Kery James, ses rimes dansent sur le ring

— Entretien réalisé par Fara C —
kery_jamesUn parcours d’enfant de la misère qui a su s’en sortir
Deux ans après son disque d’or (Dernier MC), Kery James publie aujourd’hui le septième album à son nom, Mouhammad Alix, qu’il a coréalisé avec Tefa et Nico Sirius. Parmi les invités, mention spéciale à Faada Freddy, Toma, Lino et Youssoupha. Au gré de beats percutants, il continue de braquer son questionnement contre l’ordre établi. Ou bien, comme sur le titre Pense à moi, confié au collectif de producteurs Medeline, il adresse tendrement des conseils à son fils, sur une mélodie ourlée de mélancolie, et lui conte son parcours d’enfant de la misère qui a su s’en sortir. Un opus émouvant, puissant.

Avec son album Mouhammad Alix, le rappeur envoie dans les cordes l’idéologie dominante et sa horde de préjugés. Avec un calme de champion. En tournée et, bientôt, au Zénith parisien.

Au rappeur d’origine haïtienne, nous présentons, en guise de question, un extrait de chanson puisé dans son fulgurant disque, Mouhammad Alix. Le maître rappeur répond sans concession, avec un amour infini pour les humbles, les démunis.

« Jamais je ne renierai mes convictions / J’ai plus de fierté que d’ambition » (dans le titre éponyme Mouhammad Alix ).

Kery James J’ai écrit, avant la mort de Mohamed Ali, ce texte dans lequel j’établis un parallèle entre le rap et la boxe. Ce sportif exceptionnel a su dire non, a mis sa carrière en péril en refusant de faire la guerre au Vietnam. À mon modeste niveau, je me suis prononcé contre l’intervention de la France en Libye, en Syrie… On est suspecté de non-patriotisme, voire de terrorisme quand on ne se soumet pas à l’idéologie dominante, surtout si on vient des quartiers. Aux JO de Mexico en 1968, les Afro-Américains Tommie Smith et John Carlos ont payé cher leur poing levé, de même que l’athlète australien qui a porté un badge en solidarité. Leur geste restera dans l’histoire. Il interroge les sportifs, les artistes, les intellectuels, sur le rôle qu’ils ont à jouer dans la société.

« Je suis un Africain qui n’a pas de patron » (Douleur ébène).

Kery James J’ai toujours eu une volonté d’indépendance. Celles et ceux avec qui je travaille savent que je suis intransigeant à ce sujet. Cela m’a permis de mener des actions hors des règles du système, à l’instar de l’association que j’ai fondée (Aces), dédiée au soutien scolaire et au financement d’études supérieures. Lors de ma tournée de 2015, j’ai reversé une partie de mes cachets…

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