Harriet Tubman, une héroïne américaine

Fleur DAUGEY

Olivier CHARPENTIER Illustrateur

Née esclave aux alentours de 1820, Harriet Tubman mourra libre en 1913. Cette liberté, elle l’aura conquise par la force de sa volonté et par son courage. Toute sa vie, elle s’emploiera à libérer ses frères et à se battre contre l’esclavage puis la ségrégation raciale. Dans ce livre, le récit de la vie aventureuse et exemplaire d’Harriet s’entrecroise avec l’histoire de l’esclavage en Amérique. Un passionnant retour vers un passé tumultueux, qui a laissé des traces dans la société américaine jusqu’à nos jours.

 Harriet Tubman, héroïne de la grande histoire et modèle pour la jeune génération

— Par Laura Seigneur —

C’est l’une des grandes figures de l’émancipation des Noirs aux États-Unis et de la lutte contre l’esclavage au XIXe siècle. Elle est aussi le personnage idéal pour apprendre aux enfants une histoire peu racontée aux parents, ainsi que le réussit avec brio Libre !, un livre jeunesse très réussi.

C’est un livre pour enfants qui raconte l’histoire de l’héroïne Harriet Tubman, mais c’est aussi un livre pour apprendre aux parents la réalité de l’esclavage aux États-Unis, telle qu’on ne la raconte presque pas dans les manuels d’histoire.

Sous la plume de Fleur Daugey et le crayon d’Olivier Charpentier, ce récit est à la fois pédagogique, en ce qu’il donne beaucoup d’informations sur l’esclavage aux États-Unis et la différence qu’il y avait entre les États du Nord et ceux du Sud, et héroïque, racontant, en italique et à la première personne, l’épopée de Harriet Tubman. Les dessins aux crayons gras alternent les couleurs sombres, amplifiant ainsi le sentiment de tristesse et de dureté qui ressort de l’aventure. Adapté pour les enfants à partir de 8-10 ans, il retranscrit avec brio le destin hors du commun de Harriet, dans le fracas et l’horreur des États-Unis du XIXe siècle.

C’est en 1619 que l’esclavage a commencé aux États-Unis. À cette époque, il est censé n’être que temporaire et les esclaves sont libérés après avoir travaillé plusieurs années. Beaucoup d’Européens arrivent en Amérique avec ce statut, sous lequel ils travaillent le temps de rembourser leur voyage en bateau, avant d’être libérés. Pour les Noirs, en revanche, l’histoire ne sera pas la même.

Harriet Tubman est née en 1820 ou 1822, peut-être même en 1825. Elle ne va pas à l’école et commence à travailler dès l’âge de 5 ans chez sa maîtresse, qui l’a louée auprès d’une autre. L’esclavage aux États-Unis existe alors aussi bien au Nord qu’au Sud, mais il a connu une évolution différente : le Nord s’industrialisant plus rapidement, son besoin de main-d’œuvre est moins important.

Mariée à l’âge d’« environ 19 ans », elle décide de partir, six ans plus tard, seule, à la mort de son maître, et de fuir vers le nord des États-Unis. Elle livre ses précieux conseils pour une « fuite réussie », comme « partir un samedi soir, car les esclaves ne travaillent pas le dimanche et on ne remarquera pas leur disparition avant le lundi », ou encore « traverser les rivières, car les chiens pisteurs perdent la trace dès qu’on entre dans l’eau ».

Harriet devient « conductrice du Chemin de fer clandestin », un réseau mêlant esclaves affranchis ou en fuite et militants abolitionnistes, qui utilise des routes parallèles pour permettre l’évasion des esclaves noirs américains au-delà de la ligne de démarcation entre le Sud, encore esclavagiste, et le Nord, qui ne l’est plus.

Devenue l’une des figures de l’organisation, Harriet Tubman va chercher les fugitifs qui ont brisé leurs chaînes pour les conduire vers la liberté, notamment en contournant les « patrouilles d’esclaves » mises en place dans les différents États. Tous les hommes blancs sont obligés de servir dans ces patrouilles et tous les Blancs doivent aider aux captures, par exemple en contrôlant les laissez-passer des Noirs. Le Chemin de fer clandestin s’arrête en 1861, quand commence la guerre de Sécession, qui oppose les États confédérés esclavagistes du Sud à ceux, abolitionnistes, du Nord.

Harriet Tubman dit avoir ainsi sauvé environ 80 personnes de l’esclavage. Avant un dernier fait d’armes : le 2 juin 1863, un raid, maritime cette fois, permet de sauver 756 esclaves, sans perdre aucun soldat. Deux ans plus tard, alors que la guerre de Sécession se termine, l’esclavage prend fin, mais la ségrégation raciale lui succédera….

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Actes Sud Junior Hors collection

Juin, 2020; 19.50 x 28.00 cm ; 46 pages; ISBN : 978-2-330-13690-1; Prix indicatif : 14.90€; Où trouver ce livre ?