Est-ce qu’on peut être une femme noire et ne pas aimer Beyoncé ?

Tous les épisodes sur France Culture

Épisode 1 : « Une si longue lettre », livre pionnier du féminisme africain

Le féminisme africain raconté par celles qui l’ont vécu.

Épisode 2 : Tu seras féministe, ma fille

Elles s’inscrivent dans l’histoire et l’héritage des femmes ayant œuvré pour leur émancipation, leur libération et poursuivent la construction de la pensée…

Épisode 3 : Une noire peut en cacher une autre

Pourquoi avons-nous plus de facilité à citer des féministes noires américaines et pas des féministes noires francophones ?

Épisode 4 : Je suis noire et je n’aime pas Beyoncé

Est-ce qu’on peut être une femme noire et ne pas aimer Beyoncé ?

En 2017, à l’occasion du festival européen NYANSAPO, le terme afroféministe fait une apparition remarquée dans l’espace médiatique français. Et comme souvent, lorsqu’il s’agit d’un terme en rapport avec des personnes noires, et particulièrement des femmes noires, une généralité n’a pas tardé à être de mise. Partageant la même complexion, toutes les femmes noires se retrouvaient d’office étiquetées afroféministes. Mais à bien y réfléchir, toutes les femmes noires sont-elles féministes et toutes les féministes noires sont-elles afro féministes ? 

Voir aussi cette semaine sur France Culture: La parole essentielle d’Aimé Césaire

Et est-ce qu’on peut être une femme noire et ne pas aimer Beyoncé ? Est-ce qu’on en a le droit ?

  Quand j’étais jeune, Beyoncé, était une icône pour moi. Ça m’a aidée à faire sens de moi en tant que métisse dans un environnement qui était très blanc. Mais je me suis sur-identifiée à ce genre de femme. C’était l’époque où elles étaient toutes blondes. C’est plutôt quelque chose qui, à terme, a fait que je n’étais pas moi même. 

La sexualité qui est imposée aux femmes noires entre dans deux cases. Soit on nous désexualise complètement, c’est à dire qu’on n’a pas le droit d’être épanouie sexuellement. Soit l’exact opposé : très sexualisée, la panthère, avec tous les stéréotypes issus du colonialisme et de l’esclavage. Jennifer Padjemi

 Quand on voit comment toutes ces artistes prennent de la place, elles sont fières de tout ce qu’elles sont. Elles peuvent être sexy. Elles disent même ce qu’elles pensent. L’impact qu’elles auront sur des petites filles ou sur des adolescentes va compter.

Avec : 

  • Sharone Omankoy, 35 ans, travailleuse sociale dans une association de lutte contre le VIH, et en formation de conseillère conjugale et familiale. Fondatrice de Mwasi et créatrice du festival NYANSAPO.
  • Aïchatou Ouattara, 37 ans, juriste spécialisée en droit social, blogueuse et créatrice du blog Afrofeminista.
  • Amandine Gay, 36 ans, réalisatrice, autrice & productrice des documentaires « Ouvrir la voix » & « Une histoire à soi ».
  • Traoré Bintou Mariam, 28 ans, journaliste et féministe ivoirienne, créatrice du hastag : #Vraiefemmeafricaine, et du site web d’actualités « Matrimoine africain » qui fait découvrir les figures féministes du continent. Chargée de communication du projet Jeunes féministes d’Afrique de l’Ouest.
  • Diakhoumba Gassama, 40 ans, juriste. Après une enfance en Belgique, Diakhoumba a consacré plus de dix ans à la défense des droits de femmes et la promotion du développement durable, au cours d’une carrière qui l’a fait passer par l’Union Africaine et les Nations Unies. Aujourd’hui, elle coordonne les campagnes d’Amnesty International sur les jeunes et l’activisme en Afrique.
  • Pamela Ohene-Nyako, 30 ans, historienne doctorante à l’Université de Genève et créatrice de de la plateforme littéraire Afrolitt qui revendique la littérature noire comme outil de réflexion critique. Prépare une thèse sur les circulations transnationales et les mobilisations de femmes noires d’Europe, dans les années 1970-1990, et organise des rencontres de la Suisse au Ghana.
  • Paola Audrey Ndengue, 31 ans, productrice & animatrice Tv, Marketing manager pour une campagne de sensibilisation contre le VIH auprès des jeunes de 15-24 ans. 
  • Jennifer Padjemi, journaliste, autrice de Féminismes & Pop Culture, Stock
  • Djaïli Amadou Amal, autrice de Les Impatientes (Prix Goncourt des Lycéens 2020) (Emmanuelle Collas). Ouvrage disponible sur le continent sous le titre Munyal, les larmes de la patience.
  • Hortense Assaga, 53 ans, journaliste sur Canal Afrique, modératrice la table ronde sur les femmes dans le cinéma africain lors de la 50èmeédition du FESPACO en 2019, initiatrice du hashtag : #Memepaspeur.
  • Emmanuel Dongala, écrivain, lauréat du prix Ahmadou Kourouma en 2011 pour son roman « Photo de groupe au bord du fleuve » paru chez Actes Sud. 
  • Dieretou Diallo, 28 ans, fondatrice du Collectif Guinéennes du 21ème siècle. Consultante en communication digitale.
  • Kpénahi Traoré, 37 ans, journaliste indépendante. Réalisatrice du podcast « Bas les pattes » (RFI), qui questionne la place de la femme dans les sociétés africaines après les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc.
  • Fatou Sow, 79 ans, sociologue et chercheuse, CNRS-Université Cheikh Anta Diop (Sénégal), spécialiste des questions de genre et militante féministe. Directrice de collection de l’ouvrage Notre corps notre santé- La sexualité des femmes en Afrique Subsaharienne (2004, Ed. L’Harmattan).  
  • Marie-Angélique Savané, 73 ans, sociologue. Ancienne présidente du Fonds des nations Unies pour les Populations (UNFPA), fondatrice de la revue africaine « Famille et développement », & membre fondatrice du mouvement Yeewu-yeewi (« faire prendre conscience, pour libérer »), première organisation féministe africaine connue crée en 1984.
  • Khady Koïta, 61 ans, formatrice et consultante. Militante engagée contre les violences faites aux femmes et les mutilations sexuelles féminines, auteure de Mutilée (Oh! Éditions, 2005)
  • Éliane Aïssi, 72 ans, maîtresse de conférences émérite en biologie à l’université de Lille et créatrice de la Rencontre Internationales des Femmes Noires (RIFEN).

