Hommage à des aînés qui ont montré la voie

 

Présenté par José MUCRET, militant du Comité Populaire Sud

 

 

Clément BARBARA

 

           En lutte depuis son adolescence contre l’exploitation capitaliste, particulièrement actif pendant la grève des ouvriers de la canne en 1956, Clément BARBARA, originaire du Marigot, vivait au Robert quand le mouvement l’a contacté en 1971. Il est l’un des pionniers qui ont permis que les familles défavorisées s’installent sur les terrains de Cité Lacroix. En 1972, il est des premiers à organiser clandestinement les ouvriers agricoles en « Comités d’habitations ». Avec les travailleurs de « Gachette», il a constitué l’équipe fer de lance de la grève de 1974 pour toute la région centre. Pendant cette période, il s’est révélé un éminent stratège, et a conduit les troupes marchantes à travers tout le pays, se jouant des forces de répression jusqu’au guet apens de Chalvet, où seul son génie lui a permis d’échapper à la mort. Le camarade BARBARA a été un des principaux constructeurs de l’UTAM. Il était réputé pour sa disponibilité à servir les autres. Il a milité jusqu’à ces derniers jours malgré la maladie et son âge avancé. Il nous a laissé le 06 février 2011.

          C’est l’un de ceux qui, nous animant de son idéologie prolétarienne, nous a permis de comprendre  la situation des ouvriers et l’intelligence des réponses que peut porter notre peuple à ses difficultés dans tous les domaines.

Nous avons le devoir de lui rendre hommage.

Valère SAUVAGE

Camarade Sauvage est un ouvrier agricole retraité, cofondateur de l’UTAM, Ancien secrétaire général de l’UGTM ouvriers agricoles, également Animateur de l’AAMIG.

          Tous ceux qui le connaissent savent que c‘est un  rebelle qui n’accepte aucune injustice et qui est prêt à partir, seul s’il le faut, défendre une cause !

 Il participait déjà aux grèves menées par la CGT en 1963 et à toutes celles qui ont suivi. Quand  la grève se déclenche dans les bananeraies en 1974, il entre en contact avec les organisations traitées de « gauchistes » à l’époque. Après diverses expériences, il décide de militer avec les Comités Populaires et le mouvement Asé pléré An nou lité. C’est chez lui que le lancement du journal est décidé et il est à l’origine du nom lui-même.

Particulièrement actif lors de la création de l’UTAM, il participe vivement à la lutte idéologique pour que le syndicat soit réellement dirigé par les ouvriers eux-mêmes et, parvenant à surmonter les divisions qui minaient le syndicat, il contribue à en faire un syndicat de classe phare dont découlera la construction de l’UGTM.

Le camarade Sauvage n’a jamais arrêté de défendre la nécessité que les masses soient aux commandes de la lutte et nous a toujours inspiré de sa combativité. C’est pour cela que nous lui rendons hommage aujourd’hui au nom de tous les militants fidèles à notre ligne historique.

Josette BOMARE

Josette Bomaré concluait  le témoignage qu’elle nous a donné quand nous avons réalisé la brochure « Asé pléré Annou lité » par ces mots :

          «Dans tous les cas, je suis une combattante. Je suis née communiste et je mourrai communiste. »   Et à propos des jeunes, voici ce qu’elle disait :

« Les jeunes ne peuvent pas lutter s’ils ne connaissent pas notre histoire. Il faut la leur montrer pour qu’ils soient capables de prendre des décisions ».

 « Je dis aux jeunes qu’il faut qu’ils se battent. Si nous n’avions pas lutté nous n’aurions rien aujourd’hui. Regroupez-vous ! Comptez sur vous-mêmes. N’attendez pas de l’Etat. Il ne donne pas, au contraire, il vous prend ce que vous avez. Apprenez à vivre l’un avec l’autre. Ceux qui ont un petit morceau de terre, qu’ils le plantent.

Ces deux extraits suffisent à révéler le tempérament de cette camarade qui dirigeait la grève des ouvriers agricoles de 1974

          Josette BOMARE a commencé à travailler à l’âge de quinze ans comme manœuvre maçon. Elle a transporté des seaux de ciments pour la construction du pont du Lamentin ! Quand elle a commencé à  travailler dans la canne, elle a milité avec le Parti Communiste. Et elle le rappelle, avec fierté : « Nous allions dans tous les recoins du pays mener le combat pour l’installation de la sécurité sociale et pour les congés payés. Avec Georges MAUVOIS père, nous faisions des réunions « an ba tout bwa ». J’allais dans toutes les réunions communistes. »

Depuis qu’elle a commencé à travailler dans les champs de canne et plus tard, dans les bananeraies,  elle a participé à tous les mouvements de grève et a été confronté aux gendarmes et à la répression.

           La camarade Bomaré n’a cessé de nous éclairer de ses conseils et de nous motiver par son engagement sur tous les fronts. C’est pour cela que nous sommes fiers de lui rendre hommage aujourd’hui.

Yvon ROISIER

          Yvon ROISIER, que nous appelons aussi « Camarade Martin » est un ouvrier du bâtiment retraité, membre du Comité Populaire Nord Atlantique. Il est aussi Animateur de l’association inter générationnelle (AAMIG)

 Nous étions encore dans le GAP en 1972, quand il a pris l’initiative de nous écrire pour  exprimer son accord avec notre ligne idéologique et exprimer son souhait de porter sa contribution à la lutte. Vous imaginerez ce que cela a pu représenter pour nous, jeunes militants novices, quand vous saurez de quel militant il s’agissait.

Parti faire la guerre en Indochine, parce qu’il était influencé par la propagande des colonialistes français, il découvre la réalité dans laquelle vit le peuple vietnamien et rejoint la voie de la résistance.  Après la guerre, il reste au Vietnam devenu un pays socialiste où il devient Marxiste-léniniste. Travailleur modèle dans les mines de charbon, il est décoré à deux reprises.

