Emmanuel Macron, la culture et le confinement

Une culture sinistrée

C’est peu dire que le secteur de la Culture est laminé par la crise liée au Covid-19. À ce titre, la prise de parole du président de la République Emmanuel Macron cet après-midi, 6 mai 2020, aux côtés de Frank Riester, le Ministre de la Culture, était très attendue. Au terme d’un échange de deux heures par visioconférence avec douze talents issus de différents secteurs de la Culture (littérature, danse, cinéma, théâtre…), dont Eric Toledano, Olivier Nakache et Sandrine Kiberlain, le président a esquissé les très grandes lignes d’un plan de sauvetage pour le secteur. A charge pour son ministre de détailler ultérieurement les différents dispositifs adoptés.

Si Emmanuel Macron s’est refusé à employer l’expression « d’année blanche » pour le secteur, il n’en a pas moins adopté le principe (…)

Cinéma : Le président de la République a notamment confirmé la création d’un fond d’indemnisation pour les tournages, « qui reprendront au cas par cas » fin mai.

http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18689901.html

(D’après Olivier Pallaruelo, le 6 mai 2020, dans « ALLOCINÉ » )

 Macron  souhaite voir les artistes à l’école

Le président s’est laissé filmer sur BFMTV en bras de chemise dans de grandes envolées en faveur des artistes ce mercredi, tandis que Franck Riester a ensuite détaillé ses mesures… sur Internet.

On les attendait ces mesures pour aider les acteurs de la culture, au point mort, moteur noyé, plus d’essence depuis le confinement. On ne savait pas sous quelle forme Emmanuel Macron puis son ministre de la Culture Franck Riester communiqueraient ce mercredi. Ce fut… déroutant. D’abord, le président s’invita par surprise à l’heure du déjeuner. A 13 heures pétantes, BFMTV filme la fin de sa réunion en visioconférence avec des artistes qu’on ne voit pas, mais dont la chaîne révèle quelques noms : la chanteuse Catherine Ringer — on entendra le chef de l’Etat citer « Catherine » — l’actrice Sandrine Kiberlain ou encore les cinéastes Nakache et Toledano, ainsi que des metteurs en scène de théâtre ou chorégraphes.

Le président, survolté, retrousse ses manches, au sens propre, se touche beaucoup les cheveux, joue avec sa cravate et multiplie formules et encouragements : « On doit enfourcher le tigre, le dompter ». Le tigre, c’est le virus, et le monde culturel doit trouver des moyens de revenir sur la scène, d’autres scènes : « Je vais attendre beaucoup de vous », lance-t-il plusieurs fois à ses interlocuteurs. Les intermittents, artistes ou techniciens, payés au nombre d’heures, et qui craignaient de perdre leurs indemnisations en raison de l’arrêt des spectacles, peuvent souffler un peu : leurs droits sont prolongés jusqu’au mois d’août 2021, qu’ils travaillent ou pas.

Une « année blanche », selon l’expression de saison. « Je n’aime pas cette idée d’année blanche », dit Macron (…)

« J’ai besoin de choses qu’ils doivent inventer pour nos jeunes. On a besoin d’intermittents à l’école. Et peut-être même qu’ils feront leurs heures de cette façon », ajoute-t-il avec un sourire.

Pour un été « apprenant et culturel »

Les artistes sont invités à ne pas se considérer en chômage technique mais à partager leurs savoirs, leur expérience, avec les élèves, dès ce mois de mai. A défaut des planches, l’estrade. Et cet été, comme il n’y aura peut-être pas de « colonies de vacances » classiques, a encore dit Emmanuel Macron, le monde de la culture est encouragé à occuper la jeunesse. Car l’été doit être lui aussi « réinventé » (…). L’hôte de l’Elysée veut un été « apprenant et culturel ». (…) Il faut « refondre une ambition culturelle pour le pays. La nation en a besoin ».

« Je ne suis pas tellement un théoricien du drame », a curieusement lancé Emmanuel Macron aux stars et metteurs en scène qu’il voyait sur un écran pour signifier que si la crise avait été « terrible », il préférait penser aux lendemains qui chantent, au sens propre, avec les interprètes, qui poétisent, avec les auteurs, qui mettent en scène le retour de la vie, avec les comédiens.

«On doit inventer une saison hors normes»

Il a annoncé aussi un large programme de commandes publiques pour les artistes de moins de 30 ans, peintres, plasticiens, sculpteurs, photographes… Une idée inspirée du New Deal après la crise de 1929 aux Etats-Unis (…)

Le chef de l’Etat, très littéraire, a cité « Robinson Crusoé » qui, pour rester en vie, n’avait pas « fait de grande théorie sur le naufrage », mais cherché « des outils, du jambon et du fromage dans la cale du bateau » pour survivre. « Il n’y aura pas de saison culturelle comme on les connaissait. On doit inventer une saison hors normes ».

Hors normes (…) Franck Riester apporta quelques chiffres : 50 millions d’euros d’aide pour le Centre National de la Musique, organisme créé en janvier dernier, pour soutenir cette filière, ainsi qu’un soutien supplémentaire — non chiffré — pour les festivals annulés.

Un fonds de solidarité est aussi créé pour les auteurs et artistes, avec un site dédié à partir de la mi-mai où ceux-ci pourront saisir leur dossier pour se faire rembourser les loyers d’un atelier de peintre ou d’un studio théâtral ou d’écriture. Fin avril, ce fonds était doté de 80 millions d’euros.

Enfin, les tournages de cinéma et de télévision reprendront au compte-gouttes en mai, mais surtout en juin. Là aussi, un fonds d’indemnisation public, en lien avec le Centre national du Cinéma et « abondé aussi par les régions », selon le souhait du ministre, doit aider les sociétés de production.

Une bonne nouvelle pour tout de suite? A partir de lundi, librairies, disquaires, bibliothèques, médiathèques, galeries d’art et certains petits musées seront ouverts. Une énumération qui faisait plaisir à entendre.

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/covid-19-et-culture-macron-s-offre-le-premier-role-et-souhaite-voir-les-artistes-a-l-ecole-06-05-2020-8312058.php

(D’après Yves Jaeglé, dans le journal Le Parisien, le 6 mai 2020)

Fort-de-France, le 6 mai 2020