Hypersexualisation et profits

Angélino Cabit, militant féministe.

 

 

Il suffit de jeter un coup d’œil sur les affiches publicitaires, à la télé ou dans les magazines, pour s’apercevoir que le corps de la femme est utilisé en tant qu’objet sexuel pour vendre n’importe quel produit n’ayant aucun lien avec la sexualité. C’est ce phénomène qu’on nomme généralement « hypersexualisation ». Il conduit à une surenchère sexuelle publique que dénoncent les féministes. Certain-e-s les accusent d’être rétrogrades et de manquer d’humour, en effet, ils apprécient ces pub qu’ils trouvent amusantes, coquines… ou tout simplement un hommage à la beauté de la femme, voire à sa libération ! Cependant, les capitalistes ne sont ni des esthètes, ni des bienfaiteurs de l’humanité : par cette hypersexualisation, ils cherchent avant tout à pousser les gens à consommer le plus possible pour maximiser leurs profits car « le sexe est vendeur ». Ainsi toute une économie vit de cette exploitation du corps de la femme. Citons les médias comme la télévision, la musique, l’Internet, le cinéma et les magazines. Et aussi l’industrie de la mode, des produits de beauté, les fabricants des divers aliments de  » régime « , les laboratoires pharmaceutiques, ainsi que les spécialistes du marketing, de la publicité… À cela, on peut ajouter la pornographie, de plus en plus banalisée par les media cités ci-dessus et la prostitution. Ainsi, on a estimé qu’un enfant québécois peut voir à la télé 6,7 scènes sexuelles à l’heure ! Et que le quart des requêtes sur l’Internet concerne des sites pornographiques !

Mais si les profits générés par l’hypersexualisation et, plus généralement, par l’exploitation sexuelle de la femme se chiffrent à plusieurs milliards de dollars, il faut savoir aussi ce qu’ils coûtent à la société. En effet, toute une panoplie de problèmes en découlent : troubles de l’alimentation, obésité infantile, image corporelle négative, piètres performances scolaires, consommation de cigarettes, de drogues ou d’alcool, sexualisation précoce s’accompagnant d’ITS (infections transmises sexuellement), de grossesses involontaires, mais aussi de l’usage de la coercition, de l’exploitation sexuelle et de la violence sous différentes formes…

Ces effets touchent surtout les jeunes filles, à tel point qu’on propose parfois d’appeler le phénomène que nous venons de décrire « sexualisation de l’espace public » et de réserver le terme d’hypersexualisation à son effet sur les filles. En effet, celles-ci sont nombreuses à se conformer, de plus en plus jeunes, au modèle unique de beauté, de séduction et de soumission qui leur est imposé.

Mais les garçons et les hommes aussi souffrent de la sexualisation de l’espace public : ce modèle leur impose à eux aussi une sexualité technique, mécanique, axée sur la performance sexuelle et la consommation, ce qui favorise les relations superficielles, dépourvues d’émotion et empreintes d’incompréhension.

Tous, hommes et femmes, nous devons donc réagir et refuser ce modèle capitaliste de socialisation et de relations entre les sexes, car « si on ne fait pas partie de la solution, on fait partie du problème » !

 

Angélino Cabit, militant féministe.