          Plus tard, il décide de revenir en Martinique.  Il doit pour cela subir une incarcération en France.  De retour au pays, il s’approche de diverses organisations et après analyse, il considère que c’est le GAP qui correspond le mieux à son idéologie.

           Depuis, Le camarade Roisier est de tous les combats et n’a de cesse de nous conseiller. C’est un modèle de rigueur dont nous nous inspirons constamment.

Nous souhaitons lui rendre un fervent hommage et le remercier pour son exemple.

 

 

BILAN DE L’ANNEE 2012 SUR LE PLAN INTERNATIONAL

Présenté par Esther ELOIDIN  –  Militante de l’éducation

          Si l’on en croit les médias occidentaux, vu le temps qui y a été consacré, les événements les plus déterminants pour l’histoire de l’humanité qui se sont produits en 2012  sont la grossesse de la princesse Kate, les tribulations de DSK, la guéguerre entre Fillon et Coppé et l’éventuel départ de Gérard DEPARDIEU  pour la Belgique ! En tout cas, ce n’est pas de ces médias là qu’il faut attendre les informations et les explications nécessaires à une véritable  compréhension des enjeux majeurs au plan international.

          En ce qui nous concerne,  nous faisons le constat que les événements, qui se sont succédés  au cours de cette année 2012, confirment largement l’analyse que nous faisons de la situation internationale.

I/ Le système capitaliste est en bout de course.

          Le système financier a été définitivement déréglé par la voracité des spéculateurs avec la complicité des banques qui sont à leur service. La dette et le déficit des Etats impérialistes atteignent des records :

Un seul exemple :   Les Etats Unis d’Amérique, première puissance mondiale, ont un budget fédéral  déficitaire de 1330 milliards de dollars une dette publique qui dépasse les 16.000 MILLIARDS DE DOLLARS !

Face à la crise qui touche leurs pays et face à la montée en puissance des pays émergeants comme la Chine, les gouvernements occidentaux, y compris le gouvernement socialiste français, imposent aux populations des politiques d’austérité qui jettent de larges fractions des populations dans la précarité et la misère. Les uns après les autres, les pays européens baissent les salaires, augmentent les impôts et les taxes, diminuent les pensions pendant qu’ils reculent  l’âge de la retraite.

Les conséquences pour la population sont dramatiques.

Le 3 décembre dernier, l’agence de Statistique Eurostat annonçait que 24,2 % de la population des 27 pays de l’Union Européenne, soit 119,6 millions d’êtres humains, étaient confrontés au risque de pauvreté.

L’explosion du chômage et de la misère, mais aussi  la culture de l’individualisme et de la violence sciemment attisée par les classes dominantes, ont pour conséquence un profond mal-être dans les populations. Suicides, toxicomanies, massacres en série sont des expressions du dérèglement social.

Ainsi, l’année 2012 nous a incités à  abandonner « lespwa mal papay » que les gouvernements mettront fin à leurs politiques néolibérales ; elle nous a rappelé aussi que la seule issue pour les peuples est la résistance.

II/ L’année 2012 nous a confirmé aussi que les risques d’une troisième guerre mondiale ne sont pas à écarter

 

          Dans l’espoir d’assurer la survie du système, les gouvernements impérialistes se prédisposent  pour un affrontement majeur.

 Les préparatifs d’une agression contre l’Iran se sont intensifiés.  Après l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, la cible visée  en 2012 a été la Syrie. L’un des aspects de la stratégie des pays impérialistes consiste à semer le chaos dans tout pays susceptible de leur faire obstacle.  Et, dans ce contexte, les Européens ont eu le toupet de s’auto-attribuer le PRIX NOBEL DE LA PAIX !

 En tout cas,  l’année 2012 nous à montré que nous devons nous préparer au pire. Et cela d’autant plus que, dans le même temps où s’accumulent les risques de guerre mondiale, les gouvernements ont montré qu’ils n’ont aucune intention de lutter contre les effets catastrophiques du changement climatique alors que les effets redoutés en ce domaine se manifestent déjà.  Les drames provoqués par l’ouragan Sandy aux USA,  par les catastrophes à répétitions aux Philippines ou dans la Caraïbe n’attristent pas outre mesure ces gouvernements qui ont refusé  de prendre les mesures qui s’imposent aux sommets de RIO et de Doha !

III/  Mais, cette année a confirmé également que les peuples ne se laissent pas faire.

          En 2012, les mobilisations de masse se sont intensifiées dans tous les pays capitalistes contre l’application des politiques d’austérité scélérates imposées par les gouvernements et, sur toute la surface du globe, les peuples se sont révoltés contre les régimes totalitaires.

          Dans les rencontres internationales, les gouvernements des pays dominés et anti-impérialistes se sont opposés radicalement aux pressions et diktats des impérialistes.

Il faut saluer tout particulièrement les avancées dans la lutte du Peuple Palestinien dont le pays  a accédé au statut d’Etat non membre des Nations Unies. Avec l’échec de la nouvelle agression barbare menée par son armée  dans les territoires occupés, condamné par l’opinion internationale, l’Etat d’Israël se trouve de plus en plus isolé.

            Mais  le plus réconfortant pour les peuples, c’est qu’en 2012, les avancées  ont été très importantes dans la construction d’un autre monde plus juste.

Les relations entre les pays du sud se sont renforcées sur les plans diplomatiques et économiques. Particulièrement dans notre grande région, sous l’égide des gouvernements anti-impérialistes, l’intégration et la coopération ont fait de grands pas.

  Cela a permis d’obtenir des résultats encourageants sur le plan économique et de faire reculer la pauvreté :

Malgré la crise mondiale, la croissance de la zone Amérique latine- Caraïbe a été de 3 % en 2012, et le chômage a été historiquement bas (6,5 %).

