Le spectacle vivant en observation

— Par Sandrine Blanchard —

Le ministère de la culture va créer un observatoire afin de centraliser les données sur les arts de la scène.

« Nous sommes incapables de dire combien il y a de créations de spectacles par an en France. » Cet aveu de Régine Hatchondo, directrice générale de la création artistique au ministère de la culture, lors d’un débat, le 17 janvier, aux Biennales internationales du spectacle de Nantes, consacré à la diffusion des œuvres théâtrales, n’a étonné aucun des participants. D’autant que d’autres interrogations restent sans réponse. Combien de personnes assistent-elles chaque année à des spectacles ? Quel est le nombre d’entrées payantes et gratuites ? Quels publics se déplacent ? Combien de représentations sont données et quelle est l’évolution de la diffusion ? Sur tous ces points, la Rue de Valois n’est pas en mesure d’apporter des chiffres actualisés et précis.

Contrairement au secteur du cinéma qui livre chaque année, par le Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC), des chiffres détaillés de fréquentation, le spectacle vivant apparaît comme le parent pauvre des études statistiques. « Actuellement, nous disposons de peu d’éléments, nous n’avons pas de vision claire et exhaustive », reconnaît-on au cabinet de Françoise Nyssen. « Mais une petite révolution est en marche », assure l’entourage de la ministre de la ­culture. Cette « petite révolution » a pour nom l’« observatoire du spectacle vivant ». Il s’agit de créer une sorte de « CNC de la scène ».

Inscrite dans la loi « liberté de la création, architecture et ­patrimoine » votée en juil­let 2016, l’obligation, pour tous les entrepreneurs de spectacles vivants de faire remonter leurs données de billetterie (prix, nom et auteur de l’œuvre, localisation et type de lieu pour chaque représentation), est désormais sur les rails.

A la suite d’un appel d’offres, l’entreprise Capgemini vient d’être choisie pour créer l’interface informatique permettant de collecter ces chiffres et de constituer un référent national d’informations fiables sur la fréquentation du spectacle vivant. Dès juillet, le système devrait se déployer en trois vagues : les structures labélisées ou conventionnées, celles relevant du théâtre privé, puis celles déclarant leurs chiffres au Centre national de la chanson, des variétés et du jazz. Une fois le processus généralisé, un observatoire, regroupant notamment des acteurs du secteur et des représentants du département des études et des statistiques du ministère, étudiera ces données, qui seront rendues publiques.

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