État de siège

Samedi 2 juillet 2016 19h 30 au T.A.C.

etat_de_siegeL’HOMME DEBOUT

La Peste incarnée par un jeune opportuniste accompagné de sa secrétaire, surgit dans un pays où rien ne bouge. Elle prend le pouvoir et met en place un régime totalitaire. Mais elle se trouve rapidement confrontée à une résistance insolente, celle d’un homme, seul, révolté.

Celui-ci a compris que le pouvoir en place puise sa force dans la peur qu’il inspire, annihilant toute pensée dissidente. Insoumis face à l’ordre établi, il oppose toute sa force solitaire à la puissance déployée.

Incapable de canaliser l’élan de liberté que ce jeune révolté menace de susciter, la Peste le tue et se retire. Tout devient alors possible… Mais ce possible est vite empêché par l’inertie collective. Et l’ancien régime reprend sa place, au plus grand contentement de tous.

Avant de se retirer, la Peste annonce son retour prochain. « Si la cruauté révolte, la sottise décourage, et les hommes (les révoltés), fatigués de voir la bêtise triompher, finiront par se taire, résignés. »

Camus écrit ici une farce satirique, sorte de tragédie-bouffe, qui n’est pas sans rappeler les frasques de l’Ubu roi de Jarry. Le ton burlesque étonne chez l’écrivain plus familier du genre sérieux et du « souci du réel ». Sous le visage de l’homme de raison apparaît ici celui de l’homme de théâtre aux élans romantiques et farcesques, resté fidèle à ses premières amours pour le théâtre. État de siège est une pièce burlesque où la révolte gronde en coulisses – une satire jubilatoire des pouvoirs construits sur la peur.

LA MISE EN SCÈNE

Dans sa version originale, en 1948, la représentation de État de siège mise en scène par Jean-Louis Barrault dure troiheures et nécessite vingt-cinq comédiens. Notre version de 2014 est réduite à 1h15 et se joue à six comédiens.

« Des hommes à mi-hauteur »

Des comédiens-marionnettisés à la taille réduite de moitié représentent tous les personnages du peuple.

Cette technique génère des effets de perspectives entre l’espace intérieur et l’espace extérieur esquissé, renforce le côté burlesque des scènes collectives et donne une traduction poétique aux scènes que toute tentative de théâtralisation réaliste réduirait dans le cadre imparti.

Quel Siège aujourd’hui ?

Pour Camus, les idées n’étaient pas « des idoles intouchables », mais « des outils pour changer la vie ». Nous avons donc pris la liberté de gommer toute référence datée qui ramènerait la pièce et le propos à une époque aujourd’hui révolue. Nous sommes en effet convaincus qu’État de Ssège s’adresse à la jeunesse d’aujourd’hui et qu’elle peut la toucher. La pensée de Camus n’est pas réflexive et figée, ce n’est pas une pensée à méditer dans la vieillesse, une fois la vie vécue. Elle est faite pour l’action à venir, pour l’homme conscient et avide du lendemain, pour l’instant présent dans sa dynamique incandescente. Il nous a toujours paru nécessaire de porter État de siège à la scène. Nous voulons donner cette pièce en spectacle pour faire revivre la parole de Camus. Nous voulons en faire un spectacle qui résonne au-delà des murs, un patchwork incessant d’images et d’idées, une boîte de Pandore qui délivre tous ses secrets sur le plateau et au-delà.