Gimme the Loot : Les Pieds Nickelés à New York

Par Selim Lander. Deux jeunes taggers New-Yorkais, aussi naïfs que sympathiques, veulent relever un défi a priori impossible : tagguer la pomme géante du stade de baseball des « Mets », qui sort de son chapeau chaque fois que l’équipe marque un point. Le genre du film, signé Adam Leon, est donc clairement défini. Nous en avons déjà vu en Martinique quelques-uns de ce genre récemment : foutraques, mettant en scène des adolescents pour le moins indisciplinés, qui passent plus de temps dans la rue qu’à l’école ou à la maison, et s’expriment dans le langage le plus cru, pour ne pas dire le plus grossier, possible. 

gimme-the-lootCeci dit, chacun de ces « films de rue » est différent. Gimme the Loot se distingue d’abord en mettant en scène deux jeunes voyous – Sofia (Tashiana Washington) et Malcom (Ty Hickson) – qui ne ressemblent en rien à des voyous. À les voir – moins à les entendre ! – on leur donnerait le bon dieu sans confession. Ils sont, pour autant qu’on le sache, encore vierges, s’aiment sans oser se le dire et libèrent plutôt leur énergie en tagguant allègrement les murs de leur ville. Des vrais voyous leur manque également la réussite dans leurs entreprises malhonnêtes : les leurs échouent systématiquement.

Le film ne serait qu’une aimable bluette si la critique sociale ne s’introduisait brutalement sous les espèces d’une jeune bourgeoise (Zoë Lescaze) aussi riche, élégante et blanche de peau que les autres sont pauvres, dépenaillés et foncés. La confrontation entre la rejetonne d’un milieu new-yorkais branché, où l’argent ne compte pas, et les deux adolescents issus d’une classe nettement moins favorisée donne les meilleurs moments du film, c’est-à-dire en l’occurrence les plus cruels. Des milieux aussi différents ne se mélangent pas mais, dans une grande ville comme New-York, il peut arriver qu’ils se rencontrent, et le résultat ne peut qu’être extrêmement décevant, pour l’une des parties au moins. Ici, ce sont nos deux pieds nickelés qui feront les frais (au moins affectifs) de la rencontre.

Fort-de-France – un programme du CMAC à Madiana, du 25 au 28 mars 2013.