» Le journal d’une femme de chambre », m.e.s. de Philippe Person

Jeudi 16, Vendredi 17, Samedi 18 mars 2017 à 19h 30 au T.A.C.

Une comédie politico-érotico-policière, d’après le roman d’Octave Mirbeau

La pièce

 Nous sommes dans les années 1970. Célestine, ancienne femme de chambre, vient de publier son journal. C’est lors d’une rencontre avec ses lecteurs qu’elle dévoile avec humour et franchise les petits et grands travers des patrons qu’elle a servis, mais aussi d’encombrants secrets et de fracassantes révélations. Philippe Person s’empare de ce texte et, comme il l’a fait dans ses précédents spectacles avec ce ton décalé qui le caractérise, nous fait découvrir un Journal d’une femme de chambre inédit et sulfureux. Célestine est effrayante, attachante, à la fois victime et bourreau. Et surtout Célestine est l’incarnation de ces êtres qui veulent « s’en sortir » et par tous les moyens. Sa trajectoire est celle de toute une classe sociale, de toute une époque, de ceux qui partent de rien, les petites gens, les sans-grade, les invisibles et qui, à force de courage mais aussi de malice, arrivent à exister enfin.

Le roman d’Octave Mirbeau est à la fois politique et érotique. Il bouscule les préjugés, et avec une audace extrême il confronte le lecteur à ses propres contradictions et triomphe, en fin de compte, car 115 ans après sa publication, le Journal n’a pas pris une ride. D’une actualité saisissante, il est le reflet des 

contradictions les plus contemporaines..Comme pour tous les grands textes, quand on a lu Le journal d’une femme de chambre, on s’en souvient. On s’en souvient toujours. Pas en détail bien sûr, mais cela des fait partie des textes qui « restent en vous ». Jean Renoir expliquait avoir été frappé par ce texte dès sa plus tendre enfance. Quand je me suis replongé dans le roman, le porter à la scène a été une évidence. Mais surtout ne pas en faire un monologue. Il y a tout au long du récit de Célestine une telle force, tant d’images, que j’ai eu envie de montrer Les Lanlaire, Mauger et autre Joseph. Une formidable galerie de personnages ! La pièce s’articule donc ainsi : Célestine raconte et sur scène prennent vie les personnages qu’elle évoque. Pour provoquer la parole, j’ai imaginé que Célestine venait de publier son journal et c’est lors d’unerencontre avec ses lecteurs qu’elle répond aux questions et évoque ses souvenirs.

Si Bunuel a placé son film dans les années 30, j’ai situé la pièce dans le sannées 70 où fleurissait encore toute « une petite bourgeoisie », bourgeoisie qu’a merveilleusement dépeinte Claude Chabrol. Quand on découvre Monsieur Lanlaire, il écoute le débat Giscard-Mitterrand avant l’élection présidentielle de 1974…Mettre en scène Le journal d’une femme de chambre pour ne critiquer que la bourgeoisie serait trop réducteur. Ce qui est fascinant : c’est elle, Célestine, qui est-elle vraiment ? Elle est mystérieuse et ambiguë et regarde tout avec un détachement et une assurance empreints d’ironie. Que veut-elle vraiment ?Jeanne Moreau qui a interprété Célestine disait : « Son rêve, je crois, c’est d’avoir à son tour une femme de chambre ». Une table, un écran constitueront le décorde Célestine, cet espace où elle répond aux questions. Un autre espace d’où les scènes du passé surgiront. Toutes ces scènes seront incarnées, pas simplement évoquées, il faut « croire » aux personnages pour donner à chaque scène, à chaque situation sa force dramatique ou comique. Costumes, décors, musiques nous plongeront au milieu des années 1970.

La pièce s’articule donc ainsi : Célestine raconte et sur scène prennent vieles personnages qu’elle évoque. Pour provoquer la parole, j’ai imaginé que Célestine venait de publier son journal et c’est lors d’une rencontre avec ses lecteurs qu’elle répond aux questions et évoque ses souvenirs.

Le plaisir de l’acteur, pour moi, est indissociable du plaisir du spectateur, l’un n’existe pas sans l’autre. Ce texte adapté par Philippe Honoré est une formidable partition pour deux acteurs.

Philippe Person

L’évidence de la modernité

Adapter pour la scène un tel chef-d’œuvre est à la fois une évidence et une gageure. Avant tout, il y a elle, Célestine R., et autour d’elle, l’autre, l’ennemi, celui qu’elle devra combattre. Une comédienne face à ces démons qui seront incarnés par un seul comédien. Dans un monde où l’autobiographie passionne, où l’intimité de chacun est révélée sans pudeur, Célestine, ancienne femme de chambre, publie son journal. Avec humour et franchise, elle dévoile les petits et grands travers despatrons qu’elle a servis ; ne cache rien de ses propres turpitudes et surtout trace le portrait de Joseph, qu’elle finit par épouser, bien qu’elle le soupçonne d’être un criminel. Les situations cocasses et tendres fourmillent, les récits s’entremêlent, Célestine est effrayante, attachante, à la fois victime et bourreau. C’est surtout un personnage incroyablement modernecomme l’est le sulfureux roman d’Octave Mirbeau.

Philippe Honoré

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 Mise en scène
Philippe Person
Librement adapté par Philippe Honoré
Avec : Florence Le Corre-Person (Célestine), Philippe Person (Joseph, M. Lanlaire, le capitaine Mauger)
Décor :Vincent Blot
Lumières : Alexandre Dujardin
Coproduction :Compagnie Philippe Person, Serge Paumier et Sole Levante
Production Coréalisation :Théâtre Lucernaire, Lieu Partenaire de La Saison Égalité 2 Initiée par Hf Île-De-France