Mais au-delà des moyennes statistiques, avec l’exemple du Venezuela, nous constatons que les améliorations sont possibles quand les gouvernements s’opposent aux politiques néolibérales. Grâce à la Révolution Bolivarienne, le taux d’analphabétisme a chuté de 9,1% en 1999 à 4,9% en 2011. 83% des jeunes accèdent à l’enseignement supérieur. La mortalité infantile a chuté  à 13,95%, l’espérance de vie a progressé de deux ans. Près de la moitié de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 1999, moins d’un quart aujourd’hui. La pauvreté extrême a été divisée par deux (de 21,7% à 10,7%).

Nous ne pouvons parler du Venezuela sans rendre un hommage appuyé au Président Hugo CHAVEZ.

          En conclusion, malgré toutes les difficultés et tous les drames subis en 2012, nous pouvons donc reprendre confiance en la possibilité d’un avenir meilleur.
Je terminerai en insistant sur le fait qu’aucun pays ne peut prétendre résoudre ses problèmes sans prendre en compte le caractère déterminant des facteurs internationaux.

Seule la globalisation des résistances peut mettre fin à la globalisation du pillage et de l’oppression. Il est donc essentiel pour nous de comprendre les enjeux internationaux  et d’intégrer la lutte de notre peuple à la dynamique mondiale visant :

–       à mettre fin au système capitaliste et impérialiste,

–       à sauvegarder l’environnement et à défendre l’intérêt des générations futures,

–       à combattre l’exploitation et l’oppression pour permettre un épanouissement solidaire de tous les êtres humains et de tous les peuples.

Je vous remercie de votre attention

 

BILAN DE L’ANNEE 2012 DANS NOTRE PAYS

Présenté par Alain LIMERY, militant du Comité Populaire de Fort-de-France

S’il est une année qui puisse permettre d’illustrer toutes les problématiques concernant notre pays, c’est bien celle-là. 2012  avait commencé avec les difficultés du  Groupe Lancry et l’année s’est terminée avec le conflit des marins pêcheurs.

– La situation de la pêche et des marins pêcheurs, en effet, est tout-à-fait symbolique de la situation générale de notre pays. Voilà un secteur qui était, moribond, paralysé par des directives européennes inadaptées, qui commençait à relever la tête grâce aux initiatives prises notamment par les patriotes, et puis, qui risquait d’être définitivement assassiné par des décisions préfectorales !

Les aquaculteurs connaissent le même drame. Cette situation nous rappelle que notre pays est pollué, que la santé de notre peuple a été mise en danger, que des pans de notre économie sont une fois de plus menacés, parce que c’est de l’autre bord qu’on nous impose des décisions, parce que l’intérêt des profiteurs prime sur celui de la population. Et, si nous ne luttons pas, cela ne risque pas de changer puisqu’on s’entête à refaire le même coup avec  l’épandage aérien !

Mais les difficultés du Groupe Lancry en Janvier 2012,  que nous avons évoquées au début, sont aussi significatives de notre situation. Notre économie est à la merci des investisseurs qui reniflent les profits et ce sont les salariés qui paient les pots cassés.

D’une façon générale, le marasme qui régnait sur le plan économique s’est approfondi.

– En 2012, l’agriculture martiniquaise a vécu l’une de ses plus tragiques situations.

Les spectaculaires efforts réalisés par les agriculteurs, les cadres et les techniciens agricoles, et qui avaient permis le développement de la SOCOPMA et de ses filiales ont été anéantis par des administrateurs qui n’ont pas tenu compte des conseils et observations aussi bien de certains producteurs que des instances représentatives du personnel. On pourrait se demander si leurs erreurs colossales de gestion, qui visiblement ne servent pas la majorité des membres, ne cachent pas d’autres objectifs. La justice doit se prononcer vers mi-janvier. Attendons !

La production sucrière n’a pas échappé à la logique de spéculation, puisque la seule usine à sucre du pays est régulièrement en déficit de tonnage et par conséquent financier. Est-il nécessaire de rappeler la situation des petit producteurs de canne qui disparaissent faute de pouvoir apporter les traitements appropriés à leur exploitation. Le plan canne adopté par le Conseil Régional et l’Etat ne suffit pas à inverser le cours des choses.

Les apiculteurs ont toutes les difficultés à maintenir leur activité et ce depuis les dégâts consécutifs au cyclone Dean, mais aussi du fait de la contamination des ruches par un parasite qui affecte très fortement les rendements.

Beaucoup avait garanti que le tourisme présentait une salutaire alternative

Les dernières statistiques publiées par l’Organisation Caribéenne du Tourisme (Caribbean Tourism Organization) révèlent que la Martinique a connu, pour les six premiers mois de l’année 2012, une baisse de 1,4 % de la fréquentation touristique.

En réalité c’est toute l’économie qui est en crise :

Dans son bulletin sur les tendances conjoncturelles du 2ème trimestre 2012, l’IEDOM note :

– que l’indicateur du climat des affaires se dégrade et perd  9 points.

– que le pourcentage des entreprises en interdiction bancaire a augmenté  de 2 points.

– Il faut  rappeler que, par rapport à 2010, le nombre d’entreprises défaillantes a augmenté de 44 % et que l’activité du BTP a baissé de 20 %.

De fait en 2012, les acteurs du BTP, les professionnels du secteur hôtelier et les gérants de crèche, sont montés au créneau pour exposer la situation catastrophique dans laquelle ils se trouvaient.

Dans un tel contexte, les conditions de vie de la population se détériorent.

– Le taux de chômage a poursuivi son ascension. Les demandeurs d’emploi sont au nombre de 42.940, ce qui correspond  à un taux de 25,4 %. Le plus inquiétant, c’est que, parallèlement, les offres d’emploi sont en nette diminution (moins 7,9 %).

– Le Gouvernement Français a fait voter une loi visant à lutter contre la vie chère dans ses possessions « d’outre-mer ». L’avenir dira ce qu’il en est ! Mais pour l’instant les prix continuent de grimper. Selon une récente étude de l’INSEE, des postes essentiels de la consommation des ménages tels que l’alimentation, la santé et l’énergie ont connu une forte hausse sur un an. (Alimentation : + 4,3 % ; services de santé : 0,2 % ; énergie : + 4,4). En attendant, selon l’IEDOM, les dépôts de dossier auprès de la commission de surendettement  ont augmenté de 8.1% au troisième trimestre 2012.

–  Nous n’oublions pas que nos compatriotes vivant en France sont également victimes des politiques d’austérité. Selon un article paru dans le France-Antilles du 7 décembre 2012, à l’approche de l’hiver en France, nombreux sont nos compatriotes qui font appel à la Case Sociale Antillaise pour se nourrir. Les dirigeants et bénévoles de l’association ont été surpris par leur afflux massif.

– le dérèglement social s’est accéléré et les faits de violence se sont multipliés, les toxicomanies se sont répandues.

 Dans un tel contexte, les tensions sociales se sont fortement accrues et, au cours des douze mois de l’année, nos compatriotes se sont mobilisés dans tous les secteurs :

Les éleveurs d’ovins, porcins, caprins, et de volailles  ont pu imposer  une limitation de la hausse des prix après avoir investi les locaux de MNA (Martinique nutrition animale)

 – Les transporteurs de personnes et de marchandises ont organisé une opération « mòlòkoy » pour protester contre des mesures inadaptées imposées par l’Europe.

Dans le secteur de l’éducation, des élèves et des parents se sont mobilisés contre l’insécurité, à propos des difficultés de restauration ou de relation avec des administrations. Les enseignants déportés au mépris des promesses du gouvernement se sont battus pour le droit de travailler dans leur pays.

Dans le secteur de la santé, le personnel du centre Emma VENTURA, les biologistes, les travailleurs des hôpitaux dénonçant, le manque d’effectif et de matériel, les conditions inacceptables de travail qui mettent en cause la qualité des soins devant être portés aux malades se sont, eux aussi, mobilisés. Plus généralement, des actions ont été  menées par un large collectif qui s’oppose aux conséquences de la gestion capitaliste de la santé et aux conditions de la fusion des hôpitaux.

– Les stations-service sont restées paralysées pendant 15 jours.

– Les habitants du quartier « fond sinistrés » qui attendent d’être relogés depuis le passage de la tempête tropicale « Dorothy» le 20 août 1970 sont montés au front.

 – Les employés de la Colas,  de l’entreprise ERT, les ouvriers travaillant à la construction de la nouvelle centrale de Belle Fontaine, les salariés de l’Hôtel Club des Trois Ilets et du Diamond Rock,  des artistes regroupés dans le  « CLAK » (collectif d’artistes libre en caraïbe), les employés de diverses crèches, les agents municipaux de plusieurs communes,  les employés des Centres Communaux d’Actions Sociales, les agents des communautés de commune, le  personnel de la Société Martiniquaise de HLM, le personnel de la SME,  de l’ADIL, le personnel de la CAF, le personnel de l’association d’aide à la personne, « Cad’Home », les douaniers , les agents de sécurité de l’aéroport, les surveillants de la prison de DUCOS mais aussi les détenus, les employés du tri postal de Fort-de-France,

tous ces travailleurs se sont mobilisés en 2012, contre des licenciements abusifs, pour le paiement d’arriérés de salaire, pour de meilleures conditions de travail,  ou pour le respect par leur hiérarchie.

ET CERTAINS OSENT PRETENDRE QUE LE PEUPLE MARTINIQUAIS N’EST PAS DISPOSE A LUTTER

Non seulement notre peuple lutte, mais il multiplie les initiatives pour réagir :

Sur le plan économique : Nous avons parlé plus haut des difficultés de SOCOPMA, eh bien, il faut saluer la résistance des producteurs, des cadres et des salariés qui se sont organisés dans Martinique Agriculture pour préserver le patrimoine et défendre le secteur agricole. Plus globalement, on a pu assister à l’émergence de poche de résistance s’articulant principalement autour des initiatives d’autoproduction dans de nombreux domaines,  (ex : la multiplication des marchés, etc.)  Le foisonnement de l’économie populaire est une réponse salutaire sans laquelle notre peuple ne survivrait pas et  il nous semble important de dénoncer les manœuvres faites pour la criminaliser

Sur le plan social : On ne saurait énumérer toutes les actions entreprises par les associations en matière de solidarité, mais Il faut saluer particulièrement la signature de la charte du Forum de Solidarité Martinique par des organisations citoyennes qui ont entrepris de collaborer pour lutter, entre autres contre les violences et pour une société pacifiée.

Les mobilisations pour la défense et le développement de notre culture, pour la réappropriation de notre histoire ont connu une ampleur sans précédent en 2012 !  On peut citer :

– les commémorations du 22 Mai1848, de l’insurrection de Septembre 1870, de l’African Libération Day,

– le Convoi pour la Réparation,

– la semaine de célébration de la langue et de la culture créoles à Trinité,

– le 6ème village de l’écologie et des alternatives de Sainte-Anne, les jeux KALINAS,

– la 13ème édition de la quinzaine de la jeunesse caribéenne organisée par l’OMDAC.

– La publication de nombreux ouvrages  (romans, bandes dessinées, manuels pédagogiques) et autres productions sont venus confirmer la richesse de la vie intellectuelle dans notre pays.

ET CERTAINS CONTINUENT A REPETER QUE : «  PESONN PA KA FE AYEN !!

Pour terminer le bilan, nous abordons le domaine politique. Là aussi, l’année 2012 est riche en enseignement.

– Le débat sur la date d’installation de la nouvelle Collectivité Territoriale de Martinique a été tranché par les autorités françaises. Ce sera 2015. Voilà qui vient nous rappeler qu’en matière d’évolution institutionnelle nous ne sommes absolument pas maîtres du jeu et que pour les patriotes et anticolonialistes, la question de la décolonisation reste entièrement posée.

