Festival d’Angoulême: Riad Sattouf, Fauve d’or du meilleur album

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Le Fauve d’or du meilleur album du 42e Festival d’Angoulême a été décerné ce dimanche à Riad Sattouf pour « L’Arabe du futur ». L’album faisait partie des cœurs de l’Humanité : « Sans conteste l’un des albums phares de l’année 2014. »

Avec l’Arabe du futur, Riad Sattouf entame un triptyque autobiographique, récit d’une enfance passée entre la France, la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Hafez Al Assad. Né d’un père syrien et d’une mère bretonne, le garçonnet grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père est nommé professeur. Féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abde-Razak Sattouf élève son fils dans le culte des grands dictateurs, symboles de modernité. Puis il déménage en Syrie, après un intermède breton tout aussi exotique, et rejoint le village familial, près de Homs. Malmené par ses cousins, le jeune Riad découvre la rudesse de la vie traditionnelle. Son père, lui, veut que son fils aille à l’école et devienne un Arabe moderne et éduqué, en bref, un Arabe du futur… À travers un récit candide, celui de l’enfant qu’il était, accompagné d’une voix off, Riad Sattouf parvient à restituer avec humour les failles et les dérives de ces régimes. Sans conteste l’un des albums phares de l’année 2014.

Alexandra Chaignon
http://www.humanite.fr/festival-dangouleme-riad-sattouf-fauve-dor-du-meilleur-album-564257

L’Arabe du futur, tome I, de Riad Sattouf. Éditions Allary, 160 pages, 20,90 euros.

Dans le NouvelObs :

http://bibliobs.nouvelobs.com/bd/20140516.OBS7488/un-homme-n-a-pas-de-racines-il-a-des-pieds-riad-sattouf-et-l-arabe-du-futur.html

On ne vantera jamais assez les mérites des restos U. C’est en effet dans le self estudiantin de la Sorbonne que Clémentine, venue de Bretagne, et Abdel Razak, Syrien de la région de Homs, se sont rencontrés. Plateau contre plateau. Ainsi est né Riad Sattouf, aujourd’hui auteur-dessinateur de BD, l’un des plus brillants de sa génération, et réalisateur remarqué des «Beaux Gosses» et de «Jacky au royaume des filles».

« En Syrie, dit-il, j’étais un Français. Et en France, j’étais un Arabe avec un nom bizarre.» Vite homologué comme «sa touffe» au sein de son lycée rennais. Il faut dire qu’à l’époque, côté coiffure, il y avait matière à jeux de mots. Ses cheveux, qu’il laissait pousser, ne retombaient jamais.
Tout le temps où j’ai vécu à Ter Maaleh, de l’âge de 4 ans jusqu’à l’adolescence, j’ai été un enfant blond platine avec des cheveux raides. En arrivant ici, je suis devenu brun et frisé.
Entre Kadhafi et al-Assad

Lâchant la guitare électrique dont il pince les cordes depuis qu’on est entré dans son atelier, rue d’Avron à Paris («Je ne fume plus, et les clopes électroniques, ça fait truc de junkie»), il sort deux pièces à conviction: une fiche scolaire avec la photo d’identité d’un ado timide et, sur son portable, un cliché plus ancien. On y voit une vieille femme en hidjab et deux hommes, l’un en dishdasha, l’autre vêtu à l’occidentale, prenant la pose autour d’un enfant blond.