Hommage aux sœurs Nardal

Vendredi 13 mars 2020 de 8h 30 à 13h Hôtel de la CTM

Paulette (1896-1985), Jeanne, Andrée, Alice, Emilie, Lucie, Cécile
« Nous n’étions que des femmes. Nous avions ouvert la voie aux hommes »
Quand on parle de Négritude, on pense Césaire, Senghor, Damas.
Quand on parle de féminisme, on pense à l’UFM (Union des Femmes de Martinique), créée en 1944.
Quand on parle d’hygiène, de santé, d’actions en faveur de la famille, de la mère et de l’enfant, on pense au Front Populaire et au programme social du Conseil National de la Résistance aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale.
Les soeurs Nardal symbolisent aussi cette nouvelle conception du monde qui cherche à donner aux faibles, aux déshérités, aux opprimés une place dans la société. Elles ont marqué les mouvements intellectuels, littéraires, scientifiques, artistiques au sein des étudiants martiniquais dans le Paris de l’entre-deux-guerres, puis en Marti-nique au XXe siècle.
Au cours des années 1920-1930, les étudiants martiniquais à Paris s’ouvrent aux civilisations africaines et à leurs diasporas de la Caraïbe et du continent américain. C’est une conscience de race qui s’éveille. Le salon des soeurs Nardal à Clamart est fréquenté par les Martiniquais Aimé Césaire, René Maran (Prix Goncourt 1921 pour « Batouala »), le Sénégalais Léopold Sedar Senghor, le poète cubain Nicolàs Guillèn, le Guyanais Léon Gontran Damas, l’anthropologue haïtien Jean-Price Mars, le Ja-maïcain Marcus Garvey, la cantatrice noire américaine Marian Anderson… C’est un mouvement d’avant-garde illustré par la parution de « La Revue du Monde Noir ».
« Bâtir une identité nègre » posait certes quelques difficultés et contradictions au moment où d’autres, comme Frantz Fanon, parlaient de culture négro-africaine des-tinée à « se densifier autour de la lutte des peuples, et non autour des chants, des poèmes ou du folklore ». Mais il y avait chez les soeurs Nardal, en particulier chez la plus connue, l’aînée, Paulette, une dynamique de revalorisation de soi, un désir d’ap-propriation d’un passé autre que celui présenté par le colonisateur, une volonté de parler de « Nous » comme partie d’un ensemble plus large qu’on pourrait appeler un humanisme universel.
Marie-Hélène LEOTIN,
Conseillère Exécutive en charge du Patrimoine et de la Culture

 

