Le piège, la démagogie, la parade

— RS n° 416 lundi 13 octobre 2025 —
Dès que le thème du changement de statut refait surface, on entend une petite musique insistante : «Ils veulent l’autonomie et l’indépendance, mais ils ne savent pas même pas gérer les problèmes qui relèvent déjà de leurs compétences». Et l’on passe en revue toutes les tracasseries quotidiennes : l’eau, les transports, la gestion des déchets, etc. Et alors, le berger de répondre à la bergère : «impossible de résoudre les problèmes sans pouvoirs supplémentaires». Le piège réside dans ce cercle vicieux argumentatif.

La démagogie est du côté des personnes hostiles à tout changement de statut. D’abord, parce qu’elles se gardent bien de dire exactement comment résoudre les problèmes en question, sans changer les institutions, ensuite parce que nier les obstacles du système colonial, permet sans effort de discréditer les dirigeants actuels du pays, toutes tendances confondues. Enfin parce que cette posture flatte la mode populiste du rejet global de la politique et de tout ce qui s’y rapporte.

En face, on répond le plus souvent par la promesse sans garantie qu’avec plus de pouvoir on pourra tout régler.
Bref, méthode Coué contre procès en incompétence et suspicion de malhonnêteté.

Pour sortir de cette opposition stérile, nous croyons que le mouvement populaire doit s’attacher ici et maintenant aux revendications concrètes, quel que soit le système institutionnel en vigueur.

Contre le calvaire des transports, de l’eau, des déchets, défendons des services publics immédiats, hors délégations capitalistes, sous contrôle ouvrier et citoyen !

Contre la dictature du lobby de l’import-export, qui est l’une des sources de la vie chère, réclamons une centrale publique d’achat sous contrôle ouvrier et citoyen.

Contre la quasi-monoculture du lobby bananier qui aggrave la dépendance alimentaire, battons nous pour imposer le contrôle ouvrier et citoyen sur la grande plantation.

Contre le colonialisme de peuplement, exigeons les mesures concrètes et immédiates à mettre déjà en œuvre sous l’autorité des élu-e-s actuel·le·s.

Sans vouloir décliner ici l’ensemble des ces revendications (voir RS précédents), nous insistons sur la méthode, sur la démarche permettant de ne pas rester prisonnier.es du piège dénoncé ci-dessus. Dans la Martinique d’aujourd’hui, l’audace n’est pas dans la seule répétition du mot de rupture, même traduit en kaskod. Elle est dans le combat immédiat autour de revendications mettant en cause directement le système dominant.

Se réapproprier et étendre le champ de la Sécu !

Semblant ne pas être à première vue, dans les préoccupations immédiates des Martiniquais, la Sécu reste dans notre quotidien immédiat. En prendre conscience est extrêmement important !

Lorsque nous parlons de santé, c’est de la Sécu qu’il est question ! Lorsque nous parlons de retraite et des attaques dont elle a fait, et fait l’objet, c’est de la Sécu que nous parlons ! Lorsque nous parlons du troisième âge et des difficultés financières et matérielles des EHPADS publics, c’est de la sécu qu’il s’agit ! Lorsque nous parlons du premier âge, et du manque de moyens des crèches publiques, c’est de la Sécu dont nous commentons les revers ! Lorsque nous parlons de handicap et du peu de considération objective (voir le budget qui lui est consacré) dont il fait l’objet, c’est de la sécu que nous nous plaignons ! Lorsque nous parlons d’hôpital public, c’est toujours la Sécu que nous évoquons ! Sans même énumérer aujourd’hui, tout ce qui est mis de plus en plus à notre charge, avec les déremboursements divers et autres augmentations de notre participation pour nos dépenses quotidiennes de santé.

Instituée en octobre 1945 en France, et en 1947 en Martinique pour garantir des droits sociaux pour toutes et tous, la Sécu signifiait « la garantie donnée à chacun, qu’en TOUTES CIRCONSTANCES, il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes de garantir les travailleur/es et leur famille contre les risques de toute nature, susceptibles de réduire ou supprimer leur capacité de gain… ». 

Ce projet, même encore inabouti, avait néanmoins permis au plus grand nombre de sortir des grandes difficultés suivant la deuxième Guerre mondiale jusqu’aux années 1970, moment à partir duquel les politiques planifiées d’austérité n’ont visé qu’une couverture sociale minimum ; la classe dominante n’ayant jamais digéré l’instauration de la Sécu.

Avec ces quatre-vingt ans de la Sécu, reprenons le flambeau des aîné·e·s, réapproprions nous la Sécu, dont l’argent est majoritairement celui des salarié·e·s, élargissons la, pour satisfaire les besoins sanitaires et sociaux de la population.

Décès de Guy Dufond ce 2 octobre : Le GRS à sa famille et PKLS, pour ce lutteur

Salut l’ami Guy,
Sois tranquille, tu as tracé avec d’autres, un sillon dans lequel certains se sont inscrits !
Et bien, sache qu’avec d’autres camarades encore présents, ainsi qu’avec celles et ceux qui nous rejoindrons, on continue dans l’unité de combat, le travail pour notre libération nationale et sociale, c’est-à-dire notre émancipation totale en maintenant notre boussole qui reste l’émancipation des travailleurs et des peuples par l’éradication du capitalisme à l’échelle mondiale !