En Haïti, l’ONU dénonce la violence des gangs « au plus haut depuis des décennies »

L’émissaire des Nations unies en Haïti a décrit mardi, devant le Conseil de sécurité, des violences liées aux gangs dans ce pays qui ont atteint « des niveaux jamais vus depuis des décennies », avec notamment 1 359 kidnappings en 2022, soit une moyenne de 4 par jour.

La violence des gangs a atteint « des niveaux jamais vus depuis des décennies » en Haïti, s’est alarmée, mardi 24 janvier, l’émissaire de l’ONU dans le pays, réitérant devant le Conseil de sécurité l’appel à envoyer une force internationale.

« La violence liée aux gangs a atteint des niveaux jamais vus depuis des décennies. Les meurtres et les kidnappings ont augmenté pour la quatrième année consécutive », a déclaré Helen La Lime, présentant le dernier rapport du secrétaire général Antonio Guterres sur ce pays pauvre des Caraïbes.

« En 2022, 1 359 kidnappings ont été enregistrés, plus du double de 2021, une moyenne de 4 par jour. Les meurtres ont également augmenté d’un tiers en un an, avec un total de 2 183 », a-t-elle indiqué.

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La violence des gangs « fait partie de stratégies bien définies conçues pour asservir la population et étendre les territoires qu’ils contrôlent », a-t-elle souligné, dénonçant l’utilisation des viols de femmes et d’enfants comme « tactique pour répandre la peur ».

La police haïtienne est équipée de nouveaux véhicules blindés, notamment fournis par le Canada, mais « débordée et en manque cruel de personnel et de ressources », elle « n’a pas été en mesure, à elle seule, d’empêcher la montée alarmante de la violence des bandes organisées », souligne Antonio Guterres dans son rapport.

4,7 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aigüe

Alors « je réaffirme qu’il faut de toute urgence déployer une force armée spécialisée internationale », insiste le secrétaire général.

Une demande répétée également par l’ambassadeur d’Haïti à l’ONU Antonio Rodrigue. « L’heure est grave, il nous faut beaucoup plus d’action, il n’y a pas de place pour la lassitude », a-t-il déclaré devant le Conseil, notant que « sans sécurité, on ne peut prétendre à des élections honnêtes, transparentes et démocratiques » et au rétablissement du fonctionnement des institutions dans le pays.

En octobre, le secrétaire général avait relayé un appel à l’aide du Premier ministre Ariel Henry, demandant au Conseil de sécurité d’envoyer cette force. Mais sans résultat depuis : si quelques pays ont indiqué être prêts à y participer, aucun ne semble vouloir en prendre la tête.

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Conséquences de l’exacerbation de la crise sécuritaire et politique chronique subie par le pays, accompagnée par une résurgence du choléra, « le peuple haïtien subit la pire situation d’urgence humanitaire et de droits humains qu’il ait connu depuis des décennies », souligne le rapport.

Avec une augmentation de 63 % du prix du panier alimentaire moyen depuis 2021, 4,7 millions de personnes sont désormais en situation d’insécurité alimentaire aigüe, selon l’ONU.

France24 avec AFP