La Trilogie Camille Claudel, Thérèse d’Avila, Sarah Kane

 

— Par Michèle Bigot —

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Après avoir présenté séparémént trois soirs de suite les trois volets de la trilogie, Charles Gonzalès en a donné l’intégralité le 18/12, au Théâtre des Halles à Avignon.

Dans son texte intitulé Vers un théâtre d’ambre, Charles Gonzalès fait le récit de cette trilogie, de sa genèse et de l’aventure humaine et théâtrale que sa création et son interprétation ont constituée. La genèse en est elle-même une véritable Odyssée, recoupant et traversant les tragédies du siècle passé et du siècle présent. Placée sous le signe de l’asile d’aliénés de Montdevergues, pendant les trente ans passés dans cet enfer où le mistral réveille les cauchemars des pensionnaires, cette tragédie dont l’idée a germé par hasard le soir même du 11 septembre 2001, à la faveur de la lecture d’une lettre écrite par Camille Claudel à l’atelier théâtre de la rue du Plateau, nous est revenue en décembre en Avignon, dans un theâtre où rôdent encore les âmes de Camille, de Thérèse et de Sarah, parce qu’il tient de la chapelle envahie de mistral, de la cloture du cloître et tout ensemble d’un sanctuaire de théâtre. Nulle part ailleurs cette trilogie ne pouvait rencontrer de si favorables échos.

Charles Gonzalès, en poète inspiré présente ainsi son spectacle :

« Je me jette à corps perdu, jour après jour, mois après mois, année après année et aujourd’hui encore après tant de représentations pareilles aux vagues de la mer qui savent de la perfection qu’elle n’est qu’un leurre pour se jouer de la mort, à la recherche de ma note juste, son frémissement, son mouvement, son geste, sa voix, son souffle et la conjuguer avec l’âme de ces trois femmes, ces trois artistes, ces trois destins,

Camille Claudel, Thérèse d’Avila, Sarah Kane.

Mon Aventure, mon Théâtre, ma Folie ! »

Il ne s’agit pas ici d’un texte dramatique original mis en scène mais du montage pour la scène de divers textes écrits par ces trois femmes, choisis, montés et interprétés par Charles Gonzalès.

Cette trilogie est née en trois temps, sa genèse s’étalant sur plus de dix ans. Au départ vient la rencontre avec une lettre écrite par Camille Claudel depuis l’asile de Montdevergues, lue par une actrice lors de la soirée du 28 mai 2001. L’idée de monter un spectacle autour des lettres de C.Claudel naît alors et commencent les répétitions. Mais d’emblée se fait jour un problème de dramaturgie : comment restituer à la scène sans la trahir l’intensité du désespoir de l’artiste privée de son œuvre, de sa liberté et de toute attache humaine ? La personne même de Camille, éblouissante de force intérieure, mélange de rébellion et de génie poétique, est troublante. Comment concentrer dans un spectacle bref trente ans de desespoir ?

Il se trouve alors que les répétions ont dû être interrompues par un voyage à Tokyo qu’entreprend Charles Gonzalès sur l’invitation de l’acteur Masahiko Akuta. En 1994, Ch. Gonzalès avait retrouvé Akuta au théâtre du Lucernaire à la faveur des représentations de Mano a mano, spectacle réunissant des textes poétiques d’Orient et d’Occident, et en 1996 lorsque Akuta donne au théâtre du Globe Van Gogh, le suicidé de la société d’A.Artaud.

Et c’est à Tokyo que Charles fait la rencontre du Kabuki.

C’est le lieu et le moment où se croisent pour lui la nouvelle de Mishima intitulée Onnagata, et les récits d’Akuta autour de sa femme, l’actrice Aoï Nakajima, qui a joué le rôle principal du film  L’empire des sens. Toute une esthétique se dévoile à lui, où l’érotisme le dispute à la mort. Il y assiste en effet à la représentation d’un spectacle intitulé La mort de la jeune fille héron joué par l’acteur Bando Tamasaburo, grand Maître de l’art onnagata, dans lequel ce sont des hommes qui interprètent les rôles féminins. En ce vingtième siècle japonais se renoue ainsi une tradition aussi vieille que celle du théâtre antique grec.

La trilogie va conserver dans sa mise en scène le souvenir de cet orientalisme théâtral, notamment la présence de l’ombrelle, l’apparition d’une femme en costume japonais traditionnel dans une vidéo finale et la constante présence d’une âme féminine sous les oripeaux de Camille séquestrée : « C’est la grâce, l’invisible présent, l’âme de la femme dans le corps d’un homme », dit Ch. Gonzalès, son projet théâtral étant de « devenir l’acteur de l’âme féminine ». Alors Charles Gonzalès devient Camille Claudel. Tel est le titre de ce premier spectacle, figurant par stylisation et transposition en un seul corps d’homme éploré, suppliant, déclamant, s’exaltant, tous les tourments endurés par Camille lors de trente ans d’enfermement et d’abandon absolu. « Une ombre de femme souffle dans le corps d’un homme » explique-t-il.

La première représentation a lieu (tragédie du sort !) le 11 septembre 2001.

Voici les termes dans lesquels lui-même présente sa scénographie : « Je me place au centre de la scène dans une pénombre naissante qui ne laisse deviner que ma silhouette. Un jupon blanc sous une longue robe de couleur sienne, chaussures aux longs lacets défaits et les cheveux ébouriffés retenus par un chignon, je suis agenouillé devant une vieille chaise de bois. »

Toute la désespérance de cette vie abondonnée se lit dans les lacets défaits que l’acteur traîne comme le signe d’une désolation !

