I Bon Kon Sa !

— Par Lucien Cidalise Montaise —
Le journal « Le Monde » a communiqué le programme des 7 candidats « Socialo-écolo » en vue des élections présidentielles françaises très proches.
Economie-Sécurité-Education etc. Tout le panel des ambitions pour la France est analysé. Notons l’absence de propositions pour l’O.M. Pas l’Olympique de Marseille ! OM signifie Outre Mer Français ! Du temps de la guerre d’Algérie, le destin de cette dernière était partout dans toutes les têtes !
La question se pose pour nous Antillais, de savoir si nous existons. Certains nous ont signifié que la Martinique-étant-la-France, qu’il était superflu, sinon redondant de la particulariser. Comment dans ces conditions Voter, donc Choisir ? Quel dilemme ! Notre curiosité frisant l’insupportable, la réponse semble être un catégorique « I Bon Kon Sa ».
La Martinique à la veille de ces différentes élections dont l’urgence varie avec l’importance se divise en deux camps : la Population et les Politiciens.
L’atmosphère pré-électorale qui baigne notre île confirme inéluctablement la 2e mort de Césaire. Référent porteur de fierté , de confiance en soi et d’ambition noble au service du Pays. Qui a dit un jour «  j’ai labouré la mer ? ». Pressentait-il que cette mer Caraïbes s’avérerait stérile ou que son combat de Géant précurseur contre le Colonialisme, toujours vivant allait enfanter des combattants à la Hauteur ? Cette interrogation nous harcèle.
Notre population donne le plus désastreux exemple d’individualisme local, insulaire peut-on dire. Elle affirme crânement une proposition honnête et démocratique en votant et en même temps réalise comme un geste égoïste circonscrit au seul territoire, de sa commune, en s’abstenant ! Un geste républicain, mais point démocratique alors que c’en était la finalité. L’aspect national n’est jamais pris en compte, car transporté anémié dans les consciences et quotidiennement négligé, manipulé sinon extirpé lors des campagnes dites d’information de certains médias et du Pouvoir.
Ce peuple qui s’ignore, si vaillant par ailleurs, draine un parfum furtif de l’acceptation, voisine de la démission permanente. Pour qu’il prenne en main, avec ses mains, la réalité concrète du monde qui l’entoure, il lui faut développer le sens de son existence, de ceux qui l’entourent et de la Responsabilité. Victime d’une grande fatigue démocratique, il approuve sans les piétiner les théories nauséabondes et racistes du F.N et de la droite, pas en reste. Il acclame LePen, Sarkozy, Fillon et leurs séides et n’oublie pas Trump ! qui le fait passer de la fierté avec Obama au découragement craintif.
Plus. Un épuisement de cette « Gauche plurielle » et l’incapacité pour elle d’assumer ce concept, le rend fragile et lui ouvre la porte à toutes les incertitudes. Un simple éclat devient tronçon. Même pas une esquisse d’ouverture d’un programme futur. Cette aventure politique qu’il va vivre et supporter s’ouvre sur un spectacle de portes et de volets fermés et scellés, avec le vide comme occupant…Case abandonnée.
Concédons notre souffrance. Elle n’est pas seulement liée à la mort idéologique de beaucoup des nôtres qui ont jadis porté les idées généreuses et combatives. Nous souffrons du deuil de notre utopie. Acceptons tout de même les espérances que nous livre cet adage « J’ai perdu mes certitudes, mais j’ai gardé mes illusions ». Refusons cette autre conclusion, cruellement méprisable ironisée par l’homme le plus riche du monde W.B. « La lutte des classes existe et nous les riches l’avons gagnée ». Il y a, à la lecture de cette provocation, sans conteste une domination de l’intelligence perverse, négative et impérialiste sur notre population. Nous sommes tous des victimes bonifiées, car bénéficiant d’améliorations de toutes sortes, souvent inefficaces car appliquées sans adaptations et avec réserves défavorables. Nous bénéficions depuis nanni nannan de « faveurs » subtilement accordées, mais émoussées.
La deuxième vague d’acteurs à ce théâtre de la Soumission sont les politiciens qui nous managent. Ceux qui ont reçu pour mission de gérer notre frêle société civile, mais qui l’ignorent. Ces dirigeants, dont certains d’ordinaire « religieusement » inspirés !lors de décisions fondamentales à prendre, telles le mariage pour tous, subissent aujourd’hui les effets de l’Hibernation. Ce phénomène est caractérisé par une mise au ralenti des grandes ( !) fonctions organiques chez certains animaux pendant l’hiver, chez nous, l’hivernage. En devenant les adeptes de cette méthode Sécuritaire nos Politiciens suivis en cela par nos Intellectuels dits de gauche se saisissent du mot d’ordre « I Bon Kon Sa ! » et s’endorment. La seule technique capable de les réveiller est la Faim ! il a été constaté un aplatissement inquiétant de l’estomac de ces grands dormeurs !
70 ans après la Départementalisation le concept de l’égalité réelle( !) oublié lors d’un déménagement, devient la vedette médiatique prioritaire. Il semble avoir urgence ! Ouf ! Il a fallu aussi trois débats hautement démocratisés et popularisés pour que les futurs présidents prononcent le mot Outre-Mer, c.à.d. parlent de Nous. Ils nous ont ainsi donné VIE !! Nous ne sommes plus « secret d’État ! » Merci ! Merci ! Nous existions pourtant…
Alors cher(e) ami(e) constatons le fiasco du modèle actuel libéral. Nous avons tous sous les yeux, mêmes fermés, dans ce cas, le parfum, le spectacle de la bricole qui génère la débrouillardise sans limites. L’Individualisme et la Peur des lendemains, mères de l’égoïsme et du repli sur soi qui gangrènent notre quotidien. Le «  I Bon Kon Sa ! »
Il faut aujourd’hui vigoureusement dénoncer le comportement intrigant de nombreux  « politiciens » soucieux avant tout de leur permanence politique ( !) sinon l’éternité…
Proposer et Raisonner. Converger et Réaliser. Discuter et Choisir. Donc affirmer le Dénominateur Commun de nos futurs combats et adopter ce slogan- force « JODI JOU I PA BON KON SA ».

Lucien Cidalise Montaise
(22/01/2017)