– Cette année, la Martinique a été admise comme membre de la Commission Economique Pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPALC). Si l’on peut considérer que  cela favorisera les relations avec nos voisins caribéens, il faut rappeler, là aussi, que le gouvernement Français reste maître du jeu.

Les élections législatives ont confirmé le déclin de la droite assimilationniste et l’aspiration du peuple à un véritable changement. L’élection des députés patriotes Marie-Jeanne et NILOR ainsi que de Bruno Nestor Azérot exprime cette aspiration. Cependant, le fort taux d’abstention des électeurs  exprime aussi un manque de confiance envers la classe politique et les solutions proposées,  et cela,  il faut le prendre pleinement en compte.

– Le grand intérêt manifesté par des Martiniquais de tout bord pour l’initiative de « Kolétètkolézépol »  qui a tenu ses deuxième et troisième colloques en 2012, confirme le grand désir d’union du peuple Martiniquais et sa volonté de voir le plus grand nombre travailler ensemble pour l’intérêt supérieur du pays.

J’en arrive à ma conclusion

Le constat est unanime, toutes les couches et toutes les classes à la Martinique,  traversent une crise qui revêt un caractère profondément structurel. Le sentiment qui est partagé tant par la population que par de nombreux acteurs de la vie, dans tous les domaines d’activité, c’est que l’horizon est très obscur. Mais les faits confirment la grande capacité de notre peuple à réagir. A nous donc de conduire les actions qui nous permettrons de transformer notre pays pour le mieux-être et le mieux vivre dans l’intérêt du plus grand nombre.

Je vous remercie de votre attention.

 

BILAN DE L’EXPERIENCE « ASE PLERE ANNOU LITE »

Présenté par Jean ABAUL, militant du Comité Populaire Nord Caraïbe

          La camarade Josette BOMARE disait que « Les jeunes ne peuvent pas lutter s’ils ne connaissent pas notre histoire. Il faut la leur montrer pour qu’ils soient capables de prendre des décisions ».

Certains rabâchent « qu’il faut étudier l’histoire » en prenant soin d’en déchirer certaines pages. Alors, il me semble essentiel de  rappeler les grands traits du parcours de notre mouvement.

Nous en avons fait le récit détaillé dans la brochure « Asé Pléré Annou lité, à la croisée des Chemins » que je vous invite à lire. Mais je vais présenter les principaux éléments.
C’est en 1970, que s’est constitué le Groupe d’Action Prolétarien qui est à l’origine de notre mouvement. Il a été créé par des étudiants revenant de France, dont certains ont arrêté leurs études pour venir mener le travail révolutionnaire, ainsi que par des jeunes  militants, lycéens, chômeurs ou ouvriers.

          Après une première période d’activisme pendant laquelle nous avons impulsé des luttes sociales qui se terminaient souvent en affrontement avec la police, nous avons procédé à un bilan de notre travail.

Dès 1972, nous avons considéré que notre priorité devait être de contribuer à la formation politique des masses et à leur organisation pour qu’elles dirigent elles-mêmes leur lutte. Vous retrouverez dans la brochure « A la croisée des chemins » un compte-rendu des actions multiples que nous avons menées en ce sens. Mais, bien sûr, notre intervention la plus importante a concerné le secteur agricole et a débouché sur la grande grève de Janvier Février 1974.

C’est après que notre mouvement a pris une ampleur incontestable. Pour répondre aux nouvelles nécessités de la lutte, le GAP s’est transformé en « PARTI DES TRAVAILLEURS DE MARTINIQUE Marxiste-léniniste » (PTM). C’est ce noyau politique qui a permis :

–          la création de la radio et du journal ASE PLERE ANNOU LITE en 1981,

–          la création des syndicats de lutte de classe, en particulier l’UTAM et de la centrale syndicale UGTM,

–          l’organisation de la jeunesse ALCPJ,

–          la création des Comités Populaires et du CNCP le 28 Août 1983.

Chacun sait ce que notre mouvement a pu porter dans le paysage politique Martiniquais. Il a pu bénéficier d’une estime très large dans tous les milieux.

          Mais, comme toute institution humaine, nous avons connu des crises de croissance.
Notre notoriété et notre engagement sur le front électoral, ainsi que les nouvelles questions posées par l’évolution de la situation globale ont eu pour conséquence que des réponses différentes se sont exprimées au sein du mouvement. Cela a conduit à une scission donnant naissance à l’organisation « Le PALIMA » en 1999.

Plus tard, notre alliance avec le MIM, notre victoire commune aux élections Régionales a permis au camp patriotique de faire des avancées spectaculaires. Mais nous avons eu à connaître également des effets pervers. En effet, certains responsables du CNCP ont complètement tourné le dos à nos propres orientations considérant qu’il fallait s’aligner totalement sur la stratégie  de nos partenaires.  N’ayant pas eu le courage politique de débattre ouvertement des divergences et d’en tirer les conséquences organisationnelles, ils ont choisi de provoquer une crise au sein de notre mouvement.

                                            LA SITUATION ACTUELLE

 

          La situation actuelle se caractérise par la dispersion des structures qui constituaient le mouvement Asé Pléré Annou Lité !

– Le noyau coordinateur que constituait le PTM s’est évaporé car des partisans d’une obscure et énigmatique   « 4ème phase » ont carrément tourné le dos à son idéal, à sa ligne, à ses statuts et à la pratique de coordination du mouvement.

La centrale syndicale UGTM impulsée par la « Ligne des Ouvriers et des paysans » reste présente dans le paysage syndical Martiniquais, active surtout avec ses sections stations services,  santé et Socopma. Elle joue un rôle notable dans le travail en intersyndicales. Mais force est de constater que le lien politique qui existait entre les membres travailleurs et le mouvement politique s’est considérablement étiolé.

