« Jean-Luc de Lagarigue : photographie habitées ». À la recherche du temps perdu

Jusqu’au 28 juin 2017 à Fondation Clément

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Avec ses photos les plus emblématiques prises depuis plusieurs décennies, comme apparues de sa « machine magique » photographique, surprenante. Images lumineuses. Jean-Luc de Lagarigue s’offre une exposition en grand, il livre son art et habille les murs de La Cuverie-La salle carrée à l’Habitation Clément. De son univers jaillit un package d’images acidulées.

L’exposition a été conçue autour d’une scénographie composite, souvenirs d’enfance, du quotidien , une mosaïque d’archives, des collections. Dans un va-et-vient incessant entre témoignage personnel et mémoire collective, vérité historique et émotion. Lagarigue encore aujourd’hui tire le fil de d’une œuvre qui se résume de plus en plus en un va-et–vient entre soi et soi. Entre hasards et nécessités, il file les notes ténues de sa partition autobiographique et construit pareillement des portraits qui désignent autant le monde créole que sa vision de ce monde. Photos de l’impossible de l’impalpable, est-ce si peu de dire que ces photos ont une âme ?’Comme les primitifs qui croyaient qu’on leur volait leur être quant on photographiait leur image, on se plait , se surprend même à penser que peut-être Jean-Luc de Lagarigsue capture la présence de ce qui est absent ou suggéré, son essence…fantômes impalpables d’un passé peut-être révolu , il se dégage de ses images mille impressions qui soulèvent l’émotion fugace d’une histoire multiple d’aujourd’hui, racontée comme « an tan lontan »par ce chasseur de l’instant.

On the road again !

Ainsi en est-il de cet homme comme surpris, immobile, une Vierge à ses côtés, photo sobrement intitulée « Hector Biron Martinique 1999. » 

D’autres devant les difficultés techniques auraient renoncés à prendre l’image. Esprit nomade, Jean-Luc lui, explore toutes les possibilités expressionnistes du médium En tenant ce journal photographique de ses errances, il brise « le miroir sans tain de la vie de tous les jours, »réinvente le documentaire intimiste et replace le « je » au cœur de sa Martinique et du monde Caraïbe au rythme de son poème mélancolique et incisif. Il est on the road again ! Aussi spécifique soit-elle, son œuvre n’en est pas moins perméable à une logique que l’on pourrait qualifier de picturale. Le noir et blanc est évidemment au cœur du traitement photographique et les couleurs dansent et éclairent d’un jour nouveau chaque pépite de cette exposition .singulièrement captivante et belle à la fois. Improbable d’en ressortir tout à fait indemne. Cette exposition c’est le lieu qui combat l’indifférence, un lieu chargé d’histoire sensible. Impressionniste de la pellicule, Jean-Luc n’expose pas un programme, mais raconte une histoire très poétiquement ouverte sur les marges vives et philosophiques de l’acte d’édifier. Récit transparent dont on peut dénoncer la fiction ou y adhérer. Il  traque depuis des décennies l’aventure plastique au coin des rues, l’action de ravir au temps un instant seulement des visages connus ou anonymes des espaces lacérés par le temps comme « Nord plage », des usines, des rencontres inédites, donnent à l’œil

photographique de l’artiste la correction de perspectives nécessaires au dialogue artistique.

En pratique !

A la Fondation Clément

La Cuverie-La salle carrée

Le François

Une exposition photographique individuelle

De Jean-Luc de Lagarigue

Jusqu’au 28 juin 2017

Entrée gratuite

Contact :05. 96. 54. 75. 51..

Crédits photos jean -Luc de Lagarigue

Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret.