La concertation est-elle possible chez nous ?

— Par Florent Grabin, Président de l’Association écologique P.U.M.A. —

Le Code de l’Urbanisme, dans son Article L 300-2, permet de cadrer la concertation préalablement à tout projet d’aménagement, ceci afin d’éviter tout blocage et autres contentieux par des mobilisations d’organisations de protection de l’environnement ou de syndicats ayant pour objet de défendre les intérêts économiques et sociaux.

Cela fait des années que nous, PUMA, attirons l’attention de nos dirigeants sur les conséquences du non-respect de cette loi, ce qui retarde la mise en œuvre d’importants projets structurants pour le développement de la Martinique. Cette concertation aurait évité ce blablabla politique permanent qui détourne la population des actions de politique publique. La non co-construction ouvre la défiance de la population qui s’estime négligée, non prise en considération.

Qui se souvient des débats de nos élus au Conseil Général de l’époque ? Tel élu n’ayant jamais vu de sa vie un échangeur qui fait une crise de nerfs lors du débat de l’échangeur de Schoelcher en indiquant qu’il n’existe pas de rivière dans l’emprise de cet ouvrage.

Quand toute la classe politique comme un seul Homme s’est braquée contre le projet de l’Autoroute initié par le Général De GAULLE lors de son passage en Martinique, et qui a été livrée en 1963 ; depuis plus de 40 ans, des travaux de modernisation ont été réalisés en permanence pour corriger les erreurs de conception et le manque d’anticipation. Pour la construction de la rocade, il a fallu plus de 25 ans.

C’est souvent que nous, PUMA, sommes pris à témoin sur certaines erreurs que l’on aurait pu éviter et qui finalement coûtent très cher à la Collectivité, donc beaucoup d’argent public. Nous faisons face au ton agressif de certains de nos élus ou administratifs qui considèrent être insultés par nos critiques positives afin d’éviter parfois l’irréparable.

Prenons la dégradation régulière de certaines portions de routes dont l’enrobé est réalisé par trois types d’intervenants, les professionnels et certaines communes ; nous avons cherché à comprendre pourquoi la durée de vie de certains enrobés réalisés par l’une des entreprises ne tient pas longtemps, alors que ceux de sa concurrente tiennent des années.

Concernant les murs de soutènement, l’absence de contrôle des tirants risque à terme d’occasionner des dégâts matériels, voire des pertes de vie, il suffit de voir l’état de dégradation de certains capots sur les murs de la Rocade. Tout expert dans ce domaine sait que la rupture d’un câble peut entraîner un phénomène domino sur les autres, le tout entraînant une importante destruction particulièrement dans cette zone de la Rocade, y compris les personnes et les biens immobiliers en amont ou aval de la zone de sinistre.

A chaque fois on appelle ‘’au secours’’ vu que quasiment toujours la destruction intervient à l’occasion d’intempéries ou petit séisme et on critique dame Nature ! C’est tellement plus facile et ça marche à tous les coups ! et on pioche dans les caisses qui devraient servir aux investissements !

Avec 4 300 agents à la CTM et pléthore dans les EPCI et communes, on pourrait au moins regarder les ouvrages sur terrain au lieu de blaguer au bureau en remplissant des tonnes de fiches que l’on perd son temps à faire viser avant de démarrer la moindre action !

Pour la traversée de Fond Lahaye, nous PUMA, avec des Entreprises locales, avons cherché à comprendre ce qui occasionnait cet important bouchon et il en est ressorti que les voies transversales permettant l’accès aux écoles et autres zones de vie du quartier entravaient la bonne circulation. Pour tenter de régler ce point noir, nous avons proposé un toboggan central d’une seule voie avec une régulation du passage des véhicules qui rétablit des capacités de trafic annulant tous embouteillages. Intérêt de l’opération : pas d’expropriations, gêne et risques aux habitants minimaux, pas de ronds-points complexes d’entrée et de sortie, pas de gêne excessive pendant des travaux assez courts, coût infiniment moindre qu’un viaduc, gros gain de temps pour sa mise à disposition, réalisation avec l’ingénierie et les entreprises locales et enfin possibilité à moindres frais et sans délais d’acquisitions foncières de dupliquer ce concept dans différents ronds-points des RN saturées.

Pour la traversée Brasserie Lorraine qui est prévue sur une bonne terre agricole, il est possible de tenir compte de différents points pour éviter tout retard pour la réalisation de ce projet. Avec un passage en tranchée souterraine, il est possible de faire circuler les véhicules légers et les motocyclettes en toute sécurité, avec des sections limitées à calculer. Sur la partie aérienne, il sera possible d’implanter une piste cyclable pour les sportifs et réimplanter la zone de production agricole. Les déblais seront utilement réutilisés pour les projets de protection des routes littorales par surélévation face à la montée engagée des eaux et face aux houles.

Sur la question de l’Eau potable, certains sachants politiques ou autres bureaux d’études vont se noyer dans le BAC du savoir universitaire, tandis que ceux qui naviguent dans les citernes de la vie du terrain vont encore une fois prouver qu’on apprend d’après ses erreurs. Pour ne pas se contredire, par fierté et manque d’humilité, on a refusé de réparer en trace directe les 83 m du tuyau de 800 mm de Séguineau, opération considérablement plus économique qui serait aujourd’hui en phase de livraison, avant le carême, si nous avions été entendus.

Nous commençons à payer cette erreur, la vérité du jour n’est pas celle du lendemain, la mise en Eau n’est toujours pas garantie et commence à susciter de fortes inquiétudes tant chez le consommateur que chez les opérateurs.

Conscients que la politique c’est l’art d’agiter la population avant de s’en servir, nous avons combattu toute l’agitation politicienne et raciste que nous avons connue ces derniers temps. Nous sommes victimes d’un fonctionnement de certains, ce qui fait que le principe de la réalité est très visible et que la mise en Eau de tous ces tuyaux n’est pas encore garantie.

Si nous voulons faire peuple, il y a urgence à mettre en place les outils du contre-pouvoir et à faire impérativement appel à l’intelligence collective pour s’accorder dans la mise en œuvre des projets structurants.

Croyons en ce que nous sommes, il en va de notre crédit politique, Pour Une Martinique Autrement, respectons la concertation et le dialogue.

Pour l’association écologique PUMA

Le Président,

Florent GRABIN