La diversité au casting des écoles de cinéma

— Par Clarisse Fabre —
cinefabriqueDepuis un an, la CinéFabrique accueille à Lyon des élèves de tous horizons, sociaux ou géographiques. Une mixité qui tranche avec la Fémis, sa cousine parisienne

Vous n’allez pas nous faire le coup de l’école black-blanc-beur ? «  Axelle, Coline, Augustin et Loïc laissent leur caméra quelques instants. Plantent gentiment leurs yeux dans les nôtres. L’un d’eux est noir, les trois autres sont blancs. Ils sont avant tout français et veulent devenir chefs opérateurs. Ils font partie de la toute première promotion 2015 de la CinéFabrique, une nouvelle école publique de cinéma ouverte à Lyon il y a un an et dirigée par le cinéaste Claude Mouriéras, 62 ans. -Coline prend la parole :  » On est un peu échaudés par un précédent article, illustré avec une photo de Playmobil de la diversité : un Noir, un Blanc, un Indien… « , grince-t-elle, ce mardi 20  septembre, dans la lumière du matin.

D’où vient Coline, qui ressemble à Lou Doillon, version cheveux courts et Doc -Martens ?  » J’ai une licence de sciences politiques à Lyon-II. J’ai découvert le documentaire en militant dans un parti et en filmant des manifs. Mais je ne pensais pas en faire mon métier. L’ouverture de la CinéFabrique a été un déclic « , raconte la jeune fille de 22 ans, avant de rejoindre l’atelier animé par le chef opérateur Cyril Lèbre. La CinéFabrique est installée dans un campus qui accueille des élèves en lycée professionnel. Dans les couloirs, impossible de savoir si tel élève fait partie de l’école de cinéma, des CAP coiffure ou mécanique.

Jusqu’ici, tout va bien : l’Ecole nationale supérieure de cinéma et de multimédia est soutenue par l’Etat, la région Rhône-Alpes-Auvergne, la Fondation de France, la banque Neuflize OBC, etc. Le mode de recrutement vise à élargir l’horizon social et géographique des étudiants. Ceux-ci peuvent se présenter dès le baccalauréat en poche – et non à bac + 2, comme c’est le cas dans les deux autres grandes écoles publiques de cinéma que sont la Fémis, à Paris, et Louis-Lumière, installée dans la Cité du cinéma à la Plaine-Saint-Denis, en banlieue parisienne.

Si la première promotion de la -CinéFabrique est plutôt diplômée, la promo 2016, l’est moins : dix élèves sur trente n’ont que le bac, et les boursiers constituent 50  % des effectifs. La diversité se lit dans les parcours. Loïc a un BTS d’arts graphiques. Stéphane, d’origine africaine, a grandi à Vénissieux, à côté de Lyon, et fréquentait le ciné-club. Hala, 24  ans, est une jeune réfugiée syrienne, arrivée il y a quelques mois en France. Sarra, elle, était  » perdue  » dans ses études d’histoire de l’art, à Marseille.  » C’est en observant la pauvreté dans le centre-ville, parfois plus forte que dans les quartiers nord, que j’ai décidé de faire du documentaire « , raconte-t-elle. Ce qu’elle aime ici ?  » On participe aux décisions de l’école. Si on veut faire du sport, l’école nous trouve un gymnase. «  Arrive une élève dans le bureau de la direction :  » Vous avez du Doliprane ? « 

Autre différence avec la Fémis : la -CinéFabrique ne comporte pas de département réalisation.  » Cela met trop de poids, trop de pression sur les étudiants. Ici, il y a cinq sections : image, scénario, montage, son et production. Durant les trois années d’étude, des vocations de réalisateurs peuvent naître « , explique Claude Mouriéras, qui, dans le passé, était intervenant à la…

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