Une série d’Axelle Jah Njiké, réalisée par Marie-Laure Ciboulet

Bibliographie 

Féminisme et pop culture, Jennifer Padjemi, Éditions Stock 2021

Il n’y a pas que Beyoncé, Morgan Parker, Éditions Au Diable vauvert

Photo de groupe au bord du Fleuve, Emmanuel Dongala, Éditions Actes Sud, Paris 2010

Volcaniques, une anthologie du plaisir, Léonora Miano, Éditions Mémoire d’encrier, 2015

Noire n’est pas mon métier, Collectif, Éditions Seuil, Paris 2018

Femmes noires sur papier glacé, Virginie Sassoon, Editions INA

Décoloniser le féminisme, une approche transculturelle, Soumaya Mestri, éditions J.Vrin, 2016

Afropéens, Johny Pitts, Florent Massot Editions, Paris 2020

Marianne et le garçon noir, Léonora Miano, Éditions Pauvert

Comme un million de papillons noirs, Laura Nsafou & Barba Brun

Le chemin de Jada, Laura Nsafou, Éditions Cambourakis, Paris 2020

Moi, raciste ? jamais ! Scènes de racisme ordinaire, Rokhaya Diallo & Virginie Sassoon, Éditions Flammarion, Paris 2015

Ubuntu, je ne suis que parce que tu es, Mungi Ngomane, Editions Harper Collins, 2019

La source de l’amour-propre, Toni Morrison, Éditions Christian Bourgois, Paris 2019

Lettre à ma fille, Maya Angelou, Éditions Noir sur blanc, Paris 2016

Lady B, Maya Angelou, Éditions Libella, Paris 2014

Mère à mère, Sindiwe Magona, Éditions Mémoire d’encrier, Montréal 2020

Liens

« Nos vies sont politiques ! » L’afroféminisme en France ou la riposte des petites-filles de l’Empire. Article de Silyane Larcher, publié dans la revue Participations, n°19, 2017.

Qui sont les afroféministes made in France ? Article issu du dossier Afroféministes et fières de l’être de Jeune Afrique, avril 2017.

Site du collectif afroféministe Mwasi

Badassafrofem : blog géré par Amandine Gay, réalisatrice du documentaire Ouvrir la voix (2018).

Les féministes prennent le pouvoir sur les réseaux sociaux : entretien avec Traoré Bintou Mariam, publié sur le site Ayana, septembre 2020.

Existe-t-il un féminisme africain ? Thème de l’émission La Grande Palabre sur France 24, avec Ndeye Fatou Kane et Maimouna Thior (avril 2019) :