S’enchaînent alors les lettres de Camille, adressées à la mère et au frère, toutes plus bouleversantes. Dans sa dernière lettre, elle s’adreese à son frère, l’absent, en signant

« Ta sœur en exil, C. »

Le spectacle se termine sur une voix enregistrée :

Rien qu’une femme…

Rien qu’une femme…

Rien qu’une femme…

Noir. C’est la fin

Peu de temps après, en 2002, Ch. Gonzalès met en scène les Purifiés de Sarah Kane, au théâtre de l’Imprimerie.

Les année ssuivantes, Ch. Gonzalès va découvrir Thérèse d’Avila, l’artiste, l’écrivain, la femme. Il se lance dans la traduction du texte original du Château intérieur (1577) débarrassé de toutes les censures que l’Eglise lui avait imprimées. Pour ce faire, il se rend à Avila au monastère de L’Incarnation. Il est ébloui par la femme Thérèse : « Sa personnalité est un mélange de contradictions , mystique et réaliste, exigeante et humaine, malade chronique et bien portante, féminine et masculine, contemplative et meneuse d’affaires, écrivain de génie sans lettres ! Une artiste. Une femme. Un combat. », et naît alors le second volet du triptype : Charles Gonzalès devient thérèse d’Avila dont la première représentation a lieu à Salamanque en 2006.

On devine la suite. De son travail sur les Purifiés naît le troisième volet, donné en 2007 pour lequel Charles Gonzalès devient Sarah Kane.

La trilogie se trouve désormais disponible dans son intégralité et n’a pas fini de nous transporter. Les trois personnages de femmes sont réunis dans une cohérence et l’ensemble se terminant sur l’évocation de Sarah Kane se donne comme un magnifique hommage à la présence théâtrale.

Michèle Bigot

M.E.S. et jeu : Charles Gonzalès

En tournée en France

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Quelques extraits de presse du spectacle…

« Après trois heures de spectacle ininterrompues, vous restez rivé à votre fauteuil. Trois femmes, Camille Claudel, Thérèse d’Avila et Sarah Kane, trois créatrices en lieux et temps différents ont crié à travers Charles Gonzalès, nouvel Edward Munch. »

Luc NorinLa Libre Belgique

« L’incroyable pari réussi d’un comédien hors norme dans cette Trilogie de l’âme humaine.

Extraordinaire !A ne pas manquer. »

Jean-Marie WynantsLe Soir de Bruxelles

« Un solo de théâtre en forme de miracle, un cadeau bouleversant »

Mathilde La Bardonnie Libération

« On est immédiatement tout entier dans la pensée de Camille Claudel. Charles Gonzalès est fascinant »

Armelle Heliot Le Figaro

« Le monologue achève de fasciner, lorsque l’on entend au plus intime la langue de Camille

si proche de celle de Paul.

Fabienne Pascaud Télérama

« Charles Gonzalès nous attire dans l’intimité de Camille Claudel, il dit ces textes d’une voix marquée par la brûlure et cela devient un chant impressionnant de maîtrise et d’abandon »

Odile Quirot Le Nouvel Observateur

« Des pièces sur Camille, il y en a eu et il y en aura encore, mais un spectacle comme celui de Gonzalès on n’est pas près d’en revoir. On assiste à cette lente dégradation de l’être de Camille, mais de l’intérieur, comme si on était dans son âme. C’est très impressionnant. »

Jean-Luc Jeener Le Figaro Magazine

« Par la force de cette interprétation, le cri de Camille nous parvient, bouleversant »

Annie Chenieux Le Journal du Dimanche

« Un très grand moment de théâtre ! »

M.S.L -Le Point

« Charles Gonzalès ne joue pas une femme, mais une vie. Il flirte avec l’au-delà, en virtuose

Astrid Cathala Le Journal de la Culture

« Quel spectacle étrange, on en sort boulerversé avec le sentiment d’avoir été touché au plus profond »

Michel CournotLE MONDE

« Ce que fait Charles Gonzalès est hallucinant. Camille Claudel renait en Onnagata »

Laurence Liban– L’EXPRESS

« Ce superbe spectacle a un grand pouvoir d’émotion. La transformation de Charles Gonzalès est magnifique, digne de la grande tradition du théâtre japonais »

Gilles Costaz Le Masque et la Plume, France Inter

« Un spectacle magnifique. Un très grand acteur. »

Bruno Tackels France-Culture

« L’acteur français Charles Gonzalès bouleverse le Festival d’automne de Madrid avec une Camille Claudel inoubliable »

Ignacio Francia El Pais

« Un spectacle à Paris à surtout ne pas manquer »

Stephanie Saunders The Guardian

« Ce spectacle est à la hauteur d’une tragédie grecque, le public en sort commotionné »

Luc Norin La Libre Belgique

« Charles Gonzalès et sa Camille Claudel ne cesseront de nous hanter pendant longtemps encore, ce spectacle présenté à Bruxelles hier soir est magique et plein de grâce »

Jean Marie Wynants Le Soir

« Une interprétation exceptionnelle ! »

Audrey Moulin Rappels

« Un spectacle à ne manquer en aucun prix ! »

Catherine Robert La Terrasse

« Un spectacle unique ! »

C.L Têtu

« Sublime hommage ! Spectacle bouleversant.»

Dimitri Denorme Pariscope

« Une prodigieuse composition d’acteur ! »

Jean-Claude Raspiengeas La Croix

« Une performance inoubliable ! »

André Lafargue Le Parisien

«Un spectacle d’une rare finesse. Du théâtre rare et qu’il faut découvrir à tout prix. »

Le journal d’Arte

« Ce spectacle de Charles Gonzalès fait partie des mystères du théâtre. Exceptionnel »

R.T.L