Radio APAL qui jouait un rôle de liant pour le mouvement,  poursuit un bon travail dans la continuité des objectifs que nous avions fixé en la créant, notamment sur le plan culturel, sur la coopération inter-caribéenne, sur l’ouverture à tous les courants. Mais, les promoteurs de la « 4ème phase », ont écarté les partisans de la ligne historique de façon absolument indigne et la radio n’est plus l’expression politique de la ligne initiale du mouvement. Il en va de même pour le mensuel Asé Pléré Annou Lité.

– Quant aux Comités Populaires, leur dernière AG  s’est tenue le dimanche 27 août 2006
  Le CNCP, qui est statutairement le regroupement des délégués, ne se réunit plus depuis belle lurette.
Certains délégués siégeant au bureau ont déserté leur comité populaire depuis deux ans et ne peuvent donc se prévaloir d’aucun mandat.
Le bureau exécutif actuel n’a été désigné par aucune réunion règlementaire du CNCP
Les Comités Populaires ne sont pas associés aux prises de positions exprimées en public par quelques personnes au nom du CNCP.

D’autre part, depuis que le mouvement a décidé de s’engager sur le front électoral, il a été gangrené par les travers propres aux élections dans une société capitaliste et coloniale. (Lutte des égos, pratiques opportunistes, abandon de l’organisation autonome des masses)

Dans un tel contexte de désorganisation et de confusion, quelques personnes, non mandatées, ont entrepris d’écarter de nombreux militants et se sont arrogées  abusivement le droit de parler au nom du CNCP.

          Face à cette situation, les militants fidèles à notre ligne fondatrice et fondamentale ont constitué une coordination regroupant des membres des 5 comités et de la section émigration qui composent l’organisation. Nous avons adressé un appel à tous les militants, sans exclusive, à se réunir pour porter des réponses consensuelles et démocratiques aux difficultés. Les promoteurs de la « quatrième phase » sont restés muets et sans réaction.

Il faut donc constater qu’une nouvelle organisation de fait s’est distinguée, en opposition à la ligne, aux principes et au règlement de notre mouvement, en s’accaparant du sigle CNCP et surtout en bafouant toute éthique révolutionnaire.

Il n’est évidemment pas question pour nous de disputer une étiquette. Ce qui est déterminant c’est la continuité de notre travail. Aussi, poursuivons-nous nos activités dans le cadre de la COORDINATION DES COMITES POPULAIRES que nos militants ont instauré pour pallier l’absence de réunion du CONSEIL NATIONAL censé réunir les délégués élus par l’AG et la défaillance manifeste du bureau.

Il appartiendra à ceux qui contestent cette continuité d’expliquer publiquement d’où ils tirent leur légitimité. Les observateurs objectifs auront déjà compris que des réunions convoquées par on ne sait qui, on ne sait où, on ne sait quand et rassemblant exclusivement les partisans  de la fameuse « quatrième phase » n’autorisent absolument pas à parler au nom des Comités populaires et du CNCP issu de la dernière AG ! Nous avons hâte, pour notre part de découvrir le bilan politique du CNCP et l’analyse de la crise traversée, le bilan financier, les procès verbaux des réunions statutaires qu’ils devront présenter officiellement, tôt ou tard, et nous sommes curieux de savoir à quel titre ils les présenteront.

Pour notre part, après la rencontre d’aujourd’hui destinée à porter publiquement et définitivement les éclaircissements nécessaires, nous considérons  la page  tournée et nous poursuivons notre travail sur la base de notre ligne fondamentale.

                                           NOTRE INTERVENTION AUJOURD’’HUI

 

          Plus que jamais, nous militons pour consolider l’indispensable cohésion Nationale.

Comme je l’expliquais dans  une intervention que j’ai présentée récemment sur ce thème, quand nous avons créé les Comités Populaires en 1983, notre intention était de proposer une nouvelle forme d’organisation politique où pourraient collaborer les Martiniquais de tous bords qui accepteraient de travailler ensemble dans l’intérêt supérieur du pays.

« Si cette initiative avait reçu une forte adhésion au sein de la population et permis de réaliser des activités de masse,   les objectifs de Cohésion nationale et de consensus politique n’avaient pu être atteints.  La dynamique ayant été lancée par une organisation Marxiste-Léniniste dont nous sommes les fondateurs, elle s’est heurtée à la méfiance, sinon à l’hostilité, des autres partis y compris anticolonialistes.

Prenant acte de cet état de chose, les Comités Populaires avaient continué à fonctionner sur la base des seules orientations arrêtées par les ML. »

Aujourd’hui, la situation a évolué positivement. Nombreux sont ceux qui ont la volonté de surmonter les divergences pour défendre ensemble les intérêts de notre peuple et de notre pays. C’est ce que traduit l’existence du Forum Solidarité Martinique et du cercle Kolétètkolézépol. Deux initiatives que nous soutenons pleinement.

          Plus que jamais nous défendons la nécessité de l’unité des patriotes pour laquelle nous nous sommes battus. Et nous regrettons que, depuis  que les difficultés ont affecté notre mouvement, la force de notre camp rendue possible par la complémentarité des pratiques, s’en est trouvée lourdement affectée.

En réaffirmant notre identité, en renforçant notre intervention sur la base de nos propres orientations, en impulsant le débat sur la base de l’acceptation des différences et du respect mutuel, nous entendons donner un nouvel élan à l’unité des patriotes sincères.

          Un autre camarade interviendra pour exposer nos propositions concrètes. Je conclurai en disant que ceux qui espéraient affaiblir notre mouvement en soutenant le noyau d’illégitimes qui ont dévoyé le sigle CNCP seront déçus. Chacun aura constaté que nous restons au front et que  notre ligne fondamentale continue à se développer.

Nous nous sommes engagés dans le combat révolutionnaire pour servir notre pays et notre peuple, nous irons jusqu’au bout !

