Fin de l’écotaxe, l’allégeance royale

— Source AFP —
sego_allegeanceHier la ministre de l’Écologie et du Développement durable a reporté sine die l’écotaxe poids lourds sous la pression des transporteurs.

«Ségolène Royal et Alain Vidalis, après avoir échangé avec les responsables des fédérations professionnelles de transport routier (…), décident de suspendre sine die le dispositif de l’écotaxe. » En quelques phrases sur un communiqué de presse, les ministres de l’Écologie et des Transport ont signé, hier, un des plus emblématiques renoncements de ce quinquennat. Les transporteurs avaient posé un ultimatum au gouvernement promettant une journée de mobilisation lundi. Ils ont remporté la partie et suspendu leur mouvement. « La moindre demande du patronat est toujours acceptée, sans aucune contrepartie. Nous sommes de plus en plus remontés. » Pour Jean Delaunay, responsable de la branche transport routier à la fédération CGT des transports, la coupe est pleine. « Depuis juillet 2013, les transporteurs ont tout fait pour reculer l’échéance alors que, même dans le dispositif initial de l’écotaxe, ils n’avaient qu’un rôle de collecteurs, chargés de répercuter le prix de la taxe sur la facture au client afin de faire payer le juste prix du transport routier », poursuit le syndicaliste. Face à la mobilisation, notamment en Bretagne, le dispositif avait déjà été largement édulcoré par Ségolène Royal, à peine avait-elle pris ses quartiers au ministère de l’Écologie. Dès lors l’écotaxe, rebaptisée péage de transit poids lourds et ne concernant plus que 4 000 kilomètres de routes nationales, épargnait soigneusement le réseau breton. Mais le cadeau n’était pas assez gros. Les transporteurs voulaient le statu quo, ils l’ont eu. « On peut dire qu’on a gagné, puisqu’on a enfin en face de nous deux ministres qui ont pris la mesure du sujet », s’est félicitée Aline Mesples, présidente de l’Otre, fédération à l’origine des manifestations qui avaient mené à la suspension de l’écotaxe à l’automne 2013. En attendant, le principe de pollueur = payeur, permettant la contribution du transport routier aux travaux d’infrastructure et au développement du transport propre (fluvial et ferroviaire), reste donc inappliqué. Les annonces par Ségolène Royal de la création d’un « groupe de travail », de « la recherche de solutions sur la situation économique et sociale globale du secteur » ou encore de la taxation des profits des sociétés d’autoroutes ne sont pas de nature à ôter le sourire aux vainqueurs. « Je suis scandalisée que dans ce pays, le jour où on discute de la loi sur la transition énergétique, on ne soit pas capable d’avoir des mesures fortes pour lutter contre la pollution de l’air et d’avoir d’autres pratiques en matière de trafic routier », a
vivement réagi hier Emmanuelle Cosse. « Qui va payer pour la pollution de l’air ? Pour l’entretien des routes ? Ça va être encore les consommateurs, les citoyens et les
automobilistes », poursuit la secrétaire
nationale d’Europe Écologie-les Verts (EELV). Et pour cause
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