Jeudi 6 novembre – 19h30 – Tropiques-Atrium

Représentation scolaire : vendredi 7 novembre à 9h00
Une promesse d’amour et de liberté
À Saint-Pierre, à la fin du XIXᵉ siècle, Cyrilia, femme libre et gouvernante, revendique sa dignité et son autonomie dans une société coloniale où tout semble vouloir la contraindre. Sa rencontre avec Lafcadio Hearn, écrivain et journaliste irlandais fasciné par la culture créole, bouleverse son existence. Entre eux se noue une relation à la fois intellectuelle, affective et profondément humaine, qui défie les normes de leur époque.
La Promesse du Korosol met en lumière cette rencontre improbable — entre une femme créole et un voyageur européen — pour en faire le lieu d’un dialogue sur la liberté, le genre, la race et l’amour.
Dans une langue poétique, portée par la musique et le mouvement, le spectacle interroge ce que signifie aimer au-delà des frontières et des assignations sociales.
De l’écrit d’Ina Césaire à la scène
Inspirée du texte d’Ina Césaire, Moi Cyrilia, gouvernante de Lafcadio Hearn (Éditions Elytis, 2009), cette création rend hommage à une autrice majeure des lettres antillaises, disparue en 2025.
Fille du poète Aimé Césaire, Ina Césaire fut à la fois ethnologue, dramaturge et conteuse, passeuse de la mémoire populaire des Antilles. Dans ce récit, elle imagine la parole de Cyrilia, femme du peuple, à travers un échange plein d’humour, de sagesse et de vitalité créole.
Yna Boulangé signe ici une adaptation fidèle à l’esprit d’Ina Césaire, tout en y apportant sa sensibilité de comédienne, danseuse et metteuse en scène. En collaboration avec Alfred Alexandre, elle a construit une dramaturgie fluide et sensorielle, où les voix se mêlent, se répondent, s’enlacent.
La pièce devient un espace de mémoire et de dialogue, un lieu où l’intime rejoint l’universel.
Une signature scénique : entre corps, voix et mémoire
La mise en scène d’Yna Boulangé puise dans le théâtre, la danse et la musique pour créer une forme hybride, à la fois narrative et poétique.
La scène se transforme en un territoire symbolique où les gestes, les silences et la lumière racontent autant que les mots.
Les musiques d’Erik Satie, interprétées par Brandon Acker et Nicolas Lossen, viennent soutenir cette atmosphère suspendue, à la fois mélancolique et lumineuse.
Les costumes conçus par Yna Boulangé, la création lumière de Benjamin Struelens et le visuel de Fred Lagnau composent un univers épuré, sensible et profondément évocateur.
Le korosol, fruit tropical aux saveurs mêlées, devient métaphore du rapport au monde : doux et âpre, familier et mystérieux, comme la promesse d’un amour traversé par la différence.
Une rencontre entre histoire et fiction
À travers Cyrilia et Hearn, La Promesse du Korosol revisite une page peu connue de l’histoire de la Martinique : le séjour de Lafcadio Hearn à Saint-Pierre (1887–1889), période au cours de laquelle il découvrit la richesse des cultures créoles.
Mais au-delà du récit historique, la pièce rend hommage aux voix féminines de la mémoire antillaise, celles qui observent, racontent et transmettent.
En adaptant le texte d’Ina Césaire, Yna Boulangé prolonge cette filiation artistique et humaine : une parole de femme qui résiste, qui rêve et qui réinvente le monde.
Note d’intention
« J’ai voulu que La Promesse du Korosol soit une célébration de la rencontre.
Celle de Cyrilia et de Lafcadio Hearn, bien sûr, mais aussi celle d’Ina Césaire avec nos mémoires, et la mienne avec son écriture.
Ce texte me touche parce qu’il parle de dignité, de tendresse et d’émancipation.
Sur scène, je cherche à faire entendre la force des voix féminines, la beauté de la langue, la présence du corps créole dans toute sa puissance d’évocation.
Le korosol, fruit de nos jardins, devient ici symbole de ce que nous sommes : un mélange de douceur, d’amertume et de lumière. »
L’équipe artistique
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Adaptation, mise en scène et interprétation : Yna Boulangé 
- Dramaturgie : Alfred Alexandre
- Interprètes : Sarah Fromager, Olivier Levesque, Yna Boulangé
- Création lumière et régie : Benjamin Struelens
- Costumes : Yna Boulangé
- Musique : Erik Satie interprété par Brandon Acker et Nicolas Lossen
- Visuel : Fred Lagnau
- Production : Compagnie BY4
- Coproduction : Tropiques Atrium Scène nationale
- Soutiens : DAC Martinique, Collectivité Territoriale de Martinique, La Maison qui chante (Belgique), Etc_Caraïbe, L’Envol Korzémo
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Moi Cyrilia, gouvernante de Lafcadio Hearn1888. Un échange de paroles à Saint-Pierre de la Martinique 
 Ina Césaire« Cyrilia, j’ai dit bonjour ! — J’ai répondu, commère ! Et comment va ta vie ? — Pas trop mal, grâce à Dieu ! Entre donc, ma fille ! Tu tiens bon ? — Sans faiblesse, Cyrilia, et je ne te dis qu’une chose : honneur ! — La même chose pour toi, ma sœur, et je te réponds : respect ! » Ainsi débute, dans cette Martinique de la fin du XIXe siècle, une conversation entre Renélise Belhumeur, lavandière de son état, et sa voisine Cyrilia Magloire. Le sujet de ces bavardages ? 
 Le séjour à Saint-Pierre d’un singulier personnage, Lafcadio Hearn, journaliste passionné de culture créole, qui a engagé Cyrilia comme gouvernante. Par la suite, devenue l’informatrice privilégiée de celui qui disait vouloir tout connaître de la culture populaire martiniquaise, elle se fera ethnographe avisée de sa propre culture. Cet « échange de paroles » entre les deux commères prend son origine dans les souvenirs que l’écrivain Lafcadio Hearn – plus tard connu pour ses écrits sur le Japon – a laissés de son séjour à Saint-Pierre de la Martinique, en 1888. Véritable document ethnographique, ce livre est aussi un moment de pur bonheur oratoire, l’écriture d’Ina Césaire restituant merveilleusement l’inventivité, l’humour et la vigueur poétique de la langue créole.