 

LES PROPOSITIONS DE LA COORDINATION DES COMITES POPULAIRES

Présenté par Robert SAE, militant du Comité Populaire Nord-Atlantique

          La certitude qui prévaut dans la majorité de l’opinion publique, c’est que les problèmes nous dépassent, que nous ne pourrons jamais les résoudre, d’autant plus, disent certains, que l’homme est foncièrement individualiste et égoïste.

Eh bien, notre première tâche est de tordre le cou à ce pessimisme et à ce défaitisme.

Les propagandistes du système sont parvenus à  imposer  l’idée que les difficultés que nous subissons sont la conséquence de lois économiques incontournables sur lesquelles nous n’aurions aucune prise. La vérité est bien différente. Tous les drames que nous subissons sont la conséquence d’actions, bien réfléchies et minutieusement planifiées, menées par une minorité d’hommes bien réels qui contrôlent l’économie mondiale. Et ce que ces « mains invisibles » font, notre engagement conscient peut le défaire.

Les médias du système  découragent le public d’agir en le désespérant  à coup  d’informations macabres et en étouffant soigneusement tout ce que les individus et les peuples font de bien, de beau et d’humain. En vérité, chaque jour, tous les coins de notre terre sont illuminés  d’actes de  générosité humaine. Quoiqu’on en dise, la majorité d’entre nous se bat pour aller de l’avant. Alors, il nous faut reprendre confiance et, surtout,  comprendre que si nous avons le sentiment de « chayé dlo an pannyié » c’est parce que nous restons trop isolés, parce  que nous n’avons pas encore choisi de faire converger nos efforts.

 

Mais, pour travailler à une transformation en profondeur de la réalité, nous avons certaines illusions à mettre au placard.

          C’est d’abord de croire que nous résoudrons nos problèmes en déléguant à des élites le soin de transformer la société ; c’est aussi de nous laisser leurrer par des meetings réussis, des victoires électorales ou de ne vivre que dans l’espoir de « l’alternance ». L’illusion, c’est encore de croire que les  manifestations de protestation, les mouvements de grève que nous menons pour défendre nos revendications suffiront à imposer aux classes dominantes un changement de politique et une refonte du système d’exploitation.

Oui, la lutte sur le front électoral est importante. Oui, les mobilisations sont absolument indispensables et  nous devons les renforcer. Mais, sans un engagement  de tous les jours et de tous, pour jeter les bases d’un système alternatif, « sé  chayé dlo an pannyié ! »

          En conformité avec les quatre mots d’ordre adoptés lors de leur création, les Comités Populaires se veulent un espace parmi d’autres où nous proposons d’expérimenter l’action collective sur la base d’un projet commun.

NOTRE PREMIER MOT D’ORDRE NOUS APPELLE A « RENFORCER LES PRATIQUES ALTERNATIVES VISANT A RESOUDRE NOS PROBLEMES »

 

          Il s’agit, en tant qu’individu et en tant que peuple,  de  reprendre le contrôle de notre vie.

D’abord, sur le plan de l’éducation et de la culture,  parce que, sans une solide connaissance de notre histoire, sans une  compréhension approfondie des mécanismes économiques et des ressorts des comportements humains, sans nous affranchir du conditionnement et de la désinformation, nous serons incapables de faire les bons choix. Les nouvelles générations continueront à être désorientés et poussés à  l’autodestruction.

D’innombrables initiatives sont prises localement dans les domaines de la culture et de l’enseignement, mais pour une transformation significative de la situation, il conviendrait de les faire concourir à  la mise sur pied d’un système alternatif de formation et d’éducation  impliquant les familles, les associations, les acteurs du monde culturel et les  professionnels.

Quant aux plans économique et social, les initiatives individuelles ou associatives sont partout présentes. Elles se sont d’ailleurs multipliées depuis le grand mouvement de 2009. Mais pour avoir un effet déterminant, il est indispensable qu’elles s’inspirent d’une vision globale, qu’elles se donnent des objectifs collectifs et plus ambitieux. Il faudrait que s’affirme :

a)    une démarche consciente de décrochage par rapport à la consommation débridée et par rapport à la dangereuse dépendance vis-à-vis  de l’extérieur.

Cela ne sera  possible qu’à travers une lutte assidue contre toute forme d’aliénation.

b)   une entreprise délibérée de construction d’un circuit alternatif.

           Nous avons déjà expliqué ailleurs que le tremplin de l’économie alternative réside dans la multiplication des microprojets de proximité et le maillage de ceux-ci en réseaux. (Ces microprojets peuvent concerner l’accès aux produits de l’agriculture et de l’élevage, la garde d’enfant, l’aide aux personnes dépendantes, la coiffure, les services informatiques, la vulgarisation des plantes médicinales, etc.)

Cette relance d’une économie autocentrée par les microprojets n’exclut absolument pas la nécessité d’impulser ou de soutenir des grands projets de dimension nationale.  Au contraire, ceux-ci devraient être l’un des supports de la cohésion nationale.

C’est en ce sens que nous appelons nos compatriotes à soutenir les initiatives  telle « Martinique agriculture » et la mise sur pied des finances solidaires. Mais il peut s’agir aussi d’entreprises d’intérêt national, y compris tournées vers l’exportation.

Précisons également qu’il est capital que la fraction émigrée de notre peuple soit co-actrice de la construction économique alternative.

Sur le plan social, nous sommes confrontés à deux défis majeurs :

– le dérèglement social avec toutes les violences qu’il génère,

– le choc du vieillissement de notre population, avec toutes ses implications au plan de la santé et de l’économie. Les réponses ne viendront absolument pas principalement des institutions en place, mais de notre engagement collectif autour d’un projet global impliquant l’ensemble de la population.

Il en va de même concernant la Prévention des risques majeurs.

La sagesse populaire rappelle que « Jou malè pa ni pran gad ! » Notre pays est fertile en catastrophes climatiques et nous vivons avec la menace d’un séisme majeur. Notre responsabilité nous commande de nous organiser dès aujourd’hui pour affronter de tels événements pour être en mesure de réduire les pertes humaines et les dégâts matériels.

