le sucre -ingéré passe dans le sang, et active à nouveau le circuit des neurones dopaminergiques de la récompense, en particulier via l’hypothalamus latéral. Ce circuit cérébral est aussi la cible de toutes les drogues addictives connues « , précise le chercheur. C’est en 2007 que Serge Ahmed et son équipe se sont aperçus que des rats à qui l’on proposait soit une dose intraveineuse de cocaïne, soit de l’eau -sucrée, préféraient à 90 % l’eau -sucrée. L’étude a été publiée dans PloS One. Cette observation a -depuis été répliquée dans d’autres laboratoires avec d’autres drogues.  » Les preuves étayant l’hypothèse “sucre = drogue” semblent donc s’accumuler « , écrit Serge -Ahmed dans La Lettre des neurosciences de l’automne 2017…

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