Khokho René Corail : jusqu’au 1er novembre 2017 à la Fondation Clément

— Dossier de presse —

Cette exposition rassemble les œuvres d’une figure magistrale de l’art martiniquais de la seconde moitié du 20e siècle : Joseph René Corail dit Khokho. À travers des pièces créées entre 1963 et 1998, cette exposition, par son caractère rétrospectif, veut, tout à la fois, rendre hommage au parcours singulier de Khokho et témoigner de la richesse foisonnante, de la diversité rare et de l’originalité foncière de son œuvre. Elle est une invitation à suivre ses orientations formelles très variées mais réunies par un enchaînement de thèmes qui semblent s’appeler les uns les autres ; à percevoir les choix conceptuels, liés par un fil consciemment serré, qui l’inscrivent dans une vision englobante du monde ; à saisir les multiples références qu’elle convoque et qui mettent en lumière les questionnements artistiques, esthétiques, politiques, philosophiques et religieuses dont elle s’est nourrie. S’y mêle tout cela qui donne à l’œuvre son caractère de totale liberté : la curiosité que René Corail a manifestée envers les techniques les plus variées (céramique, peinture, sculpture, art mural, architecture, stylisme…); les forces qui l’animaient, les marques de son énergie, son sens de l’invention ; la jubilation toute sienne de saisir les infinis aspects de son pays natal pour en faire un des ferments de son travail; la volonté de hisser ses origines à une hauteur transcendant les limites de son île ; les poussées créatrices suscitées par ses sujets de réflexion favoris et ses passions personnelles; les profondeurs inattendues que faisait émerger sa pensée; l’esprit humaniste qui alimentait ses créations ; sa foi en un art qui s’oppose aux valeurs dominantes par la puissance libératrice de sa dimension esthétique, par son ouverture à la connaissance et à l’émotion ; le langage et le style qui lui permettait de se faire comprendre par le plus grand nombre. Khokho a construit son art sur un attachement à sa culture, une attention constante consacrée à l’homme, un retour aux sources, une relecture des mythes fondateurs, une histoire dépouillée de tous ses clichés, la construction d’une identité, une fidélité à ses propres convictions, une reformulation de l’idée de militance, un futur imaginé meilleur : autant de forces dont il a exploité tous les ressorts. Il l’a aussi construit sur une errance dans la texture du pays. Tous les chemins qu’il a tracés, dans la nature, mais aussi dans le temps, mais aussi dans l’étoffe de la représentation, dans l’arrangement esthétique et formelle de ses œuvres, se croisent, s’entrelacent, se chevauchent, se font écho, conduisent l’un à l’autre, abolissent les frontières. Un réseau de trajectoires complices, qui crée en permanence, réinvente toujours un territoire hanté par l’esprit de résistance et au centre duquel il fait converger le maximum de ces forces.

REPÈRES BIOGRAPHIQUES
1932 : Joseph René-Corail voit le jour le 14 septembre à Beaufond aux Trois-Îlets (Martinique). 1939 : il commence sa scolarité. 1943 : il obtient le certificat d’études et entre en 6e au cours complémentaire des Terres-Sainville à Fort-de- France. Il est un élève assidu et attentif des cours de dessin dispensés par M. Peux. 1948 : il est recalé au BEPC mais passe avec succès le concours d’entrée à l’École des Arts Appliqués. Il assimile en deux ans le programme de l’école. 1950 : il obtient une bourse pour poursuivre ses études. Il entre à l’École des Arts Appliqués de la rue Dupetit-Thouars à Paris. 1952 : Rencontre avec Picasso. 1953 : il est appelé sous les drapeaux. Il est envoyé en Tunisie combattre, contre son gré, la mobilisation contre le régime colonial français. Il est démobilisé et rapatrié en France peu de temps après. Puis rappelé à nouveau pour être affecté en Algérie. 1956 : il revient en Martinique. 1956-1960 : il enseigne la céramique à l’École des Arts Appliqués. 1960-1962 : il organise des stages de formation en artisanat aux Trois-îlets, à Sainte-Anne, au Morne des Esses, crée un atelier au Saint-Esprit. 1962 : 30 septembre, naissance de l’OJAM. Il en est l’un des membres fondateurs ; 23 décembre manifeste de l’OJAM. 1963 : Affaire de l’OJAM. Il est emprisonné en avril à la maison d’arrêt de la rue Victor Sévère, puis à la prison de Fresnes. 1964 : il anime le Centre des métiers d’art (coopérative artisanale créée à Fort-de-France en 1962) aux côtés
d’Alexandre Bertrand et Jean-Joseph Dumas. 1974-1975 : il est le maître d’oeuvre de la construction de l’hôtel Vétiver à Case- Pilote. 1975 : il s’installe à Morne-Étoile. 1976 : il séjourne longuement au Sénégal. 1979 : il s’installe à Petit Préville. 1980 : il joue dans le film L’atelier du diable d’Euzhan Palcy (sorti 2 novembre). 1982 : il joue dans le film Rue Cases-Nègres d’Euzhan Palcy (sorti en 1983). 1998 : 13 février, il décède aux Trois-Îlets.

 

FRESQUES

1973 : La pêche, Bourg du Vauclin.
1979 : fresque de la Pharmacie Chomereau – Lamotte, Fort-de-France.
1981 : Cheval-navire, Basse-Terre, Guadeloupe.
1983 : Le choc des deux mondes, Bourg du Lamentin (Martinique).
1983 : fresque du Collège de Basse-Pointe. 1988-1990 : fresque du restaurant Chez Jojo, Anse à l’Âne, Les Trois-Îlets. 1995 : fresque du restaurant Chez Nini, Anse Dufour.

 

SCULPTURES

1962 : sculptures métalliques, Les Âmes du Purgatoire, Église de Bellefontaine.
1971 : Monument de la Place du 22 mai 1848, Trénelle, Fort-de-France. 1981 : réalisation du Mémorial Frantz Fanon au Macouba (installé sur le rond-point de l’UAG, Schoelcher, le 22 mai 1998).
1982 : sculpture métallique, Le choc des deux mondes, Place André Aliker, Le Lamentin. 1998 : Arbre de la Liberté, Place d’Armes, Le Lamentin. Date inconnue: sculpture métallique, Vierge et enfant, Église de Bellevue, Avenue Frantz Fanon, Fort-de-France.

 

PRINCIPALES EXPOSITIONS

1976 : 26 novembre au 11 décembre : Recherches, Théâtre National Daniel Sorano, Dakar, Sénégal.
1988 : 13 au 21 mai, exposition des anciens élèves des Arts Appliqués de la Martinique, Préfecture, Fort-de-France (Exposition collective).
1989 : 21 avril au 13 mai, L’insolite, Conseil général, Fort-de-France.
1993 : 5 au 17 octobre, L’amour de l’homme envers l’homme, Galerie Khokho René-Corail, Fort-de-France ; 3 au 24 octobre, Salon des artistes peintres et sculpteurs français d’outre-mer organisé par l’ARICOM, Espace Reuilly, Paris ; 10 au 24 décembre, CNIT Paris La Défense. (Exposition collective).
1994 : 11 au 22 juin, ALCAT’ARTS, Ducos, Martinique. (Exposition collective).
1994 : Musée José Marti, Santiago, Cuba. (Exposition collective).
1995 : 18 janvier au 3 février, Le sacré dans l’art, Galerie Khokho René-Corail, Fort-de-France. (Exposition collective).
1995 : 23 au 29 décembre, L’intégrale Khokho René-Corail, Espace France Antilles, Musée du Rhum, Sainte-Marie.