Foire bruxelloise du livre : T’as voulu voir Paris et tu as vu Bruxelles…

— Par Dominique Daeschler —

Paris annule son salon (Livre Paris), Bruxelles le maintient (du 5 au 8 mars) avec peu de défections de visiteurs et d’auteurs : 60 000visiteurs, 1050 auteurs, 300 rencontres.

Placée sous la triple égide d’Alessandro Baricco, Leila Slimani et Liao Yiwu, avec le Maroc comme invité d’honneur, cette foire du livre gratuite, dans des bâtiments industriels réhabilités « nickel chrome » est bon enfant. Un peu de gel antibactérien obligatoire à l’entrée et nous voilà partis en cheminement curieux …Facilité de déplacement sans agression sonore, un petit air de promenade familiale.

Tellement de livres ! Tellement d’éditeurs ! une mention spéciale à l’édition pour enfants (en force) avec le talent belge côté images et québécois côté texte (avec humour et sans ambages, une approche fine des pré-ado). Fuyant les auteurs à champagne, les parutions déjà sacrées par les médias, nous chaussons nos bottes pour nous rendre sur l’un des sept lieux d’échanges et d’ateliers : Place de l’Europe.

Politique- f(r)ictions avec Alexandra Schwartzbrod, Diane Ducret, Alain Lallemand : la corruption politicienne et l’aveuglement de nos opinions.

Voilà trois auteurs, trois livres qui arrivent en fanfare pour nous parler de l’état de notre monde entre conflits et lâcheté.

Alexandra Schwartzbrod, autrice, essayiste, directrice adjointe de Libération est spécialiste du Moyen Orient (habitée par le conflit israélo- palestinien, elle a vécu en Israël lors de la deuxième intifada). Dans Les Lumières de Tel Aviv polar triller, elle imagine un regroupement de laïcs juifs et arabes pour lutter contre les ultrareligieux et reprendre les préceptes kibboutzim. Si elle dénonce l’impuissance de l’Europe, elle met aussi l’accent sur le nouvel antisémitisme.

Diane Ducret, autrice, dénonce dans La Dictatrice les dérives du pouvoir absolu et de sa fascination. A Munich en 2023, une femme dans une manifestation populaire lance un pavé à l’aide du chef de l’Etat… Se souvenir de la haine populaire, de discours d’Hitler à peine changés…Dans l’air un rêve de sécession politique, populaire (gilets jaunes, migrants) et la réalité d’une Europe disloquée, désunie. Derrière le constat, la question fondamentale :

Comment guérir les hommes de leurs tendances destructrices pour bâtir la paix et l’harmonie ?

Alain Lallemand, journaliste au Soir, commet avec L’homme qui dépeuplait les collines un roman d’investigation basé sur la quête pendant 18 ans de journalistes internationaux sur la corruption, les leaks. En ligne de mire, les banques, les mines d’or du continent africain contribuent à redessiner le sens du mot pillage sans rester politiquement correct. Le travail de personnages crée une fiction politique plus vraie que nature qui rejoint dans ses vœux le message de résistance, d’entraide, de solidarité et d’amour proféré par Alexandra et Diane.

Nous y revoilà, dans une société définie comme un champ de forces et de luttes par Bourdieu et l’amour-haine de Lacan, il nous faut mieux assumer la responsabilité d’un je pour construire un nous (Merci Jaccard).

Rencontre avec JB Desnel éditeur en Martinique

Faute de grives on mange des merles ! (Oui, nous y mettons un peu de malice). Pas de salon à Paris (annulation de Livre Paris) malgré un investissement important, en suite harmonieuse à « la nuit des idées » mise en place avec succès à Fort de France : il en faut plus à l’éditeur pour renoncer à rencontrer ses pairs et leur production, même s’il n’est pas exposant cette année. Une longue discussion avec Emile Lansman, éditeur belge spécialisé dans le théâtre francophone (édition de moi chien créole de Bernard Lagier avec ETCC) pourrait aboutir à une future collaboration concernant Habeas Corpus une pièce de l’universitaire Jean Georges Chali : juste retour des choses sur le respect de la liberté individuelle.

D Daeschler