Programme

9h00 – Allocutions d’ouverture
9h15 – Erick NOEL, Université des Antilles
Le Paris créole des soeurs Nardal : une rétrospective historique
« Le Paris créole dans lequel gravitent les soeurs Nardal est à l’aube des années 1930 un microcosme en plein bouillonnement. Alors que les fêtes du Tricentenaire mettent en lumière les vieilles colonies, les forces montantes d’une Afrique récemment conquise révèlent des positionnements différents. Martiniquaises, les soeurs qui animent un salon à Clamart se font par leur activité et leurs écrits le reflet de ces divergences ».
9h30 – Philippe GROLLEMUND, auteur de FIERTES DE FEMME NOIRE.
Entretiens/ mémoires de Paulette Nardal – L’Harmattan 2018
Paulette Nardal, les confidences de la femme des fiertés noires ses souvenirs parisiens d’avant-guerre, l’intuition féminine de la négritude, ses actions musicales et sociales de femme noire en Martinique.
10h00 – Cécile BERTIN ELISABETH, Université des Antilles
Les NARDAL : Textes, contextes et co-textes
Il est d’usage de rappeler la mobilisation du monde noir entre Harlem Renaissance et Négritude. L’action des soeurs Nardal n’a-t-elle pas été non seulement pionnière mais aussi centrale du point de vue conceptuel à cet égard ? Et pourtant, comme le montre l’évolution du regard d’une autre femme auteure : Maryse Condé, la reconnaissance de l’action primordiale des soeurs Nardal a tardé. Joseph Zobel aura été l’un des rares auteurs à prendre position dans cette période d’oubli de ces intellectuelles d’exception. En somme, quelle place est alors accordée à ces femmes et quelle place revendiquent-elles ? Les enjeux de l’engagement des soeurs Nardal sont transcrits dans des textes-clés qu’il convient d’insérer dans leur contexte.
10h20 – Débat
10h45 à 10h55 – Pause
11h00 – Charles SCHEEL, Université des Antilles
Les soeurs Nardal, Henri Jean-Louis Baghio’o de Guadeloupe et la conception de La Revue du Monde Noir dans le Paris créole de 1931-32
Il semble rester peu de documents concernant le lancement de La Revue du Monde Noir dans les archives de la famille Nardal. Mais une maquette de la revue, esquissée par « Maître Jean-Louis » (auteur de l’article « La Race Créole » dans le premier numéro paru en 1931) et retrouvée à Paris, suscite des questions sur les liens des soeurs Nardal avec l’ardent pan-africaniste Henri Jean-Louis, son épouse, Fernande de Virel, professeur de musique, et leur fille, Moune de Rivel.
Programme
11H20 – Laura BUCHER, Université des Antilles
Paulette Nardal, une femme dans la « Cité martiniquaise »
Le 7 février 2020 la chorale « La joie de chanter » a donné un grand concert aux Trois-Ilets pour marquer les soixante-six années de son existence. Cet événement est l’occasion de rappeler la place occupée par Paulette Nardal, fondatrice de cet ensemble vocal dans la société martiniquaise. Dans cette communication tirée de notre mémoire de Master 1 *, nous évoquerons notamment le parcours militant de cette figure féminine et féministe de la fin de la Seconde Guerre Mondiale au début des années 1950, à travers deux autres de ses créations : le mouvement Le Rassemblement féminin et le journal La Femme dans la Cité. Celles-ci permettent de voir comment Paulette Nardal qui s’appuie sur un féminisme chrétien, entend contribuer à former les femmes afin qu’elles jouent un rôle dans la vie politique et sociale martiniquaise.
* « Paulette Nardal, une femme dans la Cité, parcours militant d’une martiniquaise », Master 1 Histoire et patrimoine des mondes caribéens et guyanais sous la direction de Monique Milia-Marie-Luce (MCF Histoire Contemporaine), Université des Antilles 2014-2015
11h40 – Clara PALMISTE, Université des Antilles
Paulette Nardal et l’association Rassemblement féminin : actions en réseau -1944-1950
Cette communication interroge l’imbrication et l’interaction entre les différents réseaux dans lesquels les soeurs Nardal évoluent, en particulier Paulette Nardal : ceux « hérités » de sa mère Paule Nardal (moins étudiés), ceux constitués à Paris et enfin ceux à son retour en Martinique. Comment les deux précédents réseaux nourrissent ses réflexions et actions dans l’association le Rassemblement féminin, déclarée officiellement en mai 1945 et dont les activités sont relayées à travers son organe de presse, La femme dans la cité.
12h00 – Catherine MARCELINE, avocate, auteure et conférencière, présidente de l’association « Paulette Nardal au Panthéon »
Paulette Nardal au Panthéon
L’association « Paulette Nardal au Panthéon » a été créée afin de rendre visible cette grande figure du matrimoine national qu’est Paulette Nardal, avec le double objectif de mettre en lumière sa contribution à l’histoire régionale, nationale et internationale, d’une part, et de soutenir sa demande d’entrée au Panthéon par l’apposition d’une plaque, d’autre part.
Dans cette perspective, l’association organise depuis quelques années des actions de diffusion d’informations, de programmation de conférences et de lobbying.
Un site internet permettant de comprendre le parcours de Paulette Nardal, son héritage ainsi que l’actualité de l’association a été mis en ligne pour une plus large diffusion auprès du public.
12h15 – Débat
12h30 – Chorale Joie de Chanter
Prestation en hommage à Paulette Nardal
12h45 – Clôture de la manifestation