Nos militants sont déjà attelés à la relance de l’action des Comités populaires pour traduire sur le terrain les consignes que nous venons d’évoquer. Mais, en collaboration avec tous ceux qui le souhaitent, nous nous proposons de contribuer à la mise sur pied, à court terme, d’unités locales :

–          organisant l’enseignement alternatif,

–          impulsant le développement de microprojets dans les quartiers et leur mise en réseau,

–           prenant l’initiative d’’actions de proximité dans le domaine de la santé,

–          établissant les conditions nécessaires pour affronter les risques majeurs.

NOTRE DEUXIEME MOT D’ORDRE NOUS COMMANDE DE TRAVAILLER A L’UNION DE NOTRE PEUPLE.

« Unir le peuple » ne se résume  pas à développer un simple sentiment de fraternité.

C’est, surtout, faire en sorte qu’il soit impliqué dans une dynamique collective s’exprimant à travers  une organisation sociale propre. C’est cela que nous entendons quand nous parlons de consolider la cohésion nationale.

Les structures politiques dont nous avons hérité de l’occident  sont loin de favoriser cette cohésion. Voilà pourquoi nous devons faire preuve d’ingéniosité et nous appuyer  sur l’initiative populaire pour atteindre notre objectif d’union.

C’est ce qui nous conduit à soutenir sans réserve les dynamiques de FOS MATINIK et de KOLETETKOLEZEPOL.

Le Forum Solidarité Martinique, regroupe des organisations citoyennes, libres de toute tutelle politicienne, et qui mutualisent leurs moyens d’intervention.

Kolétètkolézépol est un cercle pour la promotion de la réflexion et de l’engagement collectifs au service de la Martinique, lui aussi libre de toute tutelle partisane.

Imaginez la puissance de frappe dont pourra disposer le peuple avec l’extension de telles initiatives à tout le pays. La responsabilité nous commande donc de surmonter les méfiances injustifiées et les dénigrements malintentionnés afin que ces précieux outils favorisent l’avancée de la lutte de notre peuple.

          Mais parlant d’organisation sociale, nous voulons attirer l’attention sur l’énorme potentiel qui réside dans le mouvement naissant des grands regroupements de famille favorisés par l’engouement pour les recherches généalogiques. Ces regroupements peuvent être le lieu d’organisation de réseaux économiques et de pratiques sociales alternatives.

Enfin, sur ce thème, il faut insister sur les opportunités d’organisation alternative qu’offrent l’espace quartier et  le tissu associatif.

LE TROISIEME MOT D’ORDRE DE NOS COMITES CONCERNE  L’ORGANISATION ET LE SOUTIEN DES LUTTES POPULAIRES

 

          Les terrains d’applications sont nombreux et variés : La lutte contre le démantèlement des services publics de santé, de protection sociale et d’éducation, la lutte contre la vie chère, contre les impôts injustes,  la lutte contre la pollution par les pesticides et pour l’indemnisation des agriculteurs et des pêcheurs, etc.  Des collectifs existent déjà, mais force est de constater qu’ils restent soit localisés, soit essentiellement impulsés par des militants déjà convaincus. A travers les CP, nous souhaitons permettre la rencontre des populations, dans les quartiers afin qu’ils soient des  creusets pour la réflexion, les propositions et la  mobilisation effective des masses.

 NOTRE QUATRIEME MOT D’ORDRE EXPRIME NOS OBJECTIFS MAJEURS

LA PREPARATION DE LA SOUVERAINETE :

 

          Nos objectifs sont, en effet, d’une part, de rendre effective la décolonisation sans laquelle notre pays continuerait à s’enfoncer dans la débâcle économique et sociale, d’autre part, de contribuer à la mise à bas du système capitaliste qui conduit l’humanité au suicide.

La décolonisation, réaffirmons-le, ne saurait se concevoir comme un réaménagement des relations entre puissance dominante et pays dominé et il est totalement illusoire d’espérer une décolonisation soft qui consisterait à grignoter des « responsabilités »  concédées par les impérialistes Français et Européens.

C’est pour cela que les Comités populaires continueront à démystifier la nature des relations qui nous sont imposées par le pouvoir colonial, qu’ils continueront à lutter pour la souveraineté nationale et la réintégration de notre pays dans sa sphère géographique et culturelle naturelle.

          C’est d’ailleurs pour marquer cette volonté que nous avons décidé de consolider l’unité de notre peuple autour de symboles forts en popularisant davantage le drapeau Rouge-Vert-Noir et en soutenant l’initiative prise par le MIR de proposer aux Martiniquais et Martiniquaises une carte d’identité symbolique exprimant notre personnalité et symbolisant notre appartenance nationale.

 

Nous en arrivons à notre conclusion.

 

Chers compatriotes, chers camarades, frères et sœurs,

 

Nous pouvons progresser vers  un MIEUX VIVRE  si  chacun de nous, personnellement, se remet en question et porte sa pierre à l’édifice, si nous construisons solidairement l’alternative. Continuons à faire preuve de créativité et d’audace. Multiplions les initiatives dans la bonne direction. Les militants des Comités Populaires sont prêts à porter leur « koudmen » à tout quartier, à toute association,  qui le solliciterait pour enclencher les dynamiques alternatives telles que nous les avons présentées. Et parce que la tâche est immense, nous engageons tous ceux qui partagent nos analyses et nos orientations à rejoindre les Comités Populaires pour porter leur contribution à la lutte de notre peuple.

Peuple Martiniquais,

Unissons-nous !  Engageons-nous ensemble dans le combat  et, comme l’a dit de si belle façon notre ami Jean BERNABE, ce sera  « Une manière de préfiguration de cette humanité nouvelle, où le don pourrait un jour l’emporter sur le rapt, la solidarité sur l’hégémonisme, la tolérance sur l’égocentrisme, la modestie sur l’arrogance, la démocratie constructive sur l’électoralisme délétère. »

 

Merci de votre attention !