Eau : posons-nous les vraies questions

— Par Edmond Borval —

Le 29 juillet par voie de communiqué, la population du Grand Nord apprenait à l’attention des abonnés des communes du Nord : « Nous vous informons que suite à la présence d’impuretés dans le désinfectant chloré utilisé dans l’eau produite, le principe de précaution impose une interdiction de la consommation de l’eau du robinet pour les enfants de moins de 5 ans et les personnes souffrant de pathologie du système rénal.

Cette restriction d’usage est valable jusqu’à nouvel ordre. La collectivité et la SMDS sont mobilisées pour assurer un retour rapide à la normale et remercient l’ensemble des habitants pour leur compréhension.

Nous ne manquerons pas de vous tenir informés de l’évolution de la situation. »

S’en suivi alors une forte période d’inquiétudes, de questionnements et tout comme le réputé téléphone arabe, l’information circulait tous azimuts perdant un peu de son essentiel. La seule information fut que « l’eau est empoisonnée », le mot pourrait paraître fort mais ce qualificatif ne trouve pas d’équivalence quand on parle de la santé de l’Homme.

Pour ceux qui avaient déjà pour habitude de boire l’eau en bouteille, ce ne fut pas une révélation. Pour les nombreux consommateurs attachés à leur robinet, une belle panique avec comme finalité les ruées dans les commerces pour attraper des packs d’eaux. (…) Nous partons là dans une chasse à la sorcière, ou seuls les plus vieux sorciers passeront pour les coupables oubliant qu’il ne demeure pas moins de distribuer les cartons rouges à un bon nombre.

Nos élus locaux « figurants »

On parlera des békés qui en utilisant ces substances pensaient au rendement, on parlera des différents ministères qui en autorisant avaient choisi leurs camps. Et puis, on parlera de nous pourvoyeurs en eau potable, qui faute de ne pouvoir prendre des mesures restrictives trop coûteuses pour ce grand bassin ont préférer le profit à la qualité. Mais les bourreaux comme au Moyen-Âge, se cachent sous d’épais masques. Ce masque représente nos élus locaux « figurants », qui même après ces découvertes, ne montent pas au créneau avec leurs charrues pleines de nos votes pour en faire nos portes paroles. Loin de là, c’est le silence d’une radio après le passage des avis de décès, en attendant le 22 mars prochain.

J’ai envie de comprendre ce qu’est le Martiniquais en dehors d’être des vaches à lait, des consommateurs de tout et de rien. Il est important de se pencher sur cette triste réalité de fait, il faut vraiment que nous sachions que nous sommes esclaves de notre propre conduite et de nos habitudes à faire l’autruche, en pensant que tôt au tard Zorro ou Zora l’exploratrice viendront pour faire changer les choses.

La SMDS répond à quelle exigence ? A la qualité ou à la quantité ? Pour ma part, ni l’une ni l’autre, chacun fait partie d’une chaîne et la rompre est pas acceptable. Mais il n’en demeure pas moins, que la réalité nous rattrape, vu que depuis des décennies nous faisons rentrer la mort en nous et dans nos foyers. Nous découvrons chaque jour la tristesse de voir disparaître des proches, sans ne comprendre pourquoi ni comment la maladie frappe. Je reprendrais cette adage « maladie gâté vayan ». Pourquoi ? Mon autre questionnement, tient naissance de la parution dans FA du 19 octobre, qui souligne que notre prestataire en eau, n’est pas en mesure de nous assurer une eau saine d’autant que même avec du charbon actif présent dans certains réservoirs, 80 % de ce pesticide se retrouve dans nos eaux. Jeter moi la pierre si je me méprenais à dire, qu’en fait ce communiqué qui n’a pas de forme officielle n’est juste qu’un message passé pour dire aux contestataires « nous avons communiqués ».

Cherchez les vrais coupables…

Cependant, dans la réaction apportée, quels sont les résultats sachant que la pollution est constante et ne peut être endiguée par un ajout de produits. En définitive, sommes-nous destinés à persévérer dans la mort annoncée par des maladies qui force de leur présence quotidienne sont devenues chroniques. De 1990 à ce jour, aucune mesure restrictive. Il est dit que les canalisations d’eaux devraient être changer dans un intervalle de 40 à 45 ans d’utilisation, et changer le réseau deviendrait très coûteux, mais pas autant que tous les produits déversés pour assainir ne garantissent pas la baisse du taux présent dans les eaux, car notons qu’un pesticide s’accroche dans les canalisations. De surcroît la population qui paye très cher un service, n’a nullement été dédommagée par une baisse des factures, c’est plus encore le contraire. Où allons-nous ? SMDS qui est-tu ?

Et que penser des appels au boycott des grandes surfaces en empêchant l’activité, vous trouvez une solution à ce problème vieux de mon aïeule ?

Ne perdez pas de temps à manifester votre manque d’entendement devant des rideaux, car même si le béké fait partie de la machine, pourquoi ne pas aller en bas de la fenêtre de Madame ou Monsieur le Maire, pourquoi ne pas aller au siège de la société des eaux, pourquoi ne pas refuser en masse de payer les factures tant que vous n’avez pas la garantie d’être desservie d’une eau saine ? Posezvous les vraies questions, cherchez les vrais coupables et arrêtez de montrer au monde que l’Antillais est un irréfléchi prêt à tout casser pour au final ne rien gagner. Refusons d’être les marionnettes au carnaval des autres !

Edmond Borval